KATUTURA


mardi, octobre 18, 2005
 

Le 17 octobre 2005 : journée mondiale contre l'exclusion:

Journée mondiale du refus de la misère:
la détresse et l'exclusion aussi chez nous!

Entrer en résistance contre la pauvreté et l'exclusion sociale, tel est le thème choisi
cette année en Suisse pour la Journée mondiale du refus de la misère qui a lieu
le lundi 17 octobre 2005. Les sans voix prennent la parole
"la pauvreté n'est pas seulement présente dans les pays du Tiers Monde,
mais aussi chez nous, elle n'est pas une fatalité.
Lutter chaque jour pour vivre dans la dignité pour survivre, pour vivre."



A Lausanne, les "pauvres", de Lausanne, de Renens, des environs, se sont réunis
à la Place Saint François pour marquer cette journée. Caritas, ATD Quart Monde étaient présents avec eux. Peu de personnes en fait, s'arrêtaient pour parler, s'informer.
Les "pauvres" discutaient entre eux et avec les quelques rares visiteurs,
sympathisants, curieux. On nous offrait une soupe à la courge, délicieuse et chaude
avec des petits pains qu'un généreux boulanger de Renens avait offerts.

Nous avons parlé. J'ai beaucoup appris. Les pauvres parlent plus volontiers
quand on se trouve à deux ou à trois, que devant des foules.
Plusieurs choses m'ont frappée:

* Leur gêne, la honte presque de faire partie des pauvres
* Le peu de questions sur les causes de la pauvreté
* Les rancœurs envers l'Assistance sociale, pingre et humiliante
* L'appréciation des quelques paroles que Samuel Schmit sur le sujet de la pauvreté
* L'absence totale (selon ce que j'ai vu) de demandeurs d'asile, d'étrangers,
et de personnes engagées à faire valoir leurs droits
Nul indice de solidarité entre "les Suisses pauvres" et les "pauvres" étrangers

* Les pauvres avec qui j'ai parlé hier ne veulent surtout pas de l'adhésion
de la Suisse à l'Union européenne; ils ressentent l'attention portée par les media
aux demandeurs d'asile; ils apprécient la politique de C. Blocher concernant "la Suisse".

Nous n'avons pas débattu car rien de tel n'avait été programmé.
Mais je me suis souvenue d'une espèce de solidarité naissante entre les Suisses
appauvris par le chômage ou par d'autres circonstances, et les demandeurs d'asile
vivant dans la précarité. C'était il y a dix ans dans un local que la ville de Lausanne
avait prêté aux amis de Sœur Denise Marie, de la Paroisse Notre Dame.
Chaque jour, dès 18h00, des magasins apportaient dans ce local, leurs "restes":
pain. légumes, fruits. Des gens pauvres, ayant besoin de nourriture, venaient,
s'asseyaient sur des bancs et parlaient entre eux. Eux, c'était des Suisses,
des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants, et c'était des étrangers,
des Africains, des Sri Lankais, des Kurdes, des Libanais. On parlait de choses
qui nous concernaient les uns et les autres, des choses de la vie quotidienne,
en Suisse, à Lausanne, à Brazzaville, à Beyrouth ou à Colombo.
En attendant notre tour de recevoir les "restes" des grands magasins,
des liens de solidarité unissaient les uns et les autres.



Sr Denise Marie est partie à cause de son grand âge. Elle avait tout donné!
La paroisse a laissé tomber le projet de ces rencontres autour des "restes" et
des surplus des grands magasins et le fossé entre les Suisse pauvres
et les pauvres étrangers ne cesse de s'agrandir.
Je l'ai vu hier à la Place Saint François.

Comment reprendre les rencontres entre les Suisses "pauvres"et
les "pauvres" étrangers en vue d'une lutte commune
contre les causes de la pauvreté?