KATUTURA


mercredi, décembre 31, 2008
 
Ondes de choc sur Bethléem






« Rien n’a jamais été dit par les saints sur l'intimité divine, qui n'ait été mieux chanté par le vent d'été dans les arbres

Rien n'a jamais été écrit par les théologiens de la belle présence de Dieu, qui n'ait été révélé dans les cristaux d’un matin glacial sur la fenêtre

Rien n'a jamais été créé par les artistes sur l’incarnation de l'amour, qui n'ait été plus humainement révélé sous les paupières assoupies du petit nouveau-né »

Des écoliers africains ont mis en scène ce conte d’un auteur centrafricain :

« Les mages dans leur attirail royal offrirent leurs précieux cadeaux à Jésus et à ses parents. Peu après leur départ arrivèrent trois étranges individus à l’allure louche : l’un en haillons boitillant à l’aide d’une canne. Le deuxième, des chaînes aux poignets, était nu à part son zizi recouvert d’un short effiloché. Le troisième était blanc comme un cadavre, et il portait une perruque de cheveux gris en bataille et était recouvert d’un vieux tee-shirt africain. Lorsqu’ils virent approcher ces gens, un chœur de voisins spectateurs, hommes et femmes, se mirent à crier : « Joseph, ferme la porte, ce sont des voleurs et des vagabonds qui vont dérober tout ce que nous avons reçu ! »

Joseph répondit : « Tout le monde a le droit à cet enfant – les pauvres, les malheureux, les marginaux, les nuls. Nous ne garderons pas l’enfant pour nous seuls. Qu’ils entrent ! »

« Les trois personnages entrèrent et se mirent à contempler le bambin. Papa Joseph ramassa les cadeaux laissés là par les Rois mages. Il dit au premier : « Tu es pauvre. Prends cet or et achète-toi ce dont tu as besoin. Nous n’aurons pas faim .»

Puis Joseph dit au deuxième : « Tu es enchaîné et je ne sais comment te libérer. Prends cette myrrhe – cela peut guérir les plaies de tes poignets et de tes chevilles. » Puis Joseph s’adressa au troisième et dit : « Ton esprit est dans l’angoisse. Je ne peux te guérir mais l’arôme de la myrrhe soulagera ton âme douloureuse. »

Alors le premier des trois répondit à Joseph : « Ne me fais pas ce cadeau. Quiconque me trouverait le portant dirait que je l’ai volé. De plus, malheureusement, ton enfant sera aussi mis au rang des criminels ! »
Le deuxième dit : « Ne me donne pas cette myrrhe onctueuse ! Garde-là pour l’enfant car un jour il portera mes chaînes. »

Et le troisième dit : « Je suis un perdu. Je n’ai foi en rien. Dieu est absent du pays de mon esprit. Que l’enfant garde pour lui cet encens car il va perdre foi en son Père. »

Joseph et Marie se couvrirent le visage de leurs mains. Les trois hommes s’adressèrent à l’enfant : « Petit enfant, toi, tu ne viens pas du pays de l’or, de l’encens ni de la myrrhe. Tu appartiens à notre monde. Tu es un des nôtres. Tu viens du pays de la faim, de la soif, de la maladie. Laisse nous t’offrir ce que nous avons. »

Le premier ôta ses haillons : « Accepte ces haillons. Tu en auras besoin le jour où ils te dépouilleront de tes habits et te laisseront marcher nu vers l’échafaud. »

Le deuxième dit : « Quand je serai délivré de ces chaînes je les mettrai de côté pour toi, car tu les porteras un jour, et tu connaîtras vraiment la souffrance de l’humanité. »

Le troisième dit : « Je t’offre ma déprime, ma perte de foi en Dieu et en tout. Je ne puis plus porter ce fardeau. S’il te plaît, unis ma peine et ma misère à la tienne. »

Les trois s’enfoncèrent dans la nuit. Mais cette nuit était différente des nuits d’avant. Quelque chose s’était passé dans cette étable. La douleur insupportable des gueux semblait quelque peu soulagée… Espèce d’épiphanie hors temples et églises. La liturgie que Jésus souhaiterait voir célébrer dans les hauts lieux des pouvoirs religieux aujourd’hui !

La timide étoile s’aventurerait pour nous montrer le chemin où Dieu, tendre et fragile, habite : en chacun de nous.

(Source : Gérard, prêtre dans une township d’Afrique du Sud a assisté à la mise en scène de cette liturgie par les jeunes étudiants de sa paroisse. Il a rapporté ce fait à Daniel O’Leary et ce dernier l’a publié dans l'hebdomadaire « The Tablet » du 20/27 décembre 2008. Ma traduction.
www.thetablet.co.uk )



mardi, décembre 30, 2008
 


J’ai fait un rêve et je me suis réveillée en souriant

Je voyageais en train. La beauté du paysage, le rythme des roues lisses sur les rails, l’amitié discrète des passagers somnolents tempéraient le frémissement frileux des quelques flocons perdus papillonnent entre ciel et terre car on était en plein hiver. Le train entre en gare impassiblement, et j’arrive à la maison.
- Y avait-il des contrôleurs dans les wagons ?
- Pour quoi faire ?
- Tu n’as pas entendu : « Présentez tous les billets s’il vous plaît ! » ?
Contrôleurs et billets ne faisaient pas partie du voyage, ni de mon rêve.

Un peu comme Jésus l’aurait souhaité pour les hommes engagés à vie dans la traversée de notre minuscule planète, notre maison de transit.
2008 – 2009

Voyageurs d’une année à l’autre, les titres de voyages sont inconnus, superflus. Nous sommes en compagnie de Celui qui ne met aucune condition à son amitié pour ses compagnons de voyage tout au long de notre irréversible traversée. L’Amour inconditionnel !
« Aimer signifie ne jamais devoir demander pardon » (“Love means never ever having to say you’re sorry”, in Love Story, Erich Segal,
http://mlle-libellule.livejournal.com/11684.html

« L’amour de Jésus est inconditionnel.»


Il le proclame. Il le vit. Il libère ses fellow-voyageurs : pas de titres de voyage, pas de contrôleurs. Il prend au sérieux la dignité de chaque personne.
C’était sans compter avec la « faille » de notre création commune inachevée et trop souvent inavouée… comme à Gaza en cet instant même.
Le rêve de ce matin ne germe-t-il pas du souhait de Jésus d’avant l’origine ? Qui fit rêver Isaïe « Le loup habitera avec l'agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau…, un petit enfant les conduira… la terre sera remplie de la connaissance de Dieu comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent. » (Is 11 : 6-9)
Le train repart et nous continuons la traversée jusqu’à la halte prochaine !
Bonne route !



vendredi, décembre 26, 2008
 
Zimbabwe : Noël 1978 et 2008



Il y a 30 ans, c’était en 1978 si je ne me trompe, j’étais arrivée à Salisbury – aujourd’hui Harare - par avion depuis Johannesburg, puis par « bus » jusqu’à Fort Victoria – aujourd’hui Masvingo. Les Freedom fighters étaient encore en action contre les Selous Scout de Ian Smit et notre Mission se trouvait dans une zone dite sensible.

Ma première impression quand Sr K., venue me chercher à Fort Victoria, stoppe la pick-up, m’intimant de rester tranquille à ma place pendant qu’elle allait au magasin juste en face, mon impression fut : « Il y a un peu de pain, ça sent le pain ! hey ! Jeeh !» Sr K. revient avec du pain enveloppé dans du papier de journal. Elle avait un sourire de pain tout frais, K. ! Pour nous à la Mission, on était gâté, mais eux, les Shonas du village où nous nous trouvions, feraient avec le maïs ordinaire et des branches de cane à sucre qu’on mâche et qu’on suce, et quelques chenilles rôties riches en protéine !

Toute cérémonie nocturne de Noël était interdite. D’ailleurs la moindre des lumières pouvait être prise pour un signal.

De toute ma vie, je n’ai jamais vécu une nativité plus vraie, plus profonde. Plus paisible, nous sentions en nous la naissance d’un temps nouveau, d’un pain nouveau !

Source de ce qui suit et que je traduis librement:

http://www.sokwanele.com/thisiszimbabwe/archives/2961

« Les Zimbabwéens n’iront pas chez eux pour une fête quelconque ce Noël 2008, ni l’année passée, ni l’année d’avant et d’avant…les familles sont dispersées, pas d’argent, rien à manger, pas d’eau potable, pas de fuel…pas de médicaments, même pas une aspirine… le choléra, le SIDA HIV menacent les bébés
et les jeunes. »

Les vieux meurent jeunes quoi qu’il en soit …ma consœur Zimbabwéenne, Sr M. me dit – dans un contact court - que Sr K. a contracté le choléra en essayant de soigner les malades. Mais on espère fort qu’elle va s’en tirer !

