KATUTURA


samedi, avril 19, 2008
 
Au revoir

Parce que les blogs me révèlent des visages, des comportements, des manières de communiquer, des manières de penser, de faire avancer la pensée, j’ai envie de vous dire combien je vous apprécie et combien c’est bon de faire chemin avec vous, des plus proches aux plus lointains si proches !

Je pars demain pour une semaine de retraite. Puis pour deux semaines de vacances ! C’est quoi une retraite ? Pour les sœurs, c’est se retrouver, une vingtaine peut-être, en un lieu silencieux, faire silence, méditer, se laisser inspirer par une personne qui, deux fois par jour, durant huit jours, essayera de vous dire quelque chose qui peut nourrir votre méditation ou non, c’est selon.

Le thème proposé cette année est :
«La résurrection aujourd’hui et, la violence, la souffrance et la mort ne peuvent avoir le dernier mot. »

On écoute les conférences (en allemand) ou on ne les écoute pas, c’est selon. Il n’est donc nullement question de bourrage de crâne, tout au contraire, pour ce qui me concerne, il s’agit de reprendre mon souffle pour mieux me libérer des camisoles de force qu’on endosse ou qu’on essaie de nous faire endosser. C’est selon. Donc je vais prier, comme on dit, mais j’espère que cela ne sera pas du copié-collé, cela serait trahir la fantaisie de Dieu en moi. Le Conseil de Jésus :

" Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment, pour faire leurs prières, à se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu'on les voie. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret. » (Mt 6 : 6,5)



Prier, c’est quoi ?

Ecoutez : "Il (A. Desarzens) en hérita avant tout un goût pour la prospection microscopique des formes et des figures, une passion pour
le vertige de l' infiniment petit - qui, comme on sait,
rejoint par voie mystique l' infiniment grand…".
Et les binoculaires de A. Desarzens "sont devenus
de véritables instruments de prière".

"Par voie mystique l' infiniment petit rejoint l' infiniment grand".
(Chronique de Gilbert Salem, 24 heures, 10.12.05)

Encore du même auteur in « Le Puzzle amoureux » :

« Quand on est une foule en sa propre solitude,
on est une population planétaire.
A l'image du paradis, l'être humain est doué
d'une capacité d'hébergement infinie.»

Prier le cœur ouvert, n’est-ce pas ça l’hébergement ?

Durant ces huit jours « hors espace temps » (presque), la prière évoluera aussi au-delà du tête-à-tête avec Jésus que j’aime nommer de son vrai nom araméen Yeshuah, pour le rejoindre dans sa réflexion. Là au désert comme le montre si bien l’artiste russe Ivan Kramskoy (1872)



Il réfléchissait sur le sens de sa vie en Palestine, sous le joug des romains, sous la férule des « pouvoirs et des dominations ». Il était et vivait du travail de ses mains parmi les artisans, les paysans de sa région.
Il faisait « de l’analyse sociale » comme nous du temps de l’apartheid et aujourd’hui encore !

Quelles sont les causes réelles de l’invasion de l’Irak ?
Les causes réelles de la chasse aux demandeurs d’asile chez nous ?
Les causes réelles, structurelles, des murs construits entre Israël et la Palestine ?
Les causes réelles des murs en construction entre le Mexique et les USA ?
Les causes réelles du silence face à la folie d’un Mugabe ? Du silence criminel d’un Mbeki son ami ?
Les causes réelles de la mise en scène carnavalesque d’un Bush pour célébrer l’anniversaire de celui dont on dit qu’il serait le « vicaire de Jésus »… où ??? au désert de la société italienne à la dérive ? au Golgotha, à la prison d'Abou Ghraib ? à Guantánamo ? à Harlem ? au Bronx ? dans les couloirs de la mort de Houston, Texas ?

Qu’est-ce que Jésus pense de tout cela ? S’Il en trouve les causes profondes, que dit-il ? Que lui dit son ABBA, notre ABBA dans son cœur et le mien ? Pendant ma retraite dans le confortable silence de la Maison-mère ? Mon désert.

Mais surtout, après l’analyse sociale, après l’éclairage de l’Evangile, la Bonne Nouvelle, c’est quoi ? des sermons, des discours ? quelle action pour faire « la volonté de Dieu » concrètement ? Avec qui ? Comment ? Dans quel but ? Quel est notre rêve ? Celui de Jésus le palestinien alias celui de Martin Luther King ? et le rêve de tous ceux et celles qui ont faim et soif de justice en termes de pain, d’eau potable et de dignité humaine ? Qu’a pensé Jésus, sur sa montagne en disant qu’ils étaient heureux, en marche vers la survie, ou la Vie en plénitude ? (Sermon sur la montagne : Mt 5 :1-12) Il leur promet la nourriture, la consolation, le « royaume » dans le langage de son temps, aujourd’hui il dit : Il dit quel type de société en fait ? Un Etat providence ? Une démocratie qui écrase les minorités, les étrangers ? Une Suisse selon l’UDC ?

