KATUTURA


vendredi, septembre 26, 2003
 
Ma petite amie:

Je la rencontre aux arrêts de bus, dans les transports publiques.
Parfois on laisse passer un 2ème, un 3ème bus pour avoir un peu de temps ensemble.
Si menue qu'elle est, elle fait des nettoyages "là-bas, au fond, au Flon", mais ça va, ça va,
ça fait un peu d'argent pour aller à Lourdes avec mon mari, une fois, dit-elle, radieuse!

Elle est "philippino", belle comme une aurore de joie, née dans une des régions
les plus pauvres des Philippines. Là où l'électricité, donc, la nervosité, n'existent pas,
me dit-elle avec un sourire qui mouille mes yeux. Dans sa famille, vingt enfants forment
une communauté de vie et, forcément, de partage… ça grouille, me dit-elle,
mais on se débrouille.
Sa maman est morte en donnant naissance, son papa est décédé d'usure
il y a longtemps longtemps.

Comment elle est arrivée en Suisse, à Lausanne, comment elle a épousé un cheminot
si gentil et qui rentre de son boulot, à la gare, chaque soir à 19h00 pour souper:
je ne sais pas. Cela ne me regarde pas.
Ce qui m'intéresse, ce qui m'instruit, c'est quand elle regarde la croix de sœur
que je porte sur ma blouse. Elle n'a pas besoin de me dire: "je l'aime, Jésus".
Je le vois, je le sens, ça me réchauffe le cœur. C'est comme un ange qui passe, et qui revient.
On s'aime.



Ce n'est pas ma petite amie, mais elle lui ressemble comme une goutte d'eau!