Comme en 1978, aucune lumière en cette nuit, la violence rampante par les enfants de ceux-là mêmes que nous défendions il y a trente ans. Pire, les viols, les abductions, même de ceux et de celles qui prient pour que vienne le Sauveur les délivrer à Noël !

Prier est dangereux dans la réalité sabéennes.

Chanter le Magnificat vous garantit un long séjour en taule !



mercredi, décembre 24, 2008
 
Retrouver Jésus



Après que Jésus fut exécuté, je pense que ses amis, enflammés qu’ils étaient par leur prise de conscience toujours plus profonde que leur ami est "le Chemin, la Vérité, la Vie"» (Jn 14 : 6), ne pouvaient pas le laisser tomber ! Ils allaient prêcher Yeshuah, la Bonne Nouvelle, ils savaient qu’un autre monde est possible et qu’il est voulu par le Créateur ! A eux de faire naître un monde nouveau !

Les disciples de Jésus n’avaient pas le temps de célébrer sa naissance. L’important est qu’Il fut là, même après sa mort ! Qu’importe, pour eux, le Où, le Quand, le Comment…

La société de Jésus et de sa famille a des ressemblances avec la nôtre, avec notre monde aujourd’hui, c’est de plus en plus clair selon moi.

Les gens avaient l’expérience des chemins tordus, des pouvoirs, des trônes, des dominations, des grands Prêtres, des Chefs de synagogues , des prophètes qu’on tue… les gens de tous les jours devaient courber l’échine, payer des impôts, pire, ils devaient croire ce qu’on leur faisait de croire. A moins d’être mis au rancart, des lépreux, des publicains, de la racaille. Une grande soif de délivrance les consumait ! Un sauveur.

Aujourd’hui, ce qu’on oublie de dire dans les Eglises à Noël, et c’est grave, c’est que, alors qu’elle était enceinte, la maman de Jésus chantait avec ferveur et passion le chant le plus révolutionnaire de tous les temps le Magnificat qu’elle savait par cœur, le cantique des pauvres et des opprimés. C’était l’idée première de Dieu, il fallait la concrétiser, cette idée ! Tous devaient s’atteler à cette tâche, y compris l’enfant qu’elle était en train d’enfanter. Pensez ! Jésus avait de qui tenir si son géniteur est le Dieu créateur ! Lui qui était sans doute l’auteur des paroles et de la musique du Magnificat !

Je ne doute pas un instant que Marie et Joseph, qui étaient des humbles mais pas des mous, se sont mis à chanter en soignant leur nourrisson sur la paille :

« Notre âme magnifie le Seigneur parce
qu’Il est plus fort que les puissants de ce monde
Il est proche des petits
Il bouleverse l’ordre social du monde. »

Ainsi dans cette étable, le contexte d’humiliation permettait à notre adorable Créateur de poursuivre son œuvre de création qui paraissait avoir raté au premier essai! Quel défi pour Jésus !

Avec cet enfant c’est l’embryon d’un monde à l’envers, un renversement total qui naît. « Dieu a renvoyé les riches les mains vides, et il a élevé les humbles.» « Il faut qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en plénitude ! Jn 10 :10 ». Il va le faire en direct, mais pas par magie, c’est pas un cadeau. Non ! Le Royaume se construit dans les larmes et dans le sang par la force de Son énergie et de Sa Vie chez les pauvres, assoiffées et affamés de tous les temps.

Je ne peux résister à l’envie de partager avec vous ce qui suit :

« Jean-Sébastien Bach : Oratorio de Noël (BWV 248) : L'œuvre est composée de six cantates. C'est la naissance dans un squat venteux en pleine campagne, d'un enfant juif et palestinien, futur agitateur révolutionnaire qui choisira le camp des pauvres, des SDF, et combattra toutes les formes de discrimination… Mais la joie est générale et la musique de Bach est magnifique. Ca se terminera mal pour lui, (Jésus) comme nous le verrons dans la « Passion selon saint Matthieu ».
Paule du Bouchet (192 pages, nombreuses illustrations, Editions Découvertes Gallimard. )Pour en apprendre davantage, il faut lire ce petit livre vivant et solidement documenté. (J’ai résumé, cm).

Avec la théologie du Magnificat natal, et sa résonance en mon cœur, je trouve la force de « faire avec » les cantiques doucereux, souvent niais, parfois drôles, qui endorment les chanteurs et les auditeurs (pas tous bien sûr).

Bon anniversaire, Jésus, et essaie de compter sur notre faiblesse pour construire ton royaume !



lundi, décembre 22, 2008
 
Méditation avec Jésus



"Le silence est le nid et la musique est l'oiseau.
Dans le monde spirituel, la musique divine naît de l'âme même du silence." (Sri Chinmoy)


Jésus habite, vit en notre conscience profonde, l’écouter, n’écouter que lui alors que ma conscience profonde est une avec celle de l’Univers, c’est une musique, celle de l’Avant. Avant que le mot Amour fut prononcer, il était, avant que le VERBE fut HUMAIN, Il est.

C’est un instant de bonheur pur, hors espace temps que je vis en cet instant. Mais Yeschuah, cet homme parfait m’aime et, puisqu’il m’aime, il ne veut pas me posséder, donc notre étreinte amoureuse qui frémit des douleurs, des gémissements de l’enfantement de son esprit, dans le monde de 2008, à trois jours de ce qui se dit être Noël, se relâche. Il me dit : partage notre cœur à cœur avec les autres.

Jésus me renvoie à ma propre responsabilité de partenaire à cette naissance du temps nouveau engendré dans la crèche du calvaire, la seule vraie, aujourd’hui comme hier : «La création tout entière gémit dans les douleurs de l'enfantement parce qu'elle a été soumise, malgré elle, par l'homme à la vanité. Et la création tout entière attend la révélation de la gloire des fils de Dieu» (Rm 8,19-22)

Dans notre monde, je crois à la globalisation de la compassion. Pas en mots ou en prières multipliées ou en longues et laborieuses liturgies « qui me donnent un petit frisson dans le dos comme me disait ce jeune homme, mais sans plus ! » Non la Compassion, c’est d’abord, je crois, la conscience douloureuse, heureuse, de notre UNITUDE dans et avec un univers qui va se déployant ! Quel bonheur !

C’est la musique de l’Avant, celle de Jean-Sébastien Bach, celle de Dieu…dans le néant vibrant de l’avant big-bang qui fut et est, en cette nativité en direct.



samedi, décembre 20, 2008
 
Depuis plus de quatre mille ans…. Attendre…Attendre…

« Attendre Godot c'est espérer que cela va changer et être pourtant totalement lucide sur le fait que cet espoir est absurde.» (Beckett)

Le temps n’est plus à l’attente. Il est à l’action. Le nom de Jésus est AUJOURD’HUI !



Mon nom est : AUJOURD’HUI

Beaucoup de choses peuvent attendre
Pas l'enfant, pas moi !
Là, maintenant, mes os se forment
mon sang se fabrique
mes sens s'épanouissent
A moi, l’enfant, on ne peut pas dire demain
mon nom est : AUJOURD’HUI
(Gabriela Mistral)

Jésus dit : « Mon nom est aujourd’hui »

De grâce, prenons conscience que c’est l’avenir qui structure le présent. Le nostalgique et incessant retour auprès des multiples crèches habitées d’objets sculptés, c’est bien, mais quid d’aujourd’hui ? Le Poverello, en son temps eut l’idée d’avoir « Jésus aujourd’hui avec lui » comme le rapporte Wikipedia : Il a créé en 1223 une des premières crèches vivantes en utilisant des personnages réels, dans son église à Grecchio en Italie. Ces personnages étaient des gens de son village. C’était Jésus aujourd’hui pour François. Je souhaite que notre adoration de « l’enfant divin » nous bouscule et nous propulse vers les divins enfants d’aujourd’hui !

Mon nom est aujourd’hui dit Jésus qui est en train de naître dans tous les pays du monde. Pour le meilleur et pour le pire !



Des mangeoires, des crèches, des berceaux dans nos cliniques, dans la brousse, dans les camps de réfugiés, en Irak, au Darfour, dans les taudis de New York, de Paris… autant de « petites racailles » potentielles selon leur standing économique, social et politique et les chefs des états respectifs !

De grâce disons bien haut que Jésus s’appelle aujourd’hui et que notre joli folklore nous emmène aux failles, aux mangeoires actuelles de notre planète.



jeudi, décembre 18, 2008
 
Romainmôtier



- Cela vous ferait plaisir de visiter Romainmôtier ?
- Oui, bien sûr !

Je cueille au vol et avec reconnaissance l’idée de Sœur Marianne.

Un saut de puce relie Saint Loup à Romainmôtier. Le jour baisse. Il fait nuit neigeuse lorsque je vois la forme de l’Abbatiale se dessiner dans un faisceau de lumière ambre qui s’étire bien au-delà de l’église. Comme pour éclairer notre arrivée. J’ai l’impression d’avancer à reculons.

