KATUTURA


mercredi, avril 20, 2005
 
Conclave au Vatican

Les siens ne l'ont pas reçu

Leonardo Boff
(adaptation française C.M.J) 20.04.05



Les Cardinaux de l'Église catholique arrivaient de toutes les parties du monde,
chacun portant les angoisses et les espoirs de son peuple, martyrisé par le SIDA, tourmenté
par la faim et par la guerre. Ils arrivaient au siège de Pierre pour choisir un nouveau Pape. Obéissant au rite, ils se sont réunis en un conclave pour prier et examiner l'état du monde
et de l'Église et pour considérer, à la lumière de l'Esprit de Dieu, lequel parmi eux
serait le plus apte à accomplir la difficile mission de "confirmer les frères et les sœurs
dans la foi". Tel était le mandat que le Seigneur avait donné à Pierre et à ses successeurs.

Alors qu'ils étaient déjà là, enfermés et isolés du reste du monde, voici qu' apparaît
un Monsieur qui, par sa manière de s'habiller et la couleur de sa peau, avait un air sémite. Il est arrivé à la porte de la Chapelle Sixtine et a dit à un des cardinaux qui arrivait en retard :
"puis-je entrer avec Vous, parce que tous ces Cardinaux sont mes représentants et j' ai un besoin pressant de parler avec eux".
Le Cardinal, pensant qu'il s'agissait d'un fou, a fait un geste d'irritation et il lui a dit avec une espèce de bonté : "cherchez une solution à votre problème avec les gardes suisses".
Alors, l'étrange Monsieur s'est adressé calmement à un garde suisse et il lui a demandé :
"puis-je entrer pour parler avec les cardinaux, mes représentants ?"
Le garde l'a regardé du haut en bas, en ne donnant pas crédit à ce qu'il a entendu.
Il était perplexe et il lui a demandé de répéter ce qu'il avait dit. Et le Monsieur l'a répété.
Le garde, avec un certain dédain, lui dit : "n'entrent ici que les cardinaux, et personne d'autre". Mais cet homme énigmatique a insisté :
"mais je viens de parler avec un cardinal et puisque tous
sont mes représentants, j'ai le droit d'être avec eux".



Le garde suisse, on peut le comprendre, a pensé qu'il était devant un de ces paranoïaques
qui se prennent pour César ou Napoléon. Il a appelé le chef des gardes qui avait tout entendu. Celui-ci prit l'homme par les épaules et il lui dit d'une voix altérée :
"ceci n'est pas un hôpital psychiatrique. Seulement un fou peut imaginer que les cardinaux sont ses représentants ". Il a ordonné de remettre l'homme entre les mains du chef de la police de Rome. Là, la police entendit la même demande :
"j'ai besoin de parler avec mes représentants, les cardinaux, et c'est très urgent".

Le chef de la police n'a même pas pris la peine de l'écouter. Avec un simple geste il a ordonné qu'ils retirent l'intrus. Deux policiers robustes l'ont saisi et l'ont enfermé
dans une cellule obscure.

Dans l'obscurité, il continuait de crier. Personne ne parvenait à le faire taire.
Ils l'ont alors frappé sur la bouche, ils l'ont frappé sans retenue aucune.
Mais lui, ensanglanté continuait de crier :
"j'ai besoin de parler avec mes représentants,
les Cardinaux, c'est urgent!".
Jusqu'à ce qu'un énorme soldat énorme fasse irruption à l'intérieur de la cellule et commence à le frapper sans arrêter jusqu'à ce qu'il tombe évanoui. Il lui a ensuite attaché les bras avec des chiffons et il a accroché l'homme à deux crochets, à même la paroi. Il paraissait crucifié.
On ne l'a plus entendu crier :
"j'ai besoin de parler avec mes représentants, les cardinaux".

Or ce mystérieux personnage n'était ni cardinal, ni patriarche, ni métropolite, ni archevêque,
ni évêque, ni prêtre, ni baptisé, ni chrétien, ni catholique. C'était un homme. L'Homme. C'est pourquoi il ne pourrait jamais entrer dans la Chapelle Sixtine. C'était un juif.
Il avait un message urgent qui pouvait sauver à l'Église et toute l'humanité.
Mais personne n'a voulu l'écouter. Son nom est Yeshua.

Toute similitude avec Jésus de Nazareth, dont les cardinaux se disent être les
représentants, n'est pas une simple coïncidence, c'est la vérité pure.

"Il est venu vers les siens et les siens ne l'ont pas reçu",
a tristement observé un évangéliste (Jean 1: 9-11).

Original: tiré de la revue Rebelion http://www.rebelion.org/noticia.php?id=14156