KATUTURA


mardi, juillet 14, 2009
 


Trois visiteurs récents: Sarkozi, Benoît XVI. Obama

PROTOCOLE, SECURITE

Pour accueillir ces trois personnages, nous le savons, des précautions de sécurité minutieuses ont été mises sur pieds. Nous sommes tous des terroristes potentiels ! Aucun de leurs cheveux ne sera touché, leurs pieds resteront immaculés ! Les chefs noirs et blancs se donneront une poignée de main selon le protocole. Un protocole strict comme une liturgie. Tout se passe comme prévu. La foule contrôlée, triée sur le volet. Les visiteurs passent comme une caravane de girafes qui voit loin, très loin ! Leurs pieds foulant foulant le tapis vermeille rouge douteux.
J’ai vécu avec beaucoup d’autres ce genre de visite. Nous regardons le visiteur. SEUL. Lui, de sa hauteur, ne voit qu’une masse, pas une personne. Un mot est permis : BIEN VENUE ! L’hymne au grand et noble visiteur, accompagné des vibrations de l’arrière pays! Des townships, des no-man’s land, des sous-sols de l’humanité. Mais n'allongeons pas .

Sarkozi

Son fameux "discours de Dakar", qui restera dans les annales pour les tirades à propos de la colonisation et de ses bienfaits, mais aussi de "la part de responsabilité de l'Afrique dans son propre malheur. « Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès (…) Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin" !!! Dixit Sarkozi.
Souvenons-nous qu'en décembre 2007, il a reçu le titre de chanoine du Latran après une audience avec Benoît XVI. Donc la parole de Sarkozi a dès lors, le poids et la bénédiction romaines. Même quand il l’assène aux africains ! Sur leur territoire.

Benoît XVI

En mars 2009, il se rend au Cameroun et en Angola. Top priorité: la sécurité obligatoire pour protéger le vicaire du Christ crucifié. La sécurité, soldats, policiers, papa mobile blindé d'une part, et les moyens de bord pour acheminer les petites gens à coups de camions pour en faire une foule cloîtrée dans un stade. Deux jeunes camérounaises ont été piétinées à mort en sortant du lieux. Le visiteur a envoyé ses condoléances. RIP.
Avec sa meilleure volonté « missionnaire » d’antan, Benoît XVI moralise dans l’avion déjà, les journalistes ne demandent pas mieux ! Où est l’exacte vérité de ses propos sur le SIDA ? Difficile d’être sûr. Mais l’excellente revue « le Courrier International » écrit : http://www.courrierinternational.com/article/2009/03/18/benoit-xvi-fait-mal-a-l-afrique
Un moralisme hanté par la problématique de la sexualité! « Le corps de la femme reste encore pour cette Église un réceptacle passif de la semence masculine, un canal des naissances obligatoires, marqué du principe biblique de la maternité comme souffrance. L'âme d'une fillette brésilienne ou d'une femme camerounaise est moins importante que celle d'un évêque antisémite et négationniste ». Ma question personnelle: mais pourquoi dire ces paroles au peuple africain qui est en train de l'accueillir, face à ce peuple riche de sa propre culture, sur le sol africain foulé par les mâles européens qui ont créé une race métis??? Pourquoi ne clame-t-il pas son souci bien compréhensible à l'Italie et aux oreilles de Berlusconi et consorts dans les environs du Vatican? Est-ce qu'il réalise la confusion, les douleurs , les violences et le renforcement de la domination mâle sur les femmes africaines? Y compris les Soeurs? Dont il vantera en Angola le dévouement et les services rendus. Au bon Dieu.


Oh ! Benoît XVI s’est exprimée sur d’autres sujets, la justice, le développement, la dignité humaine. Des généralisations, des abstractions qui appellent certes, la mise en place de nouvelles structures pour concrétiser la théorie. Aucun exemple concret n’est donné. Oui, des « missionnaires ont fait de bonnes choses » (donc l'Église, précise le pape) mais sans interpeller les chefs d’états ! Y compris les autorité de la Curie romaine: Voyez le sort des théologiens prophétiques au Cameroun ! Jean-Marc Ela que j’ai eu la grande chance de rencontrer, mort en 2008 :
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=24209

Il était la voix de la foi des petites gens en leur créateur. ! Comme le fut Baba Simon le prêtre noir : « Baba Simon est l'Évangile de Jésus-Christ mis en pratique. » http://babasimon.com/HEBGA.htm

On ne les mentionne pas durant cette visite papale !!