Un aperçu succinct de l’Histoire de l’Abbatiale se trouve dans Wikipedia. Et le Quotidien 24 Heures publie un excellent texte à l’adresse suivante : www.romainmotier.ch/contenu/index.php?option=com_content&view=article&catid=36:Abbatiale&id...104 - 45k

L'Abbaye, aujourd'hui, vit à l'heure protestante et oecuméniste… en attente.
Pendant vingt-cinq ans, quatre sœurs dont deux catholiques et deux protestantes ont vécu à Romainmôtier, animant la prière œcuménique. C’est une fraternité dont Sœur Simone qui m’accompagne aujourd’hui, est une des pionnières. Elle a donné ses forces, con cœur passionné et son âme de poète à la cause de l’UNITE des chrétiens.

La petite fraternité priait quatre fois par jour, «fait suffisamment rare dans le protestantisme pour être souligné». Aujourd’hui, me dit tristement Sr Simone (diaconesse) les Sœurs catholiques sont parties et ne sont pas encore remplacées. Ce soir, je me sens un bien fragile minorité catholique dans mon exploration des lieux !

Nous nous rendons à l’Abbatiale pour la prière du soir : nous sommes sept en tout dans cette immense Abbatiale dont les murs millénaires semblent nous enfouir en son cœur douloureux. Les petites gens, je crois, sont œcuméniques par nature, par solidarité ou par fraternité ! Les Institutions regimbent, serait-ce par nature ou par intérêts particuliers ? Ne sommes-nous pas en communion et enfants du même Père. Abba ! Une famille humaine ?

Les vêpres débouchent sur un repas partagé. On apprend à se connaître par nom. Jean-Yves, Françoise, Simone, Ginette, Paul-Émile et j’en oublie malheureusement. Nous partageons la vie, le passé, le présent surtout, et l’avenir dans l’espérance ! Comme si on s’était toujours connu !

Voici le témoignage du pasteur : www.romainmotier.ch/contenu/index.php?option=com_content&view=article&catid=36:Abbatiale&id...104 - 45k –


« Paul-Émile Schwitzguébel veille particulièrement à ce que l'Abbatiale reste d'abord une église vivante, lieu de prières. Qu'elles soient individuelles ou organisées, puisque de tels moments sont proposés deux fois par jour, en plus des cultes. Le lieu attire bien évidemment des touristes fascinés par des vieilles pierres, mais aussi et surtout des gens, comme le dit le pasteur " qui ont envie de s'arrêter, de chercher et de comprendre". Dans une des chapelles intérieures de l'Eglise (la chapelle St-Grégoire datant de 1445), un livre est ouvert permettant aux pèlerins d'y laisser leurs messages. Il se remplit avec une étonnante rapidité de messages de visiteurs venus des cinq continents. Le pasteur se dit frappé de l'attente des personnes qui s'arrêtent à l'Abbatiale. " Ce n'est pas une église comme les autres, mais un lieu de prière, de spiritualité et de silence. Nous devons répondre aux besoins spirituels des gens qui viennent ici. "
C’est un bonheur pour moi d’honorer mon blog de la présence animée et amicale de ce Milieu du Monde élargi, inoubliable souvenir de mes vacances à Saint-Loup.



mardi, décembre 16, 2008
 
Le Milieu du monde, le Moulin Bornu : commune de Pompaples (1318)



A Pompaples est une fontaine qui coule du Rhône au Rhin, lorsque j'y vais conter ma peine, nord et sud savent mon chagrin. Paul Budry

Je ne pensais jamais être si proche du Milieu du Monde ! Là « où les Vaudois ont trouvé leur nombril », et moi de même, grâce aux Sœurs diaconesses de Saint- Loup. Elles m’informent, elles m’expliquent la réalité géographique, elles racontent, elles recommencent quand je questionne. Elles me montrent le Nozon que j’entends mais ne peux voir. Il me nargue du fond de son lit, juste en bas de la grotte de ce taquin de Saint Lupicin ! J’écoute, j’apprends, je palpe ce nombril de notre si petite terre et je vais d’étonnement à étonnement !

Il m’est revenu en mémoire le « Véritable Milieu du Monde » à la page 168 (texte Gilbert Salem et photographies Marcel Malherbe,, Slatkine 2007) :
« … Les vestiges du canal d’Entreroches : un défilé entre deux immenses pans rocheux et broussailleux … devait permettre de relier par voie navigable les eaux du Midi et les eaux du Septentrion, celles de la Méditerranée et celles de la mer du Nord. Le projet de ce canal, un des tout premiers de ce genre en Europe en 1635 fut abandonné avec l’avènement du chemin de Fer… » Musique d’avenir.

Le véritable Milieu du Monde aujourd’hui, les Sœurs me l’ont répété, se trouve au « modeste Moulin Bornu, symbolique et poétique » depuis que le Nozon fut dérivé, formant un bief, pour que tournent les rouages du Moulin en son temps ! On sent une âme, un esprit vaudois souffler gentiment, siffloter, presque, entre les branches sèches et grelottantes de givre, une invitation à l’écoute, à l’expérience, à découverte. Je joue le jeu sans le vouloir, j’ai presque envie d’ôter mes sandales.

Depuis… une partie des eaux du Nozon s'écoule vers le Talent, jusqu’au … Rhin, et à la mer du Nord et l'autre partie rejoint la Venoge, puis … le Rhône et la Méditerranée, donc le sud. L'endroit, où l’eau en passant, donne tout son élan au Moulin, se sépare, s’enfante. Deux rivières surprises coulent désormais paisiblement du berceau qui a pris le nom de Milieu du Monde.

J’en tire une leçon de vie. Deux personnes se rencontrent, parfois par hasard, se reconnaissent en tant que sœurs ou frères humains, partagent un repas, comme plat de résistance, le partage leurs expériences de vie, leurs souffrances, leurs rêves et leur espérance, leur tête-à-tête, active les rouages des moulins à blé, de la farine, du pain de l’Amour. Le joyeux tic-tac des moulins quotidiens. Cette rencontre, ce face à face, les yeux dans les yeux, les mains dans les mains si l’on peut, nous fortifient pour reprendre la marche, seuls chacun selon son destin, vers le nord, vers le sud, vers la mer, vers l’origine de toute vie, là où souffle l’Esprit … à longueur d’onde ! Hors espace-temps !



 
L’amitié



« Mes plus belles années ont été celles où j'ai servi de toit à une fourmilière. Ses habitantes étaient tellement persuadées que j'étais le ciel que je l'ai cru aussi. Aujourd'hui, je sais que je ne suis qu'une pierre, mais ce souvenir est mon secret. Ne le dites à personne." (p.186 I.G.)

Il nous arrive d’être persuadés que nous sommes vraiment ce que nos amis pensent de nous ! Généreux, attentifs, imaginatifs, infatigables, optimistes et je ne sais quoi encore ! Il y a bien un petit malaise qui chicane notre honnêteté. « On ne voit bien qu’avec le cœur » et tous ces amis-là nous regardent avec les yeux de leur cœur ». Ce n’est pas un acte de foi. C’est un bonheur de croire ceux qui croient en nous ! C’est un bonheur pour eux de nous voir avec les yeux de leur cœur et je voudrais ne jamais les décevoir. L’énergie de l’amitié devient dynamisme pour créer…collaborer… aimer !

Il arrive que le contexte change avec le passage du temps : « Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jean 21 :18) Jésus avertissait ainsi l’impétueux Pierre, premier pape, dûment marié, très attentif à la santé de sa belle-mère en plus ! Après l’illusion du pouvoir de chef, il savait qu’il n’était qu’une pierre. Beau souvenir, l’amitié de Jésus pour ce Céphas ! Outre la pierre, il a vu l’homme. Sans illusion.