Jésus se pose la question. Tout seul en prière au désert, tenté par la violence, l’orgueil, l’amitié des puissants. Confronté à la terrible tentation de changer les choses vite et bien et par la violence, Il dira NON ! NON ! NON ! Comme Rosa Parks, Martin Luther King, Steve Biko, Madiba, comme Doris Lessing, comme Rosa Luxembourg qu’on ne saurait nommer et tant d’autres… de nombreux, nombreux inconnus dont seuls leurs familles, leurs enfants, leurs amis se souviennent et qui ont dit NON aux oppresseurs pour nous tous.

Jésus a dit NON pour dire OUI aux gens autour de lui, et bien au-delà de son pays et bien au-delà de son temps.
Il a dit NON à l’autorité dominatrice pour dire OUI à l’AMOUR.

Je penserai à tous les blogueurs que je respecte et que j’aime et qui tissent un réseau d’amitié active à perte de vue …

J’espère, si tout va bien, revenir le mardi après la Pentecôte…et " l’Esprit souffle où il veut, on ne sait d’où il vient ni où il va" (Jean 3 :7-15).




vendredi, avril 18, 2008
 
Porte-toi bien! Aimé Césaire !
So for now, 'hamba khahle' 'go safely'! My Friend!




Annie me disait: “On ne peut séparer la littérature de l’histoire des gens ». A la question :
« Vous êtes fier de votre action politique ou de votre oeuvre poétique ? » Aimé Césaire a répondu :
« Elles vont ensemble. Pendant les conseils municipaux, je m'absentais : pas physiquement,
bien entendu, mais pour écrire en secret. Un beau jour de vacances, j'extirpais les papiers
de ma poche, c'était un poème. Ma poésie est née de mon action. Je n'ai jamais voulu faire
une carrière poétique, … écrire : c'est dans les silences de l'action ».

Je sais qu’il y a eu à Soweto, au plus dur de la lutte, des combattants de la liberté « poètes ».
Nadine Gordimer les encourageait, ce fut le temps de la poésie des townships. Quel feu de Vie !
Puis 1994 et le suffrage universel, déjà l’inspiration faiblit :

"we are free at last…free at last
we are free at last
we are window-shopping baps

en français

" nous sommes enfin libres
enfin libres
nous sommes enfin libres
nous sommes des yuppies noirs qui font du lèche-vitrines
montés sur des chaussures à talons hauts
nous glissons sur du carrelage de marbre
nous patinons, hyper marchons avec les blancs "

Après l'euphorie de la libération, l'heure de la désillusion a donc sonné. Plus rien à dire
quand on croit tout avoir ! Tout ? C’est-à-dire RIEN. On en est là. La couleur de la peau
a changé au sommet de la hiérarchie, mais la pyramide pèse de tout son poids sur les racines :
plus noires qu’avant.

Le souvenir d’un Aimé Césaire, de la révélation lumineuse de la négritude peut raviver ce qui
paraît trop vite passé: « Black is Beautiful ! »

C’est vrai que le mouvement de la conscience noire se déploie au fur et à mesure que l’Afrique
des racines crie NON et NON aux multiples pièges des systèmes capitalistes !

Voici Aimé Césaire :
« Ecoute le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs ! »
Mais Césaire était lucide sur les dérives de chefs africains ivres de pouvoir,
Mugabe aujourd’hui !

Mandela avertissait ses compatriotes sud-africains en 1994: « N’ayez pas peur de ceux et
celles qui s’opposent à vous, ayez peur de votre propre pouvoir ! »
Porte-toi bien! Aimé Césaire !

So for now, 'hamba khahle' 'go safely'!

Souviens-toi de nous…




mardi, avril 15, 2008
 
Place de la Palud…c’est vis-à-vis




C’était tout comme:

«Un p'tit coin d'parapluie
contre un coin d'paradis»


Quatre jours à La Palud, c’est un cadeau
se mêler aux piétons le jour du marché, mercredi
ou bien samedi matin… chez Annie et tous les amis

Ce p’tit quart d’heure vaudois, à quatre, au Raisin
Avec ces deux gars qui’s marrent comme c’est pas possible
Et Zabulon et moi qui sourions sagement

Il pleut, quelqu’un m’offre un p’tit coin d’parapluie
un trou dans les nuage et revoilà le soleil

le parapluie disparaît… et le paradis reste
par alternance

des renoncules

enfin le dernier jour un p’tit tour vers Belmont sur les hauteurs,
je découvre
le partage des rêves, des luttes, des échecs du Jura au Tessin
avec des truffes qui ne demandent qu’une chose:
être mangées puisqu’on les aime

puis revenir vers la Palud, la Mercerie où
le p’tit chien malade attend son médicament et une caresse
pour repartir vers la double crème de la belle Gruyère
et la rue du marché

une expérience humaine