KATUTURA


samedi, septembre 27, 2003
 
Durant la canicule du mois d'août, Pierre et Verena ont recherché un bol d'air pur
au Val d' Hérens dont ils sont amoureux. Les yeux levés vers le ciel,
à la recherche de "nos glaciers sublimes" ils ont contemplé la Dent Blanche
et voici la mélodie qui nourrirait le génie de Jean Sébastien Bach et signée par Pierre.



(été 2003, photo par Marco Borello)

"Requiem pour la Dent Blanche"

Elle avait veillé sur les vacances de son enfance, il était devenu un de ses fidèles,
de ces gens qui, une fois franchis les premiers lacets de la route du val d' Hérens,
guettent son apparition. La Dent Blanche! Apparition prélude à d'autres dévoilements:
souveraine sur Evolène, coquette en son miroir de l'étang d'Arbey,
en enfilades escarpées vue des Haudères, un tantinet dominante à Getty,
fugace en Anniviers, sachant ponctuer le panorama de Villa, ou la tête penchée sur Bricola,
diamantine en hiver et modestement resplendissante en été,
diverse mais immuable Dent Blanche.

Cette année il vint la voir à l'apogée de la canicule. Dans le bus à destination de Ferpècle,
une forte brume la voilait. Revenant à pieds sur la Forclaz, il attendit avant de se retourner
que le soleil ait bien percé, et ce fut le choc: la Dent Blanche n'est plus blanche!
Efflanquée, ajustant mal un reste de bavette glacière, grise, elle porte le deuil d'elle-même.
Angoisse de cet été: où sont, mais où sont les neiges d'antant?
Pierre Kolb
(Plage de Vie parue dans La Liberté de Fribourg le 28.08.03)