Les bons souvenirs, même un peu malicieux dans les bords, sont des trésors de bonne humeur ! D’humilité nature ! De confiance sans hypocrisie ni naïveté !
« Ne le dites à personne !» dit F.G. Lorca aux petits enfants.
Moi, j’aimerais le dire! Et vous ?



dimanche, décembre 14, 2008
 
« Là-haut, taillée dans le roc, une grotte domine le plateau de Saint-Loup. Autrefois, elle servait de demeure à un ermite (Saint Lupicin dit Loup). Dès la plus lointaine Antiquité, des hommes venaient ici pour prier, adorer, servir Dieu et leurs frères. Un jour, Henri Juvet se promenait sur ce plateau en compagnie de Louis Germond, futur fondateur de la Communauté de Saint-Loup. En s'approchant de l'auberge construite alors en ce lieu, il lui dit : " Dieu aura pitié de ce coin de terre… La lumière qui jadis brilla ici se rallumera… Cette maison où l'on s'amuse aujourd'hui deviendra une maison de prière. Je ne le verrai pas, mais toi, Louis, tu le verras ! "

Dans cette mouvance, depuis plus de 160 ans, la Communauté des diaconesses de Saint-Loup exerce son ministère. Aujourd'hui, fidèlement, il prend une nouvelle forme : celle de la Montagne de prière. ») ·

Un exemple d’œcuménisme en Afrique du Sud au temps le plus critique de la lutte anti-apartheid. Le gouvernement raciste blanc prêchait le « développement séparé » dont le but, avoué ou non, était de sauvegarder ce « dernier bastion de la civilisation occidentale chrétienne » ! Cela voulait dire quoi ? L’Organisation des Nations Unies déclarait : L’apartheid est un crime contre l’humanité, (Résolutions 2184 et 2202 de décembre 1966). En 1980, les Eglises réformées déclaraient : l’apartheid était une hérésie. (Les autorités catholiques s’étaient abstenues)

Ceux et celles engagés dans la lutte anti apartheid formaient des groupes solidaires. Les membres ne se sont jamais posé la question : qui est quoi ? Nous étions unis par l’action. Il allait de soi qu’il fallait vivre l’UNITE avant de le prêcher ! ·

Année 2008. De Bulle j’ai demandé et obtenu l’hospitalité à la communauté des diaconesses de Saint-Loup, à Pompaples, canton de Vaud, du 22 novembre au 7 décembre 2008. Une expérience de vie qui m’a aidée à voir plus large et plus loin. Les diaconesses des Eglises protestantes, vivent en communauté, soignent les malades et s'occupent de problèmes sociaux, des chômeurs, des demandeurs d'asile, des mères élevant seules leurs enfants, des vieillards, des mourants. En 1842, le pasteur Louis Germond fonda, d'après le modèle de Kaiserswerth, la première maison de diaconesses de Suisse à Echallens, transférée à Saint-Loup en 1852. Les malades les plus pauvres premiers servis !

J’ignorais presque tout des Sœurs Diaconesses sinon qu’elles travaillaient dans les hôpitaux et étaient aussi activement présentes à Lausanne. J’ignorais aussi qu’une commençant de deux diaconesses sont engagées ici à Bulle ! Il est urgent de créer des liens !

Les deux semaines de vacances à Saint-Loup m’ont permis, dans la mesure de mes possibilités, d’en percevoir et d’en partager l’Esprit. Le courage d’un passé dur et sans concession, et une vision d’avenir défiant les signes des temps. Je sais que ce même défis est brûlant pour nous, les Sœurs de Menzingen, aujourd’hui.

Ces vacances, en un lieu si proche du Milieu du Monde, fut une immersion œcuménique. Partageant la même table, c’était normal, logique, de partager le repas eucharistique dans la chapelle provisoire des Sœurs Diaconesses. http://mediatheque.epfl.ch/modules.php?include=view_photo.php&file=index&name=gallery&op=modload&id=wIMG_5027_DxO&set_albumName=albuq63

Les structures architecturales sont inspirées de l’origami, art japonais du pliage de papier La première construction réalisée a été inaugurée le 20 juillet 2008. Economique et écologique, elle est entièrement constituée de panneaux de bois massifs.

Le dépouillement est total, ni images, ni statues. Une croix nue. Le Christ, non plus suspendu à cet arbre cruciforme, mais ressuscité, activement présent avec nous aujourd’hui en ce lieu saint de Saint-Loup, comme dans les rues et les ravins. Dans cette église austère, il me semblait que le Bon Dieu pouvait respirer l’épaisseur humaine des participants. L’expérience donc d’une immersion œcuménique libératrice et ouverte sur des horizons nouveaux. On m’invita à Romainmôtier, où une communauté de 2 sœurs diaconesses et de deux sœurs catholiques, a vécu l’œcuménisme, 25 années durant, avant d’en débattre. Je ne savais rien de cela ! C’est dire si je connais peu mon pays natal !

L’excellent article de Marie-Christine Petit-Pierre, publié le vendredi 21 juillet 2000 dans « le Temps » éclaire aujourd’hui ma lampe, vous le trouvez à l’adresse ci-dessous : http://www.letemps.ch/dossiers/dossiersarticle.asp?ID=47596

La journaliste donne la parole à l’homme à tout faire des Diaconesses de Saint-Loup et sa pensée rejoint la mienne : « Il se présente comme l'homme à tout faire des diaconesses. Le seul représentant du sexe masculin de leur entourage, excepté le pasteur. L'image l'amuse. «Elles m'ont accepté il y a presque dix ans car elles me connaissaient bien, je travaillais à l'hôpital.» Du regard il suit l'avancée des travaux.

«Vous êtes Italien?
– Oui.
– Catholique?
– Oui.
– Et ça ne pose pas de problème?
– Vous savez, répond-il en jetant un regard expressif sur les tombes, on finira tous au même endroit. Les sœurs servent Dieu, je sers les sœurs, c'est ma façon de Le servir. Mon cœur est fait comme ça. Je ne suis pas homme à fréquenter l'église.»

Et je conclus ma méditation dominicale œcuménique avec Roger Schutz : “On pense ne pas savoir prier. C’est dans le fond sans importance, car Dieu entend nos soupirs, connaît nos silences. Le silence est le tout de la prière et Dieu nous parle dans un souffle de silence, il nous atteint dans cette part de solitude intérieure qu’aucun être humain ne peut combler.” Frère Roger Schutz (Taizé)

Bulle (décembre 2008)<



jeudi, décembre 11, 2008
 


Réflexion sur la Déclaration des Droits humains

Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cette année, la Journée internationale des droits de l'homme célèbre le 60e anniversaire de la Déclaration. Bilan ? Certainement ici et là, des développements positifs doivent être reconnus, par exemple le droit de vote pour les femmes en Suisse ou encore l’éradication de l’apartheid primaire en Afrique du Sud. Ma question : ces droits durement acquis sont-ils insérés dans des systèmes recréés permettant leur exercices à long terme ?

DUDH : Article premier

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Pour Jésus – et Jésus est universel – l’application de cette Déclaration pourrait être la préface de l’Evangile y compris du certains passages de Saint Paul : « Il n’y a plus ni juif, ni grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car vous n’êtes qu’Un dans le Christ » (Gal. 3,28).

Le système ecclésiastique est en contradiction avec les paroles de Paul aux Galates et à nous. Si les droits de tous étaient universellement respectés, les systèmes disparaîtraient, et la « famille humaine serait en construction » .

« Le défi des droits de l’homme n’est-il pas de permettre aux familles et populations les plus pauvres d’être responsables d’elles-mêmes, co-responsables de l’avenir de la communauté nationale et internationale ? » (Joseph Wresinski (1917-1988)

J’écoutais « Hard Talk » et Steve Sackur, interrogeant Martti Ahtisaari , qui a reçu le prix Nobel de la Paix 2008: les négociations d’un conflit peuvent-elles aboutir à une alliance Paix et Justice ?

Réponse fulgurante de Ahtisaari à une à une question provocante de l’excellent journaliste Sackur :
« Il est temps de prendre les rencontres et négociations au sérieux… et de ne pas se contenter de « frozen conflicts » conflits gelés parce que c’est plus pratique ! »
(ma traduction) http://news.bbc.co.uk/1/programmes/hardtalk/
Un grand homme, Martti Ahtisaari !

Encore une question : l’égalité des chances, c’est quoi quand on est pauvre, bronzé, femme, handicapé… ou quand normalement honnête dans un contexte social donné ?

En ce 10 décembre 2008, il me semble que respecter les droits humains dans les négociations, les élections (au Conseil fédéral), les rapports au sujet du Krach du libéralisme, c’est aussi respecter le droit à la vérité !!! Au moins à la recherche de la vérité! Nous en sommes loin !



mardi, décembre 09, 2008
 
Mes lectures

Federico Garcia Lorca



Complicité à deux… ou trois

"Les vagues riment avec le soupir
Et l'étoile avec le grillon
Frissonne sur la cornée tout le ciel froid,
Et le point est une synthèse de l'infini

Mais qui unit les vagues aux soupirs
Et les étoiles aux grillons?

Attendez que les génies
Aient un moment d'oubli:
Les clés flottent parmi nous."
(Harmonie: de F.G. Lorca)

Un jour, des enfants donne à F.G. Lorca une pierre à lire: et il improvise

" Chers enfants, je suis ici depuis longtemps, très longtemps. Mes plus belles années ont été celles où j'ai servi de toit à une fourmilière. Ses habitantes étaient tellement persuadées que j'étais le ciel que je l'ai cru aussi. Aujourd'hui, je sais que je suis qu'une pierre, mais ce souvenir est mon secret. Ne le dites à personne." (p.186 I.G.)

"Spirale
Mon temps avance en spirale

La spirale limite mon paysage
Et me fait cheminer plein d'incertitude.

O ligne droite! Pure
Lance sans cavalier,
Comme rêve de ta lumière
Mon sentier tournant!" (p 202 I.G.)

