KATUTURA


samedi, novembre 01, 2008
 
Méditation dominicale (2)



Jour des morts

« Leur regard me contemple…Leur tendresse sentie, c’est l’ange gardien ! »

Questions :

Le regard d’un enfant assassiné, celui des victimes de la faim, de la soif, de la prostitution, celui des suicidés, des exécutés contemplerait-il les coupables ? Le plus terrible, c’est que les systèmes protègent les vrais responsables qui restent invisibles ! Contempler qui dès lors ? Pardonner à qui ?

La tendresse des « Saints Innocents post modernes » n’a que Jésus enfoui dans leur plus profonde pureté pour contempler et pardonner.

La capacité de tendresse et de pardon de Jésus, si seul dans nos déserts habités, est un mystère, identique à sa capacité d’aimer.

« Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à manger; s’il a soif, donne-lui de l’eau à boire.
Car ce sont des charbons ardents que tu amasses sur sa tête, et l’Eternel te récompensera. »

( Prov. 25 :21-22).


Jésus avait appris les Ecritures, y compris le proverbe ci-dessus. Mais Il va bien au-delà en s’identifiant
aux victimes des ennemis, debout face aux systèmes injustes. Par exemple : Dietrich Bonhoeffer et les gazés, Oscar Romero et les opprimés du El Salvador, des milliers de par le monde qui occupent notre pensée ce 2 novembre 2008, Jour des morts. C’est-à-dire des vivants.


Dans les églises catholiques, un lumignon brûlera en souvenir de chaque personne décédée durant l’année. C’est une tradition et c’est bien. Mais l’Eglise catholique, « universelle » dit-on, donc sans frontières selon l’adjectif, pourrait allumer un lumignon pour chaque mort en Irak, en Afghanistan, au Soudan, dans les banlieues de Paris, les taudis de Johannesburg, en oubliant aucun de nos frères en humanité. Une immense promesse de Vie illuminerait notre terre…car c’est dans la mort que la Vie brille
de tous ses feux.

Le changement est en marche et les morts-vivants nous indiquent le chemin. Avons-nous peur qu’ils ne manifestent quelque chose qui nous inquiète ? Comme l’abandon des armes, des armées, des trônes et des dominations ?
Anecdote : C’était dans un township du Cap nommé Maitland. Le dimanche, la petite église vétuste était bondée ! La Jeunesse étudiante et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JEC et JOC) se retrouvaient pour
la journée et animaient la liturgie eucharistique. Avec bonheur, je faisais partie de ces jeunes et nous
étions chargés des chants ! Un dimanche nous avons trouvé, appris, décidé de chanter ce cantique irlandais du 15ème siècle (en anglais bien sûr !) qui fait chanter Jésus Christ crucifié :


Le Seigneur de la danse

« Je dansai le matin, lorsque le monde naquit,
Je dansai entouré de la lune, des étoiles, du soleil,
Je descendis du ciel et dansai sur la terre,
Et je vins au monde à Bethléem.

Dansez, où que vous soyez,
Car je suis le Seigneur de la danse
Je mènerai votre danse à tous, où que vous soyez
Où que vous soyez
Je mènerai votre danse à tous.

Je dansai pour le scribe et pour le pharisien,
Mais eux n'ont voulu ni danser ni me suivre
Je dansai pour les pêcheurs, pour Jacques et pour Jean:
Eux m'ont suivi et ils sont entrés dans la danse.

Je dansai le jour du sabbat,
Je guéris le paralytique,
Les saintes gens dirent que c'était une honte...
Ils m'ont fouetté, m'ont laissé nu,
Et m'ont pendu bien haut, sur une croix,
Pour y mourir.

Je dansai le vendredi, quand le ciel devint ténèbres
Ils ont enseveli mon corps, et ont cru que c'était fini,
Mais je suis la danse et je mène toujours le ballet.

Ils ont voulu me supprimer,
Mais j'ai rebondi plus haut encore,
Car je suis la Vie, la Vie qui ne saurait mourir.
Je vivrai en vous, si vous vivez en moi,
Car je suis le Seigneur de la danse...

(Sydney Carter poète anglais du XIIIe siècle)

http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1571

Ce chant choisi par la Jeunesse JOC et JEC, choqua profondément le prêtre, les consœurs et une
poignée
de fidèles. C’était profane, irrespectueux nous a-t-on reproché à haute voix.
Qu’attendait-on de nous ?

Nous avons continué de chanter « le Seigneur de la Danse » hors les murs de l’église. La Vie,
parfois,
fleurit hors les murs et certainement hors les tombeaux.