KATUTURA


vendredi, novembre 27, 2009
 

Entretien entre Steven Sackur, journaliste à la BBC et DangFang :

http://news.bbc.co.uk/2/hi/programmes/hardtalk/8376923.stm

L’émission “Hard Talk” BBC est particulièrement intéressante parce que la personnalité interviewée ne peut en fin de compte que dire la vérité telle qu’il l’a vécue ou telle qu’il la vit ! Du lundi au jeudi, chaque semaine à 15h30, j’écoute ce « parler franc ». Steven explore les méandres de la vie de son invité(e) avec respect, mais sans concession. Pas de langue de bois possible, pas d’évasion. On découvre une personne humaine (qui se laisse analyser) dans ce qu’elle a de faible, de fort, dans son engagement politique, sociale, culturel. On défait des nœuds de contradictions, d’ambiguïtés, de succès, de courage et les fils ainsi dégagés montrent la complexité de l’action…en plus de la conviction que l’engagement pour la justice des uns et des autres est le SENS profond d’une vie. Les 25 minutes de « HARD TALK » écoulées on aimerait que ça continue et on veut en savoir plus au sujet par exemple de Han DongFang, présenté au public le 25 novembre de cette semaine. Je découvre un homme avec une mission, un message d’engagement désintéressé avec la « classe ouvrière » chinoise, mais chez nous aussi. Il est un leader du mouvement de Tiananmen et il était présent les 3 et 4 juin 1989 sur la Place de la paix céleste. Il est un « Labour rights activist » et a fondé le « China Labour Bulletin ».

Il a échappé au massacre de Tienanmen Square, mais a fait 22 mois de prison. Gravement malade – il avait contracté la tuberculose - il reçoit un visa inattendu et peut se rendre aux USA où il recouvrira la santé.
-L’excellent article de Swissinfo du 3 juin 2009, offre de plus amples informations à l’adresse Internet : http://www.swissinfo.ch/fre/swissinfo.html?siteSect=881&sid=10770959 -
Mais dans l’interview de la BBC, les trois points suivants m’ont interpellée, tant les réponses aux questions du journaliste reflètent la sagesse et le pragmatisme d’un homme qui sait ce que signifie lutter pour les droits des ouvriers et en assumer les conséquences !

· Question : « Vous paraissez ne pas avoir gardé de colère ni d’aigreur, ni de haine contre vos persécuteurs et les oppresseurs de votre peuple ? C’est possible ? » · Réponse : « Pourquoi nourrir de la haine ? Lorsque je regarde le fond de l’être humain, tous les êtres humains, nous nous ressemblons beaucoup… » (Mes ennemis et moi, avons beaucoup de choses en commun…cm) · Question : « Vous n’avez pas mentionné le mot « démocratie, pas même une fois, …est-ce possible ? » · Réponse : “Parce que je crois que nous devons d’abord apprendre à discuter entre nous, analyser nos problèmes chercher et trouver des solutions, établir des contrats entre nous au ras des pâquerettes… » (La démocratie peut être un mot vide de contenu si la base reste silencieuse et passive… attendre et prendre conscience…cm) · Question : « Vous ne paraissez pas pousser les ouvriers exploités à la résistance, aux démonstrations, à la révolte… vous avez changé ? » · Réponse : « Le fait est que j’ai été en prison et que je sais ce que cela veut dire… » (Nous connaissons le prix de la lutte et n’avons pas le droit d’exposer les autres à la prison, à la torture ! Même au Zimbabwe aujourd’hui ! cm )

Il y a matière à réflexion! La solidarité avec les chômeurs, la lutte pour les droits des ouvriers, impliquent une solidarité qui accepte les conséquences pour soi et pour tous. En Chine et au-delà. Chez nous aussi.
Le défi est de se poser la question sur les enjeux des relations économiques de nos autorités helvétiques avec la Chine, dans l’intérêt de notre pays…oui, mais à quel prix pour les ouvriers chinois ?