"Ce paysage nocturne où les insectes parlent entre eux et cet autre panorama, ou ce qu'on voudra – je n'ai cure ni besoin de le savoir – sont sur le point de n'avoir pas existé. Ils viennent de l'âme, là où soufflent des brises incroyables aux sonorités lointaines." (p 220 I.G.)

"F.G. Lorca est le poète des horizons universels, mais il reste profondément grenadin"
(p 232 I.G.)

Qu'est-ce que la vie? Quel sens a la vie?

Lorca: " Félipe, la vie, c'est le rire au milieu d'un rosaire de morts; vivre, c'est regarder, au-delà de l'homme qui brait, l'amour dans le cœur des gens. C'est être le vent et dessiner une risée sur les eaux du ruisseau. C'est venir de nulle part, aller nulle part, en étant partout entouré de larmes."(id p 235)



 
Une heureuse année dans la blogosphère

Comme je suis partie en vacances pour deux semaines, cet anniversaire arrive avec un peu de retard, mais le temps qui passe, c’est quoi face au bonheur d’un seul instant de plénitude ?



Grâce à un ami au cœur et à la vision universels, Katutura.blogspot a enfanté http://clairemarie.blog.24heures.ch, il y a juste une année (22 novembre 2008). Katutura fut dès lors membre d’une communauté virtuelle et assuma de son mieux et avec bonheur la responsabilité que lui donnait ce privilège.

Le premier billet : « Quand on a que l’amour » (paroles et musique de Jacques Brel www.youtube.com/watch?v=wZHg6AUXTKw) donnait le « la » du blog. Interprétation !

La conscience d’être UN (comme dit Albert Nolan) avec l’univers en plein déploiement, UN donc avec les humains, la nature, les animaux, la mer, le désert, le firmament, le Doubs, le lac Léman, garde le regard rivé sur l’actualité. Chercher le sens de l’actualité à la lumière de la Bonne Nouvelle de Jésus seul dans le désert vibrant, prégnant de toutes les possibilités et de tous les dangers - c’est selon - de notre petit monde !

Jésus n’est qu’AMOUR. Rien d’autre, sa faiblesse, sa force. Il nous ressemble dans la faiblesse et notre force brûle de la Sienne en nous. Laborieusement. L’espoir et le désespoir s’enlacent. Paul deTarse, « ma force se déploie dans ta faiblesse » (2 Co. 12,9). » Accepter faiblesse et force dans la faille de notre société, c’est un défi. Il faut être un peu fou pour y croire. Durant une année, j’ai surfé sur les vagues, d’une à l’autre comme un cheval blanc, laissant des bouffées d’écumes gicler dans mes petits billets.

Par exemple le 9 et 16 décembre 2007 :

· Que dit Jean-Baptiste de la liturgie aux formules répétitives de l’Eglise catholique ?
· Noël : le « devenir Homme de Dieu » aujourd’hui, quel lien ?

Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours


Le 25 janvier 2008 : Le Forum de Davos :
· Climat, terrorisme, finance: le WEF 2008 se fait peur ?

Quand on n'a que l'amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours

Le 11 février 2008 :
· Le Carême, le Ramadan et les Musulmans. C’était le temps du Ramadan et nos voisins musulmans jeûnaient consciencieusement (voir Sourate 2, Versert 177).

Quand on n'a que l'amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour

Le 27 juin 2008 :
· Etre conscient, être solidaire, être à longueur d’onde de l’agonie des millions de petites gens qui souhaiteraient que le soleil ne se lève pas demain…au Zimbabwe »

Quand on n'a que l'amour
Pour parler aux canons
Et rien qu'une chanson
Pour convaincre un tambour

Le 29septembre 2008 :
· Prier au bord du lac de Tibériade et le veau d’or qui s’effrite, les larmoiements de Bush et consort

Quand on n'a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson

Le 29 octobre :
· Nourrir les banques affamées… le retour du Zimbabwe. Nourrir les banques et nourrir les enfants au Zimbabwe.

Quand on n'a que l'amour
A offrir à ceux-là
Dont l'unique combat
Est de chercher le jour

Voilà pour l’année écoulée. Je remercie de tout cœur pour l’aide pratique et les encouragements. Et je salue cordialement tous mes fellow blogueurs !




mercredi, novembre 19, 2008
 
Mes lectures




Federico Garcia Lorca

Ecouter le poète c’est comme écouter ce qu’il y a de meilleur en soi. Et même lorsque s’égrènent timidement les jours et les années, « les archives dans les souvenirs de mon – notre - enfance » résonnent comme l’appel de Jésus :

"N’oubliez pas l’enfant en vous », il est le meilleur de vous-mêmes !"

"Mais qui unit les vagues aux soupirs et les étoiles aux grillons?"
(Harmonie)

Qui unit l’innocence de l’enfant à la sagesse du vieillard ?

"Je crois que d'être né à Grenade me donne une compréhension et une sympathie à l'égard de ceux qui sont persécutés – le gitan, le noir, le juif, le maure que chaque Grenadin porte en soi." (Aguilar ; la mort de F.G. Lorca, p 12)

"Toute mon enfance est village. Bergers, champs, ciel, solitude. La simplicité, en somme.
Je suis très surpris lorsqu'on croit voir dans mes œuvres des hardiesses personnelles, des audaces de poète. Pas du tout. Ce sont des détails authentiques qui semblent étranges à bien des gens parce qu'il est étrange aussi d'aller vers la vie de cette façon si simple et si peu pratiquée: voir et entendre. C'est pourtant si facile, n'est-ce pas?... J'ai de grandes archives dans les souvenirs de mon enfance pour avoir entendu parler les gens. C'est la mémoire poétique et je m'y rapporte." (La mort de F.G. Lorca, p 7)

"Je serai toujours du côté de ceux qui n'ont rien et à qui on refuse jusqu'à la tranquillité
de ce rien". (idem p 20)

"Je ne serai jamais un politicien. Je suis un révolutionnaire car il n'y a pas de vrai poète qui ne soit révolutionnaire" (idem p 36)

Tant qu'il y aura déséquilibre économique le monde ne pensera pas. Je l’ai constaté.
Des hommes longent les rives d'un fleuve. L'un est riche, l'autre pauvre. L'un a le ventre plein et l'autre souille l'air de ses bâillements. Et le riche dit: "Oh, la jolie barque que l'on voit sur l'eau! Regardez, mais regardez le lys qui fleurit sur la berge." Et le pauvre de murmurer: "J'ai faim, je ne vois rien. J'ai faim, grand-faim." C'est normal.

Le jour où la faim disparaîtra, il se produira dans le monde l'explosion spirituelle la plus forte qu'ait jamais connue l'humanité. Il est absolument impossible aux hommes d'imaginer la joie qui éclatera le jour de la grande Révolution. N'est-il pas vrai que
te parle en pur socialiste?" (idem p 37)

Le désir de cette explosion spirituelle : c’est quoi ? C’est le moteur, ce sont les ailes
de la plume d’un écrivain qui nourrit la pensée. Comment dire merci ?



dimanche, novembre 16, 2008
 
Méditation dominicale 16 novembre 2008



Le buisson ardent

Moïse faisait paître le petit bétail de son beau-père Jethro. Il emmena brouter ses bêtes jusqu’au mont Horeb, on ne sait trop pourquoi il se dirige de ce côté-là. Un buisson en feu l’intrigua, il voulut l’éviter, mais les flammes s’élançaient non-stop comme un appel à la réflexion ! Moïse, fasciné, un peu perdu et craintif, ôta ses sandales et s’accroupit sur ses talons. " Je Suis Celui qui Suis " remua dans son cœur de pasteur la réalité de ses compatriotes israéliens dominés par les Egyptiens. Une vraie mise en situation, écoutons :

http://mythesfondateurs.perso.cegetel.net/Le%20buisson%20ardent.htm

Yahvé dit : "J'ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte.
J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs ;
Oui, je connais ses angoisses….

Maintenant, le cri des Israélites est venu jusqu'à moi,
Et j'ai vu l'oppression que font peser sur eux les Egyptiens.
Maintenant va, je t'envoie auprès du Pharaon,
Fais sortir d'Egypte mon peuple, les Israélites."

Rien que ça ! Voilà où mène la méditation et le cœur à cœur avec Dieu : Va ! Agis ! Libère !

Qu’est-ce que me chantent les flammes du buisson ce week-end, à Bulle ? C’est simple : elles ont le visage, le vécu, la voix de notre Conseiller fédéral Samuel Schmid, qui avait assumé la responsabilité du Département fédéral de la défense (DDPS) il y a huit ans dit-on, et qui s’en ira tout soudain. Il donne quelques raisons de sa démission le mercredi, 12 novembre, face aux médias :

· Vivre l'exclusion de celui qui pense autrement, sentir monter en soi un esprit de résistance. Résister par fidélité aux valeurs comme la liberté, le respect et l'écoute de l'autre
· Tenir le coup, résister à la pression et à la diffamation.
· Considérer son âge et les signaux d'atteinte à sa santé
· Savoir écouter son corps, et détecter une certaine «fatigue de l'esprit. »
(Je cite ces 4 raisons de mémoire, librement)

Ceci est un langage nouveau dans la bouche d’un politicien. Des raisons dépouillées de calculs. Profondes, transparentes. Celles d’un homme droit ! Cela me coupe le souffle. Presque.

