KATUTURA


vendredi, mai 23, 2008
 
De Londres avec Doris Lessing au Jura : on garde le Cap !

Fête Dieu : férié ou pas férié…



Quelle audace direz-vous ! D’accord ! Pourtant voilà, la pensée de Lessing me conforte et me réconforte et voilà pourquoi je reviens toujours à sa plume pour me faire plaisir, trouver un soutien, une critique, une espérance, un repère de cette grande dame du Peuple qui ne change pas de Cap.

Aujourd’hui, ce 22 mai 2008, de 9h00 ce matin à 9h00 ce soir, grâce à Brunella mon amie, j’ai fait un pèlerinage au Jura. En voiture alors qu’augmente la benzine au litre !
De la Gruyère en passant à côté de Fribourg la catholique-férié, à Berne la non-catholique-au travail, en traversant Bienne, Moutier, Jura-sud non-catholique-au travail, sans manquer Reconvilier et La Boillat dont nous longeons les murs !!! en traversant la frontière inexistante à Moutier pour entrer dans mon Jura natal nord catholique-férié…là ! Tout ça, d’abord, parce que c’est la Fête Dieu.

La Fête Dieu, la fête du Bon Dieu donc, cela fait partie d’une tradition : le prêtre, quand il est là, promène Dieu sécurisé dans une monstrance dorée - un peu comme le pape dans sa pape-mobile – il le promène dans les rues, il est accompagné de petites filles qui jettent des fleurs, des fanfares qui jouent…à Fribourg, sans oser l’affirmer, je crois bien que les autorités militaires sont de la partie. Au Jura, pas !

Dans les zones protestantes non fériées donc, les gens travaillent et le Bon Dieu se promènent incognito dans les salopettes des ouvriers et les tabliers des caissières de la Migros. Heureusement qu’il est vaste comme l’Univers notre Créateur adoré. Mais le voir fêté d’une manière un petit peu exclusive quand même ne me gêne pas trop. Au contraire, il connaît l’art de souffler où Il veut, de s’évader, Abba.

J’ai humé l’atmosphère de ces régions…Puis en dévalant ces gorges de Moutier vers Delémont, j’ai humé l’âme de mon pays natal. C’est quoi l’âme du Jura ? C’est comme une espèce de sève qui vous monte de la plante des pieds au cœur. Une douce ivresse… un peu d’ironie aussi à certains soubresauts de notre âme paysanne retrouvée, comme Hilaire Belloc le ressentait lors de son Pèlerinage à Rome lorsqu’il passait par Undervelier et avait l’affront de dire que mes grand-grand-grand-papas et mamans parlaient un allemand incompréhensible, leur front courbé sur une bêche, et labouraient un carré de terre dure en oubliant de le saluer…en anglais bien sûr ! “ The Path to Rome (1902) “.

L’âme jurassienne, c’est le cœur qui bat un peu plus fort, c’est cette tendresse rugueuse au fond des yeux des vieux amis que l’on retrouve. Des regards marqués par la vie ! Les naissances, les deuils.



L’âme jurassienne, Oh ! c’est la truite dans votre assiette, une truite au bleu s’il vous plaît et qui vous glisse voluptueusement…dans l’estomac ! Je n’en n’avais plus goûté depuis plus d’une année. L’âme jurassienne, c’est Chantal qui me dit : tu te souviens d’Emilie ? Elle a deux enfants. Elle fait encore de la politique. L’UDC, Oh ! la la !!! Mais on fait encore toujours partie d’Une Suisse sans Armée ! Et toi ? Moi ? Comment donc ! L’âme Jurassienne, elle passe entre les tombes où « l’herbe pousse plus drue sur les champs de bataille ».
Car notre âme jurassienne garde son ardeur je crois, je l’ai ressentie aujourd’hui, elle garde le Cap.
Le Cap vers un monde en construction. Les ouvriers, c’est nous.