KATUTURA


samedi, novembre 27, 2004
 
Avent 2004

En Afrique du Sud, l'Avent et Noël n'avaient pas tellement d'importance, bien moins,
en tous cas que le carême et Pâques. Jésus ressuscité et agissant en nous par l'énergie
de son Esprit pour construire un monde sans apartheid était, et reste j'en suis sûre,
le repère. L'étoile qui nous guide.



Il est vrai que des missionnaires, comme des marchands, des colons, des militaires, avaient apporté dans leurs bagages, des petits sapins en plastique, des étoiles en papier doré,
des bougies électriques, des petits Jésus en cire toute blanche et il - le nourrisson - revêtu
d'une culotte rose, dans une mangeoire douillette à côté d'un âne et d'un bœuf échappés tout droit d'un centre commerciale américain. Ils avaient apporté leurs cantiques aux mélodies autrichiennes comme "douce nuit" ou anglo saxonnes comme "jingle bells" ou germaniques
comme "leise rieselt der Schnee" ou encore "les anges dans nos campagnes"…
tout ça se chantait dans des églises à l'architecture plus ou moins européenne.
A moins qu'on ait la chance d'habiter un township pauvre ou un logis préfabriqué serve
de lieu pour la messe ou le culte… avec une cloche quand même au lieu d'un tambour…
fallait bien être fidèle à la civilisation occidentale chrétienne!



La patience et la tolérance des Africains de souche m'étonneront toujours!
Ils ont laissé faire. Ils ont chanté, prié, fêté dans la foulée des occupants du pays. Avec
un don admirable de l'imitation! Mais leur âme restait ce qu'elle est: africaine!
Et sa force avait sa source dans l'Esprit de celui que le tombeau n'a pu retenir prisonnier…
tout comme l'apartheid n'allait pas éternellement emprisonner ce peuple!



Dans 24 Heures, d'aujourd'hui, samedi, je lis ce qu'écrivent Philippe Baud et Claude Schwab
au sujet du temps de l'Avent. Je n'en relève qu'un phrase de chacun:

Philippe Baud: "Le voile du Temple s'est déchiré une fois pour toutes à l'heure
de sa mort, c'est dire qu'il n'y a plus désormais d'autre "espace sacré" que l'homme… Les gestes religieux, dès ce moment, ne s'accomplissent plus entre
les murs des sanctuaires, mais dans l'existence de chaque jour".

Claude Schwab: "Ne faisons pas la fine bouche et ne méprisons pas la religion populaire. Elle a plus de bon sens qu'on ne croit et sait trier l'essentiel du secondaire...(quelle était dépouillée et vraie la religiosité populaire des jurassiens ruraux
de mon enfance… elle avait déjà tout trié: on avait que l'essentiel!) Oui, et le sourire
des enfants - d'un enfant - valait, et vaut toujours tout l'or du monde".



Pour ce qui me concerne, j'aimerais sauter à pieds joints par dessus ces
"fêtes de fins d'années" et, dans la lutte quotidienne, avancer, avec l'immense
peuple de Dieu dans sa traversée des déserts, vers la lumière de Pâques.