Mon Dieu qu’il est difficile d’imaginer autre chose qu’une langue de bois dans la bouche d’un politicien! Tant on dirait que la sinuosité des propos, l’esprit tordu, l’incapacité d’écouter la voix du peuple font partie de leur fonction et de leurs intérêts partisans et/ou personnels !

Je suis surprise : ce que dit Samuel Schmid sonne vrai ! Comme Nelson Mandela. J’ai l’audace de dire « comme Jésus aujourd’hui ! » Encore un souvenir : le 10 décembre 2005, je crois, Samuel Schmid avait été « l’invité surprise » de la Soupe, l’émission dominicale, joyeusement satirique de la RSR 1ère. Je n’ai pas pu re-entendre cette émission mais je me souviens que les garçons et filles de la soupe, taquins qu’ils sont, avaient, oui, une approche respectueusement rigolote des fourberies du système et de ses fonctionnaires. C’est l’aromate de la soupe.

Le Président de la Confédération le savait. Il s’est prêté au jeu, respectueusement itou ! Si bien que la conclusion – après la promesse de l’enfer – m’a impressionnée par l’affectueuse gratitude et le respect que lui a témoignés l’équipe de la Soupe !

Il y a un tel contraste entre cette Soupe et l’espèce de « mise en accusation télévisée » de Samuel Schmid, quelque temps après les remous Nef ! Là, le journaliste invitait des représentants de différents partis à mordre à pleines dents l’accusé Schmid. On le sentait humilié en tant qu’homme ! Sans autres armes de défense que sa peau !
J’ai eu honte d’être suisse ce soir-là ! Et je suis contente de la conclusion de François Nussbaum/Berne Arcinfo.ch 13.11.08 :

« Schmid, un homme blessé par la virulence et la perfidie des attaques subies durant des années. Il avait une autre conception de la culture politique. » La déclaration la plus noble peut-être, de Samuel Schmid, a été sa reconnaissance d’avoir « fait des erreurs, d’avoir été (trop) confiant… » Encore une fois on semble entendre le langage de Mandela. Montrez-moi un politicien, une autorité qui dise humblement : « J’ai fait une erreur ou je me suis trompé » ???

L’armée dans tout ça et dans ma méditation ? Nul de nous ne choisit de naître dans un monde où règne la globalisation des armes, cela fait partie de cette faille depuis que Caïn a tué son frère Abel et que le Créateur a demandé « Où est ton frère ? » Jusqu’à aujourd’hui.
J’appuie de toutes mes forces le mouvement GSsA, une Suisse sans armée, y compris en tout premier un Vatican sans gardes suisses armés. Mais je respecte le responsable d’une armée de Défense qui fait ce qu’il peut dans cette faille belliqueuse ! Croire à l’utopie d’une planète sans armée, c’est simplement croire à la dignité d’un seul homme ! Tout homme.
J’écoute la mélodie, la plus belle, d’Isaïe 2,3-5, « Ils, les hommes, forgeront leurs épées en soc de charrue et leurs lances en faucilles. Une nation ne lèvera plus l'épée contre l'autre, et l'on n'apprendra plus la guerre. »

Jésus à Pierre : «Remets ton glaive au fourreau ! » (Jean 18 :11)

Encore Jésus à Pierre : « Remets ton épée en son lieu, car tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée. » (Matthieu 26:52)

« Yes, moi j'ai eu le plus étrange des rêves que j'n'ai jamais eu ! J'ai rêvé que le monde était d'accord pour ne plus faire la guerre ! » (Graeme Allwright: “The strangest dream!”

Chanter cela, c’est encourageant, Miriam Makeba a montré que le chant et la lutte pour la justice et la paix sont UN. C’est une lutte, un travail. Jérémie clamait : "Ils disent: paix, paix! mais il n'y a pas de paix!" (Jérémie 6 :14)

En méditant voici que je prends la défense de Samuel Schmid, et alors ? Quand on permet à l’Esprit de Jésus de s’exprimer en nous, il va souvent à rebrousse poils des médias.

Par exemple, Matthieu 8 ; 5-17 rapporte la rencontre entre le Centurion de l’armée d’occupation romaine et Jésus ici :

http://viechretienne.catholique.org/meditation/10807-un-exemple-etonnant…

Nous nous trouvons en bonne compagnie.
Demeurer cœur à cœur avec Yeshuah, contempler le buisson enflammé de notre quotidien, puis partir avec Lui en essayant de construire la paix. Petitement. Chez nous, plus loin.
Je crois que Jésus jette un regard de tendresse sur le chef démissionnaire du Département de la Défense suisse.





mardi, novembre 11, 2008
 
Adieu Mama Africa !



Miriam Makeba quelques minutes avant sa mort… à Naples !

Elle est morte en chantant sans attendre les applaudissements !
Engagée dans tous les combats, engagée jusqu’au bout, elle se retire dans les coulisses et meurt sans attendre les applaudissements ! Oui ! la dernière note, le dernier souffle, le dernier battement de son immense cœur africain crie, murmure, une dernière caresse sur la peau du tambour qui déverse le trop-plein de sa tendresse à travers la brousse, les townships, Manhattan Brothers, « Gomorra », Roberto Saviano et tous les traqués des mafias. Naples, hier soir, ce matin : « Hamba Kahle, porte-toi bien » Mama Africa, notre rossignol de Soweto veille de là où elle vient d’arriver : Home ! Surtout ne faiblissons pas. Comme Miriam, notre sœur, mère, amie, son dernier souffle est la dernière note du chant de toutes les libérations. Un chant repris en chœur jusqu’à notre dernier souffle !

Nelson Mandela : « Elle était la première dame sud-africaine de la chanson et elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation…Ses mélodies enflammées ont fait résonner la douleur de l'exil et de la distance qu'elle a ressentie pendant 31 ans. En même temps, sa musique nous a donné un profond sentiment d'espoir. »

Mama Africa, ta voix persiste dans nos cœurs : la lutte continue, la victoire est certaine. La victoire ? :

"Pata, Pata". ("un petit rien", en zoulou). C’est tout c’est rien. La vie : un petit rien !



samedi, novembre 08, 2008
 
Méditation dominicale du 9 novembre 2008



Etre un avec Jésus, avec l’espèce humains, la nature, l’univers est une expérience qu’on ne décrit pas. On vit intensément la conscience d’Unitude, l’espace d’un moment et qui, bien sûr, inclut notre perception limitée de l’actualité, dans le creuset du passé et l’audace de l’avenir ! Un moment privilégié avec Jésus inspiré de l’Evangile. Par sa présence active en mon cœur momentanément très attentif et laborieusement réfléchi, j’essaie de faire ce qu’ Il attend de moi et de nous tous selon Matthieu 10, 27 :

« Ainsi Jésus définit-il la tâche de ses apôtres : "Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce que vous entendez à l'oreille, criez-le sur les toits »

(http://pagesperso-orange.fr/jean-claude.bologne/Allbib.html)

L’actualité : Barack Obama sous les projecteurs le 5 novembre. Je regardais le show, la jubilation y compris l’enthousiasme de mes compagnes et j’ai eu une pensée qui je n’ai osé partager ce jour-là et que je partage aujourd’hui : « Cela me fait penser à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ! » Quand j’ai raconté ce sentiment, on m’a répondu: « Tu ne serais pas un peu déphasée ? »

J’ai donc « l’audace d’espérer » que notre bonne volonté et notre prière seront sa force et la force de celles et ceux qui s’efforcent à temps et à contre temps de construire le règne de Dieu. Comme Jésus en son temps et avec Lui aujourd’hui.



Dimanche, 9 novembre 2008, Jean le bien-aimé rapportera la colère de Jésus sur le parvis du Temple (Jean 2,13-22) dans toutes les églises catholiques.

« A Jérusalem. Jésus trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

Cliquez, si vous en avez envie, sur cette adresse. On y trouve ces textes d’une actualité saisissante :

http://croireenlefilsdelhomme.unblog.fr/tag/3-textes-des-lecture-du-jour/

Cela correspond à ce que nombre de gens, moi y compris, ressentent face à l’apparente richesse du Vatican. Je suis humiliée, profondément gênée car cela n’a rien à faire avec Jésus au désert ! Cela a à faire avec sa colère au Temple de Jérusalem qu’on va commémorer et commenter à la basilique Saint-Pierre à Rome, demain !

Jésus est ailleurs, au creux de cette « faille » où nous luttons. Marginalement. Avec la multitude d’affamés de justice à qui Jésus s’identifie aujourd’hui comme hier et qui, aux USA, acclame Obama qu’ils contemplent avec leurs immenses yeux de naufragés !

