KATUTURA


mercredi, mars 21, 2007
 
Jésus



Ce que je dis n’est qu’un balbutiement. Et je m’excuse de parler à la première personne ! Mais c’est comme ça : Jésus m’a fascinée quand j’étais enfant dans une famille de huit, plus la famille élargie au-delà des frontières, plus le va-et-vient des passants parfois d’outre mers !

Je crois que notre « excellent régent » à l’école du village, que l’exemple de la vie quotidienne des parents dans cette région rurale, que la contemplation de la nature de jour comme de nuit, m’ont mise sur la route de Jésus de Nazareth. Les prêtres (quoi que de bonnes gens) n’en parlaient presque pas ! Ils enseignaient les 10 commandements, les sept sacrements, un Dieu en trois personnes qui juge, qui punit.

Respectueux, les parents et les aînés ne disaient rien au sujet de l’enseignement et du catéchisme « à savoir par cœur ». Mais ça me gênait : la pratique aimante de mes parents ne correspondait pas à la rigidité dogmatique de l’église !

Comme Jésus au Temple, je me suis mise à fureter, à questionner, à lire, non des choses érudites, mais tout ce qui tombait sous la main notamment les innombrables revues missionnaires, racontant des histoires des quatre coins du monde, et que papa et maman soutenaient financièrement à longueur d’années !

Jésus était chez nous, incognito peut-être, mais fascinant, attachant, attirant… en la personne de mon « petit frère » Jean dont le regard pur dénonçait la plus petite injustice ! Jean le bien nommé, le bien-aimé, le précurseur, le révélateur de Jésus ! Il se souvenait de tout, il questionnait tout, « il gardait toutes choses en son cœur » comme Marie de Nazareth et les ressortaient en temps propice !

Mais revenons à Jésus aujourd’hui, inspiré de « Jesus Today » de ce grand homme qu’est Albert Nolan !

Notre Jésus, parlant le dialecte araméen, a donc vécu dans une société juive sous l’influence et le contrôle de l’empire romain, des cités grecques avoisinantes. Ce qui signifie que les riches, les « Hérodes », les Sadducéens et leurs Grands Prêtres, les anciens, les riches propriétaires fonciers, les chefs du sanhédrin (le tribunal religieux et politique), les professeurs, les docteurs de la Loi,
les pharisiens d'origine bourgeoise, Pilate et ses officiers… cette société-là vivaient dans le luxe et, parfois la débauche rie. Ils dominaient, exploitaient, taxaient la populace. Parmi les plus méprisés de cette couche sociale: les femmes et les enfants ! Mais nous y reviendrons !

Le regard de Jésus adolescent se pose justement sur son entourage peuplé de paysans, de petits artisans. Puis, à 12 ans, il découvre le vaste monde lors du voyage obligatoire de Nazareth à Jérusalem, à pied, soit un parcours de 110 kilomètres ! Et il en aura entendu des choses, chemin faisant… Il devait se rendre au Temple pour y subir le rite « des nouveaux fils de la loi ». Il avait l’âge ! Un espèce de « confirmation » !

Ils arrivent à l’immense Temple dont les enceintes pouvaient contenir plus de deux cent mille fidèles à la fois ! Quelles structures, quelle architecture pour l’apprenti charpentier qui savait ce qu’était un angle droit! Il se sentait dominé de bien haut ! Les pèlerins ruraux se sentaient très petits.

Au temple, un premier choc pour Jésus: sa maman doit aller avec les femmes dans la galerie qui leur revient…. Pourquoi cette mise à part ? Cette ségrégation hommes femmes alors qu’à la maison la famille était unie sous un même toit !

Un choc encore : les « prêches » des Docteurs de la Loi imposant un Dieu des armées, un Dieu collectif qui juge, un Dieu courroucé, un Dieu qui punit !

C’est ça le Père céleste alors que son père Joseph est la bonté même ? Jésus est écœuré. Le Dieu qui grandit en son cœur est tout autre : c’est l’Amour…l’Abba il en a fait l’expérience chez lui, dans sa famille, dans son village.

Encore un choc et qui le traumatisera : « le bruyant jargon, les éclats de voix et les jurons se mêlant confusément aux bêlements de moutons et aux babillages bruyants, trahissant la présence des changeurs, des marchands d'animaux propitiatoires et des vendeurs de diverses autres marchandises… »

L’adolescent regarde : la mise à mort des troupeaux d'animaux, les ablutions à la fontaine de bronze pour laver le sang des mains des prêtres sacrificateurs. Les taches de sang sur le dallage, les mains ensanglantées des prêtres et les cris des animaux mourants dépassent ce que peut supporter ce garçon amoureux de la nature. Ce terrible spectacle l’horrifie ! Il sent la révolte gronder en lui !
Il prend conscience qu’il devient « trop rapidement » adulte !

Jésus n’est pas un adolescent docile quand il s’agit d’injustice criante qui saute aux yeux : il s’en va, seul, et cherche les endroits où des professeurs, des Docteurs de la Loi sont en train de cogiter ! Il a plus de chance qu’il n’aurait aujourd’hui, seul, au Vatican : il s’approche de plus en plus. Il regarde, il écoute. Puis, sans y être invité, il pose des questions !



Intelligent, ce garçon, ont dû se dire ces hommes ! Ils ne l’ont pas chassé ! Peut-être certains d’entre eux étaient-ils même intrigués qu’un tout récent « fils de la Loi » s’intéresse à eux en les regardant droit dans les yeux !
On ne connaît ni les questions ni les réponses ! Mais, à partir des actions et des paroles de Jésus durant ses trois années de Mission, il n’est pas difficile de se faire une idée de ce qui, adolescent, occupait son esprit. Je crois vraiment que Jésus a su, là, face à ces autorités religieuses, ce à quoi son Père, son Abba l’appelait : proclamer, par son vécu, ses actions et son enseignement que Dieu, le créateur veut que les gens soient libres, heureux, debout !

Pour accomplir sa Mission, Jésus a mis les valeurs de sa société sens – dessus dessous… Si Jésus était ici aujourd’hui, il ferait exactement ça !

Quelles valeurs ?

· L’économie, l’argent : l’accumulation du Capital
· Le prestige et le rang: chacun occupe une place précise dans l’échelle sociale
· La solidarité et étroite identité de groupe, de race, de classe
· Le Pouvoir