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dimanche, décembre 02, 2007
1er décembre 2007 Journée mondiale du SIDA Un fait en Afrique du Sud Le travail de ma consœur Rita consiste à visiter les écoles rurales dans la Province au nord de Johannesburg, une large étendue entre la capitale provinciale, Rustenberg et Sun City, bien connu des joueurs de sous, des organisateurs de concours Miss World, des amateurs d’or, de sexe et de roulettes… ignorants, semble-t-il, des milliers d’orphelins sidéens qui agonisent et meurent dans les villages et townships de la périphérie. D’une école à l’autre, Rita rencontre les enfants et leurs parents, quand ils en ont encore, et les enseignants. Elle écoute, observe, essaye de partager son savoir-faire professionnel et son amitié. Enseigner, éduquer, s’affirmer face aux nombreux systèmes – toujours grevés d’injustices - en place sous le nouveau régime comme sous l’ancien. On est loin de la parole de saint Augustin: «La gloire de Dieu est l’homme debout!» Rita voit des milliers de petits orphelins sidéens rampant à même le sol, assis dans le sable des chemins, se traînant dans les huttes, hors des huttes, parmi les chats, les chiens, les chèvres et le fourmillement d’insectes. Ces petits agonisent dans d’atroces douleurs. Mort, le petit cadavre, enveloppé d’un bout d’étoffe sera enfoui dans la terre où des milliers d’autres vont le rejoindre au fil des jours. Rita a vu leur regard d’enfant posé sur la société. Elle rencontre Nothombe (nom d’emprunt) une enseignante africaine, mère de famille qui, elle aussi a perçu ces regards insupportables des enfants agonisants. Où est la dignité humaine? Nothombe a décidé de quitter l’enseignement, de renoncer à son salaire, de rassembler dans sa petite maison une vingtaine d’orphelins sidéens pour s’en occuper, sans faire de différence avec ses propres enfants non contaminés. L’approche est holistique, il s’agit d’atteindre le corps, le cœur et l’intelligence des petits orphelins. Chaque jour un peu de toilette, une natte propre, du porridge si possible sucré et quelques gouttes de lait pour le corps. Pour l’intelligence: des chansons, un peu de tam-tam, des mélopées africaines, des jeux, des crayons de couleurs et des bouts de papier, des petites pierres rondes. Pour la sensibilité: la tendresse, les caresses, un sourire pour un cœur d’enfant en dérive! Condamné à mort… Rita revient trois semaines plus tard, elle trouve les petits sidéens, certes toujours malades, mais dignes et heureux, souriant même, en dépit des spasmes d’un corps qui s’effrite. Rita me dit: «Ils ressemblaient à des fleurs flétries que quelques gouttes de pluie auraient fait revivre!» On sait que l’accès aux médicaments est quasi nul, on est au courant de la déplorable politique de la santé, d’autant plus que cette région se trouve dans une zone rurale particulièrement délaissée. La minivie des minisidéens s’éteint comme une petite bougie lumineuse consumée jusqu’au bout. Nothombe, ses voisins, des amis font des miracles. On partage le peu qu’on a et on prolonge d’un mois, de six mois peut-être, le droit des enfants à mourir dans la dignité humaine. Améliorer les méthodes et les campagnes de prévention de la maladie? Oui. Prendre conscience du rôle des firmes pharmaceutiques d’une part, confronter la quasi-indifférence du gouvernement actuel face à la tragédie de son peuple d’autre part? Oui. Créer un réseau de solidarité pour la vie des petits et leur droit à mourir dans la dignité? Cela se fait au ras des pâquerettes. Les médias n’en parlent guère. |