KATUTURA


mardi, mai 15, 2007
 
Visite au Brésil
Gaudium et Spes



C’était en Afrique du Sud, dans les Cape Flats, ou, si vous voulez, les favelas du Cap.
Des enfants faméliques venaient à la Mission Saint François. J’étais responsable de la Catéchèse.
Au programme : enseigner aux enfants la manière de « se confesser avant de communier ».
Confesser quoi ? des péchés. C’est quoi un péché ? C’est voler, mentir, se battre, tuer ?

J’avais eu une discussion laborieuse avec le prêtre « responsable ». Ma question :
« communier, c’est quoi ? Se confesser, c'est quoi quand on a faim et soif? »

Il ne comprenait pas ma question, cet ecclésiastique, ou plutôt il ne comprenait pas qu’on questionne un ordre établi par les autorité ! Il était plutôt malheureux qu'aggressif!

Il dit : « Avant de recevoir le Pain du Ciel , l’âme doit être purifiée par la confession des péchés ! »
Je lui dit : « Qu’est-ce qui est le plus urgent : nourrir un enfant d’abord, et le nettoyer (to clean) ensuite ?
ou le contraire ? »

Le prêtre s’énervait, les enfants m’attendaient. Je suis retourné vers eux. Un à un ils venaient me dire
avec des grands yeux rayonnant de vérité qu’ils avaient volé et qu’ils avaient menti. Ils avaient volé des pommes, des bouts de brioche aux étalages des trottoirs ou ailleurs et ils avaient détallé pour manger
ou cacher leur butin. Tout comme Oliver Twist, vous connaissez?

Questionnés par certains qui les avaient vu voler : ils juraient que Non ! Parfois ils se faisaient battre. Ils regardaient ces bouts de pain qui allaient permettre aux petits frères et sœurs de ne pas mourir de faim…
et moi je pensais : voilà le pain du ciel !

J’ai dit à mes petits amis : vous en faites pas. Si vous avez faim prenez! mais surtout ne vous faites pas prendre !
Dans la Boîte, on va dire qu'on a volé, menti, emmerdé quoi puisque le confesseur attend cela...

Ils sont donc passés par « la boîte à confession » plus tard. Le prêtre a été satisfait du fonctionnement
de la mécanique sacramentelle. J’étais dans un coin à attendre mes gosses et je guettais d’un coin de l’œil
leur sortie de la « boîte ». Ils en sortaient avec un petit sourire de travers et leurs grands yeux ensoleillés
de vérité, ils venaient s’asseoir près de moi, et je disais… on va dire ensemble « notre Père…
notre pain avec Jésus ».

Idem dans les favelas au Brésil. Aux Philippines, ailleurs...! Les enfants ramassent sur les dépotoirs
de Rio des crottes de pain, des crottes de toutes sortes, empoisonnées parfois. Ils mangent, ils meurent,
ils rapportent des restent à la maison…

Des enfants sans père, des paysans sans terre...

et voici qu’un Monsieur arrive de Rome
et sous l’œil protecteur des armées du ciel et de la terre, le souverain pontif clame ce qu’on ne doit pas faire et ce qu’on doit faire ! Pas de politique surtout, pas de confrontations sociales surtout.

« On va en finir avec les théologiens et leur théologie de la libération ! » On va dire aux riches de partager
et de rester riches, forts et généreux et aux affamés « qu’ils sont bienheureux car le royaume des cieux est à eux » qu’ils soient pauvres, soumis, obéissants et. Surtout qu’ils croient de tout leur cœur au « pain du ciel ».

Je suis cynique ? Les pauvres me diront Non et les riches me diront peut-être Oui. Allez savoir.

Mais je me dis que les gens de Rome auraient pu relire la vie de Martin de Porres




et celle de son confrère dominicain: de Bartolomé de Las Casas




Pour se redonner du courage:
quand il est insoutenable de voir une Eglise trahir Jésus par son faste et son pouvoir, il est bon de revenir
à ces quelques paroles de « Joie et Espérance » (Gaudium et Spes), un texte encourageant
et plein de sagesse de Vatican, un texte qui respecte la créature et le Créateur

Dignité de la conscience morale: Gaudium et Spes No 16

« Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela. » Car c'est une loi inscrite par Dieu
au cœur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera (9).

La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul
avec Dieu et où Sa voix se fait entendre (10). C'est d'une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s'accomplit dans l'amour de Dieu et
du prochain (11). Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux
que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale ».