KATUTURA


vendredi, avril 18, 2008
 
Porte-toi bien! Aimé Césaire !
So for now, 'hamba khahle' 'go safely'! My Friend!




Annie me disait: “On ne peut séparer la littérature de l’histoire des gens ». A la question :
« Vous êtes fier de votre action politique ou de votre oeuvre poétique ? » Aimé Césaire a répondu :
« Elles vont ensemble. Pendant les conseils municipaux, je m'absentais : pas physiquement,
bien entendu, mais pour écrire en secret. Un beau jour de vacances, j'extirpais les papiers
de ma poche, c'était un poème. Ma poésie est née de mon action. Je n'ai jamais voulu faire
une carrière poétique, … écrire : c'est dans les silences de l'action ».

Je sais qu’il y a eu à Soweto, au plus dur de la lutte, des combattants de la liberté « poètes ».
Nadine Gordimer les encourageait, ce fut le temps de la poésie des townships. Quel feu de Vie !
Puis 1994 et le suffrage universel, déjà l’inspiration faiblit :

"we are free at last…free at last
we are free at last
we are window-shopping baps

en français

" nous sommes enfin libres
enfin libres
nous sommes enfin libres
nous sommes des yuppies noirs qui font du lèche-vitrines
montés sur des chaussures à talons hauts
nous glissons sur du carrelage de marbre
nous patinons, hyper marchons avec les blancs "

Après l'euphorie de la libération, l'heure de la désillusion a donc sonné. Plus rien à dire
quand on croit tout avoir ! Tout ? C’est-à-dire RIEN. On en est là. La couleur de la peau
a changé au sommet de la hiérarchie, mais la pyramide pèse de tout son poids sur les racines :
plus noires qu’avant.

Le souvenir d’un Aimé Césaire, de la révélation lumineuse de la négritude peut raviver ce qui
paraît trop vite passé: « Black is Beautiful ! »

C’est vrai que le mouvement de la conscience noire se déploie au fur et à mesure que l’Afrique
des racines crie NON et NON aux multiples pièges des systèmes capitalistes !

Voici Aimé Césaire :
« Ecoute le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs ! »
Mais Césaire était lucide sur les dérives de chefs africains ivres de pouvoir,
Mugabe aujourd’hui !

Mandela avertissait ses compatriotes sud-africains en 1994: « N’ayez pas peur de ceux et
celles qui s’opposent à vous, ayez peur de votre propre pouvoir ! »
Porte-toi bien! Aimé Césaire !

So for now, 'hamba khahle' 'go safely'!

Souviens-toi de nous…