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dimanche, décembre 01, 2002
Aujourd'hui: journée mondiale du SIDA Comment ne pas évoquer ce qui se fait, avec un courage héroïque, chez les plus petits? En voici un exemple: Cela se passe au nord de Johannesburg, en Afrique du Sud. Marie est institutrice dans une école de la région rurale de Rustenberg. Elle et sa famille, une dizaine d'enfants, sont en bonne santé, mais elle voit chaque jour, traînant dans la poussière du bidonville, des orphelins sidéens abandonnés. Les grands-mères n'y peuvent suffire, les pères et les mères sont morts. Les enfants des classes primaires, sidéens ou en santé n'ont plus l'énergie de s'occuper des orphelins, ils n'en ont pas les moyens. Peu d'eau, peu de bois pour la bouillir, pas de pain, pas de place propre, pas de jeux. Ces enfants ressemblent à autant de fleurs desséchées, ils ressemblent à des petits bouts de bougies sans plus rien à brûler.. Femme solide, Marie rassemble une vingtaine d'orphelins dans sa hutte et, avec ses enfants, elle les recueille pour leur offrir une éducation qui respecte leur dignité, même si la mort les menace d'ici cinq ans. Dans ce but, Marie renonce à son poste d'enseignante et donc à son salaire. Il y a urgence. Ma consoeur, Rita, dont la tâche officielle est la visite des écoles de la région à intervalles réguliers, est confrontée à cette situation. Rita touche du doigt la réalité: Marie éduque ces petits; elle s'occupe de leur petit corps, de leur coeur et de leur intelligence. Elle s'adresse à la personne tout entière. - Pour le corps: chaque jour, Marie prépare une assiette de porridge, avec du sucre et un peu de lait quand il y en a, de l'eau bouillie donc potable, peut-être une orange si c'est la saison ou quelques feuilles d'épinard sauvage. - Pour le corps encore: elle fait la toilette des petits et elle les couche sur des nattes propres quand ils ne peuvent plus se lever et, surtout, elle procure ces soins primaires avec amour et tendresse. Le petit corps se sent aimé. Donc, même mourant, il vit. - Pour le coeur et les sentiments: Marie et les enfants jouent, chantent et dansent. Les jeux et les chants, on les invente au gré des énergies fluctutantes de ces petits corps douloureux, cela ressemble parfois aux sons des tambours de fête, d'autres fois aux sanglots agonisants, d'autres fois encore au souffle d'un dernier soupir, lorsqu'un petit remet à Dieu son esprit. Mais le coeur et l'âme y ont leur compte. - Pour l'intelligence: chaque jour Marie ramasse des bouts de papier, des crayons de couleur, de la pâte à modeler, mille petites choses faites maison. On raconte des histoires en chantant en riant en jouant. Les petits sidéens écoutent, répètent, sourient, dessinent, modèlent ce qu'ils sentent et comprennent. Le choix des couleurs, les formes, l'intensité des traits révèlent l'état physique et psychique des enfants. L'intelligence des petits sidéens perçoit le vaste monde qu'ils vont tantôt quitter. Trois semaines plus tard, ma consoeur Rita revient visiter l'école et loge chez Marie. Incroyable! Ces petits qui ressemblaient à des fleurs desséchées ont été arrosés d'eau et d'amour et refleurissent gaiement à la lumière du jour. Un par un ils meurent en route et sont remplacés par d'autres! Ils meurent parfois avec un sourire qui vaut toutes les récompenses du monde. Ils ont vécu ce petit bout de vie dans la dignité d'enfants de la terre dont nous sommes tous responsables. Ils ont été aimés jusqu'à la mort et bien au-delà. Mes petits Bonsaïs. Voilà le nom que je leur donne. Merci Marie, merci Rita... |