Angola voisine de la Namibie : une ancienne colonie portugaise avec une Église catholique et prosélyte, qui se libère, à force de sang en 1975. Les Angolais ne désirent qu’un peu de justice, du pain et de l’eau pour tous ! Mais impossible de construire la justice sur des rails d’un capitalisme occidentale qui se dit chrétien! D’où l’UNITA (Le fameux mouvement de l'unité pour l'indépendance totale de l'Angola et son dictateur SAVIMBI soutenu par l’ancien régime colonial, et encouragé à poursuivre « les conflits à basse intensité » de Ronald Reagan. On sème des milliers de mines anti-personnel qui rapportent aux fabricants et tuent les civils! A ma connaissance le passé de l'Église portugaise et son rôle colonisateur n’ont pas été évoqués en Angola par son illustre visiteur! Benoît dit: « L’amour divin qui vient à bout de toute résistance humaine et rend possibles même le pardon et l’amour pour les ennemis ». On en perd le souffle ! Vous les pauvres : pardonnez ! Pardonnez QUI et QUOI ! Qui pèche contre QUI ? Qui doit implorer le pardon à qui ? Le pape demande-t-il aux puissants et aux riches de demander pardon et de se convertir ? Structurellement, concrètement ? « Va vends ce que tu as, donne-le aux pauvres… » (Matthieu 19:21) L’évangélisation du pardon, cela s’adresse à qui ? aux riches ?, aux pauvres ? Aux affamés aux amputés par les mines ? Est-ce que la dernièe encyclique de Benoît aborde l'obligation de demander pardon et de restituer ce que l'Occident à volé à la terre africaine. Que dirait Jésus?

Obama
En Afrique

Ce leader participe à la rencontre du G8 en Italie à l'Aquila ! Ces chefs d’états ont-ils visité les victimes du tremblement de terre, blottis sous leurs tentes et dans leurs ruines ? Avec Berlusconi et Carla Bruni ?
Obama se rend ensuite à Rome pour une visite au chef du Vatican, Benoît XVI. Après une bonne demi heure en tête à tête, on procède à l’échange de cadeaux. Le président américain offre au pape une étole qui a un temps recouvert la dépouille du premier évêque américain sanctifié, John Neumann : (L’étole est le signe par excellence de la prêtrise)
Benoît XVI, remet à son hôte un exemplaire en cuir de sa dernière encyclique "Caritas in veritate" (la Charité dans la vérité), publiée mardi, et le document "Dignitas Humanae" publié par le Vatican en décembre. Le professeur offre son savoir. « C'est ce dont nous avons discuté plus tôt », souligne Barack Obama, qui a plaisanté: "J'aurai de la lecture en avion". Deux hommes, deux approches.

Obama rayonne l'esprit de notre Mandela «L'avenir de l'Afrique appartient aux Africains eux-mêmes», mais il ne sera prometteur que si ceux-ci réalisent que «le développement dépend de la bonne gouvernance», clame Barack Obama au Ghana.

Il dénonce la corruption, les guerres tribales, les régimes autoritaires qui, s'abritant derrière les legs du colonialisme, bafouent les libertés. Il évite cependant toute allusion au néocolonialisme et au rôle que les USA ont joué dans la mondialisation. Et les Africains ne sont pas dupes même s’ils gardent le sourire. Obama veut faire accepter son africanité. « J’ai du sang africain dans mes veines, dit-il »

«L'indépendance n'est pas une fin en soi. C'est à nous maintenant de prendre en main notre destin, le changement ne peut venir que de nous »

« Yes you can ! Je vois l'Afrique comme une part essentielle de notre monde interconnecté.» «Il est aisé de montrer du doigt et de blâmer les autres. (…) Mais l'Occident n'est pas responsable de la destruction de l'économie zimbabwéenne au cours des vingt dernières années, ou des guerres dans lesquelles des enfants sont enrôlés comme combattants » «Vous avez le pouvoir de demander des comptes à vos dirigeants et de bâtir des institutions au service du peuple. Vous pouvez vaincre la maladie et mettre fin aux conflits et tout changer de bas en haut. Vous pouvez le faire. Yes you can !»

Obama n’est pas paternaliste. Je ressens avec reconnaissance qu’il parle avec des adultes, des Africains, des partenaires complémentaires pour créer un autre monde. Il respecte la dignité de chacun, sans illusion, et il apprend d’eux ce qui lui manque de sagesse et offre sa jeunesse et son charisme aux couleurs d’arc-en-ciel aux gens qu’il rencontre. On ne se repend pas d’avoir espéré, même si rien ne promet le succès !