« Yes we can ». L’audace d’espérer ! Créer un monde où chacun pourra manger à sa faim et boire à sa soif. Nous dirons de plus en plus joyeusement « Yes we can » !!! Oui, avec l’Amour et la force de Jésus nous le pouvons même s’il faut passer par l’échec. Il existe un abîme profond entre l’ Hosanna de Jérusalem et l’ Alléluia de Pâques !
Nous sommes dans l’abîme, entre les deux.



mercredi, novembre 05, 2008
 
Prière pour un leader



10 mai 1994

« Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne sommes
pas à la hauteur.
Notre peur fondamentale est que nous sommes puissants
au-delà de toute limite.
C'est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui
nous effraye le plus.
Nous nous posons la question :

« Qui suis-je moi, pour
être brillant, radieux, talentueux et merveilleux? »

« En fait qui êtes-vous pour ne pas l'être?
Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde. »

L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour vous éviter
d'insécuriser les autres.
Elle ne se trouve pas non plus chez quelques élus.
Elle est en chacun de nous.

Et au fur et à mesure que nous laissons brûler notre propre
lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la
permission de faire de même.
Si nous nous libérons de notre propre peur, notre présence
libère automatiquement les autres.

Nelson Mandela

(L'original de cet extrait est en réalité de Marianne Williamson, il capte si bien la pensée et l'attitude de Madiba! Cela se comprend qu'on le lui ait attribué, même par mégarde!)

Madiba offre cette prière à tout président, leader, notamment, en ce 5 novembre 2008, à Barack Obama



mardi, novembre 04, 2008
 
Mes lectures
Préambule



Question de Federico Garcia Lorca :

« Mais qui unit les vagues aux soupirs
et les étoiles aux grillons? » F.G. Lorca

Cité dans la présentation de l’île Radio Suisse Romande (Expo 02) aux lacustres potentiels.
J’eus l’occasion d’habiter l’île.


Dès lors les vagues, le ciel, les poissons, les oiseaux se mirent à réfléchir avec moi sur le radeau tout en aiguisant ma curiosité : mais qui est Federico Garcia Lorca ? Quelle réponse à la question ?

De retour à Lausanne, j’ai trouvé, à la Bibliothèque des informations, des biographies,
des textes du Poète. Comme un cadeau tombé du ciel ! Ayant rendu les livres empruntés,
je trouve, dans une petite librairie au coin d’une rue du Flon :

Titre : Federico Garcia Lorca (collection Poètes d’aujourd’hui)
Auteurs : Armand Guibert et Louis Parrot
Editions : Pierre Seghers, 1947

Je l’ai acheté, lu comme on boit l’eau au ruisseau, comme on dévore un morceau de pain complet !

Je me retrouvai, gamine de 13 ans en juillet 1936 à notre ferme de la Fin du Teck.
Un orage déchaîné, la grêle, les blés d’or couchés alors qu’on allait moissonner lendemain !
Un quart de la toiture arraché. Je sentais le regard de papa sur la tache jaunie, tachetée
de grêlons blancs comme des hosties égarées ou une manne qui nous narguait ! La main
de papa était moite et son regard humide ! Maman était déjà au travail pour parer au plus pressant afin que la vie continue malgré tout.


Curieusement, cela n’empêchait pas mes parents de discuter, de commenter les actualités
hors de nos frontières rapportées par les journaux et la Radio. Il était question justement
de Franco et de ses phalanges, hélas associés à la droite catholique de l’époque. Il était question de la révolte des rebelles qui aspiraient à une vie plus juste ! Je percevais la perplexité dans leurs arguments contradictoires de mes parents. Deux camps : les rebelles, athées, communistes, brûlant les églises, tuant les prêtres, brûlant les églises.
Et puis le caudillo Franco, défendant l’ordre établi, maintenant la loi et l’ordre, les valeurs chrétiennes. Les autorités ecclésiastiques soutenaient Franco.


Quelles étaient les causes et le but de cette guerre civile? D’où venaient les armes ? L’hebdomadaire l’Echo Illustré, avait publié l’histoire d’une Sœur infirmière qui soignait un
prêtre gravement blessé par les rebelles sans Dieu. Elle tomba amoureuse de son patient
qui mourut et la Sœur de dire : « Que m’importe à moi d’être aimée pourvu que j’aime ! »

Dans mon cœur de d’adolescente, je commençais à me faire une opinion. De prendre parti.
Pour la Justice et la Paix en Espagne ! Si les vaincus et les victimes du franquisme pouvaient écrire l’Histoire… Aujourd’hui, peut-être que Federico Garcia Lorca m’aidera à voir plus clair !


Je me retrouve en 2002 sur l’île au large de Forel. Je contemple les vagues paisibles
et je rêve en plein soleil. Les souvenirs émergent des profondeurs fluides du temps.
Ils mûrissent, fleurissent, portent toutes sortes de fruits ! Pour construire le règne de Dieu comme l’a révélé Yeshuah ! La question de l’inconnu Federico Garcia ne me quitte pas.


Serait-ce le souffle de son Esprit qui unit les vagues aux soupirs et les étoiles aux grillons ?
Je suis comme un petit grillon égaré sur un radeau à qui sourit l’étoile qui va me faire découvrir un poète, un musicien, un peintre aux milles nuances. Un beau fou captif du rêve du créateur. Ce rêve que seule, la Bonne Nouvelle de Jésus peut réaliser par la voie des poètes aussi.



L’Enfant muet

L’enfant cherche sa voix
(le roi des grillons l’a prise)

Dans une goutte d’eau
l’enfant cherchait sa voix.

Je n’en veux pas pour parler
mais pour en faire une bague
qui portera mon silence
en son tout petit doigt

Dans une goutte d’eau
l’enfant cherchait sa voix.

La voix captive au loin
Mettait un habit de grillon.

(Page 117, traduit par Armand Guibert)

http://montdutemple.blog.lemonde.fr/2005/12/



« Le jour est Dieu qui descend
et le soleil la brèche par où Il passe » F.G.L.



samedi, novembre 01, 2008
 
Méditation dominicale (2)



Jour des morts

« Leur regard me contemple…Leur tendresse sentie, c’est l’ange gardien ! »

Questions :

Le regard d’un enfant assassiné, celui des victimes de la faim, de la soif, de la prostitution, celui des suicidés, des exécutés contemplerait-il les coupables ? Le plus terrible, c’est que les systèmes protègent les vrais responsables qui restent invisibles ! Contempler qui dès lors ? Pardonner à qui ?

La tendresse des « Saints Innocents post modernes » n’a que Jésus enfoui dans leur plus profonde pureté pour contempler et pardonner.

La capacité de tendresse et de pardon de Jésus, si seul dans nos déserts habités, est un mystère, identique à sa capacité d’aimer.

« Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à manger; s’il a soif, donne-lui de l’eau à boire.
Car ce sont des charbons ardents que tu amasses sur sa tête, et l’Eternel te récompensera. »

( Prov. 25 :21-22).


Jésus avait appris les Ecritures, y compris le proverbe ci-dessus. Mais Il va bien au-delà en s’identifiant
aux victimes des ennemis, debout face aux systèmes injustes. Par exemple : Dietrich Bonhoeffer et les gazés, Oscar Romero et les opprimés du El Salvador, des milliers de par le monde qui occupent notre pensée ce 2 novembre 2008, Jour des morts. C’est-à-dire des vivants.


Dans les églises catholiques, un lumignon brûlera en souvenir de chaque personne décédée durant l’année. C’est une tradition et c’est bien. Mais l’Eglise catholique, « universelle » dit-on, donc sans frontières selon l’adjectif, pourrait allumer un lumignon pour chaque mort en Irak, en Afghanistan, au Soudan, dans les banlieues de Paris, les taudis de Johannesburg, en oubliant aucun de nos frères en humanité. Une immense promesse de Vie illuminerait notre terre…car c’est dans la mort que la Vie brille
de tous ses feux.

Le changement est en marche et les morts-vivants nous indiquent le chemin. Avons-nous peur qu’ils ne manifestent quelque chose qui nous inquiète ? Comme l’abandon des armes, des armées, des trônes et des dominations ?
Anecdote : C’était dans un township du Cap nommé Maitland. Le dimanche, la petite église vétuste était bondée ! La Jeunesse étudiante et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JEC et JOC) se retrouvaient pour
la journée et animaient la liturgie eucharistique. Avec bonheur, je faisais partie de ces jeunes et nous
étions chargés des chants ! Un dimanche nous avons trouvé, appris, décidé de chanter ce cantique irlandais du 15ème siècle (en anglais bien sûr !) qui fait chanter Jésus Christ crucifié :


Le Seigneur de la danse

« Je dansai le matin, lorsque le monde naquit,
Je dansai entouré de la lune, des étoiles, du soleil,
Je descendis du ciel et dansai sur la terre,
Et je vins au monde à Bethléem.

Dansez, où que vous soyez,
Car je suis le Seigneur de la danse
Je mènerai votre danse à tous, où que vous soyez
Où que vous soyez
Je mènerai votre danse à tous.

Je dansai pour le scribe et pour le pharisien,
Mais eux n'ont voulu ni danser ni me suivre
Je dansai pour les pêcheurs, pour Jacques et pour Jean:
Eux m'ont suivi et ils sont entrés dans la danse.

Je dansai le jour du sabbat,
Je guéris le paralytique,
Les saintes gens dirent que c'était une honte...
Ils m'ont fouetté, m'ont laissé nu,
Et m'ont pendu bien haut, sur une croix,
Pour y mourir.

Je dansai le vendredi, quand le ciel devint ténèbres
Ils ont enseveli mon corps, et ont cru que c'était fini,
Mais je suis la danse et je mène toujours le ballet.

Ils ont voulu me supprimer,
Mais j'ai rebondi plus haut encore,
Car je suis la Vie, la Vie qui ne saurait mourir.
Je vivrai en vous, si vous vivez en moi,
Car je suis le Seigneur de la danse...

(Sydney Carter poète anglais du XIIIe siècle)

http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1571

Ce chant choisi par la Jeunesse JOC et JEC, choqua profondément le prêtre, les consœurs et une
poignée
de fidèles. C’était profane, irrespectueux nous a-t-on reproché à haute voix.
Qu’attendait-on de nous ?

Nous avons continué de chanter « le Seigneur de la Danse » hors les murs de l’église. La Vie,
parfois,
fleurit hors les murs et certainement hors les tombeaux.



mercredi, octobre 29, 2008
 
Nourrir les banques affamées … le retour du Zimbabwe



Ma consœur s’est énervée devant l’écran étalant en détails les fluctuations des Bourses: « On veut absolument nous faire croire que c’est la fin de tout ! » Nous faire croire quoi ? Qu’il faut absolument recapitaliser les banques « dans l’intérêt des contribuables » même s’ils y perdent d’abord ! Darius interrogent ces « experts qui font peur en rassurant !
Qu’il faut bien réfléchir avant de priver les patrons de leurs millions! On pourrait perdre leur efficacité ! J’ai compris son ras le bol de ma compagne, mais je suis restée coite !

Quelle alternative ? Penser à qui, à quoi pour se « divertir du cauchemar à venir… et qui tarde… !? »

Tellement centré sur cette récession annoncée, on en devient morose, on prie sans y croire, on vivote, on pivote, on parlotte. De quoi sera fait demain ? C’est presque contagieux, cette atmosphère diffuse de l’inconnu, de l’insécurité… « Ils veulent absolument nous faire croire ».

Même jour : ma consœur revient d’une visite en Afrique australe, plus précisément du Zimbabwe. Elle me contacte immédiatement, elle communique: « je suis de retour … (je connais tous les endroits visités) avec un cœur brisé et pourtant heureux ! C’est exactement ça l’Afrique et c’est exactement ça, le Zimbabwe.



Un cœur brisé lié à un cœur heureux. Au sommet de l’échelle : les pouvoirs et les dominations, Mugabe-la-marionnette qui danse au gré des ficelles policières et militaires internationales.

Au bas de l’échelle, les gens, l’espèce humaine, la plèbe, surplus people ! Elle agonise, elle survit à peine, elle espère encore, elle espère toujours, elle est brisée et, insoutenable au regard, incroyable, elle sourit ! OUI. Elle n’a ni actions en banque, ni peur de la récession, elle n’a plus peur de rien, pas même de la mort ! Comme Jésus identifié à ceux « qui ont faim et soif de justice », cette petite graine meurt. La mort aura-t-elle le dernier mot ? Ma consœur ne le croit pas et moi non plus ! Nous devons le dire ! « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront » (Lc 19, 40).

Eux, c’est qui ?



lundi, octobre 27, 2008
 
Mes lectures



« On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. On met au contraire le vin nouveau dans des outres neuves, et l'un et l'autre se conservent.» (Mat. 9 :17)

« J’ai trouvé l’aveugle esclavage qui lie le présent des gens aux passés de leurs parents, et qui les poussent à céder à leurs traditions et à leurs coutumes en introduisant l’esprit ancien dans un corps neuf. »
( Les secrets du cœur, Khalil Gibran)


· J’ai envie d’écrire, à intervalles aussi réguliers que possible : « Mes lectures ».

Ma motivation, même s’il elle n’est pas très désintéressée, est néanmoins sincère, je pense.

Mais les « vieilles outres » (dont Jésus parle) et « l’aveugle esclavage aux traditions et coutumes » (Khalil Gibran ) m’interpellent et m’intriguent.

Il s’agit, je crois, de l’aveugle esclavage de l’esprit « hiérarchisé » liant les gens aux vieilles outres institutionnalisées, donc aussi hiérarchisées, afin de garantir une sécurité stérile!
Vide de vie ! Introduire
un esprit ancien dans un corps neuf – pensons aux enfants à l’école – n’est-ce pas l’avertissement de Jésus, illustré par les vieilles outres qui veulent formater l’esprit jaillissant des enfants et de ceux qui leur ressemblent ?

L’esprit de Jésus est toujours nouveau ! Il est souffle, mouvement, déploiement de l’univers
qui nous habite, qui habite les petits sur le chemin de l’école ! Quelle force d’avenir pour la
« famille humaine » !


· J’aimerais chercher dans des livres lus ou à lire, le vin nouveau et le corps neuf ! J’aimerais découvrir ce qui est neuf dans le quotidien, défiant les morts multiples et semant à pleines mains des graines de vie ! J’aimerais glaner des pensées comme des épis de blés et les offrir en passant.

« l’Echo Illustré » et nous
les dévorions avec gourmandise et rigolade…et oui, ils nous donnaient l’esprit d’aventure ! Pétillant, espiègle, observateur. Tintin et Milou.

Bien plus tard à l’école normale, la professeur de Français nous avait demandées de rédiger
un essai libre. J’écrivis donc une page enthousiaste sur Tintin. J’étais sûre de mon succès ! Résultat : un trait rouge au travers de ma page ! Zéro ! Nul ! La prof était choquée qu’une
future missionnaire puisse avoir une pensée si « volage, sans aucune maturité ! » Vieilles outres, esprit ancien dans un corps neuf…


Cher Tintin, il a aussi enseigné en Afrique, comme tant de Missionnaires pleins
de bonnes volonté.

Regardons plutôt ce signe des temps, Tintin au Congo !




samedi, octobre 25, 2008
 
Méditation dominicale 26.10.08




Avec Jésus au désert. Prendre conscience que nous sommes UN avec tous, au cœur de cette faille humaine. La méditation n’est pas une évasion de la faille, ben que, parfois, je le souhaiterais. Je ferme les yeux et me repose, en paix, en Lui, au désert. Jouir d’un moment d’intimité pour repartir fortifiés.

L’étroitesse d’esprit, l’étroitesse de la frontière sociale, culturelle, intellectuelle, l’étroitesse religieuse pire que toutes les autres, brisent le cœur et tuent l’âme ! Cette étroitesse : au nom de la tradition, de la sécurité, des habitudes, des structures de domination, de la Loi et de l’Ordre bouffent l’oxygène restant et la sève hésitante !

C’est ce que je ressens aujourd’hui, c’est ce que beaucoup ressentent et ne disent pas. On fait si souvent, bien trop souvent, « comme si » ! Une société masquée.

Yeshuah a vécu cela et il le vit aujourd’hui. Rapetissée en définitions et dogmes, en livres érudits au jargon indigeste !

Oui, le cœur est brisé et l’esprit sue, la vue se brouille et l’ouïe polluée par le râlement de ceux et celles qui « meurent de peur ». Principalement à cause des Bourses ! Dieu, la Providence… !!! va renflouer les Bourses et les Banques ! Les copains d’ici d’abord, tant pis pour les copains au-delà de nos bornes à ne pas dépasser.
Yeshuah a vécu et ressenti ça, pleuré seul, alors que ses plus proches dormaient….

Pourtant, je sais, c’est un privilège, une joie qu’il me prenne ainsi, tendrement dans sa vie où l’espace et le temps ne comptent pas. Une résurrection au-delà des petites morts quotidiennes !

Sa tendresse est ma force !

« La vie semble tantôt une chose, tantôt une autre, tantôt le bien-être physique, tantôt le chagrin, tantôt la maladie, tantôt une difficulté, tantôt une joie, mais toute la vie est seulement “résurrection”, c’est-à-dire levée de l’amour hors du tombeau du corps. Et c’est une incessante joie » (J III, 288 Tolstoï).

Tolstoï a été excommunié par le Saint-Synode russe, le 24 février 1901 après la publication de son livre Résurrection en 1899.

.