KATUTURA


mardi, avril 17, 2007
 


Nous sommes encore en saison pascale.
La dynamique qui surgit de la souffrance du quotidien, des cendres de tant de rêves de Jésus ressuscité, et qui agonise à longueur de journées sur les croix de notre actualité, cette dynamique, si on en est conscient, a son prix. Quel prix ? Celui de l’endurance « entêtée » et d’une espérance dépouillée de toute illusion en continuant notre route « faisant le bien », ou tout au moins, espérant « faire le bien » chemin faisant comme Jésus le faisait…il me semble que chaque prise de conscience d’une réalité in-humaine, chaque analyse de cette réalité, chaque action en vue de transformer cette réalité en réalité humaine, simplement humaine, cela, c’est l’actualisation de la résurrection, c’est la construction, avec l’énergie primal du Créateur, d’une famille planétaire humaine !

Un exemple :
nous étions aujourd’hui, à 17h30 à la Place de la Palud, Lausanne. Nous étions 100, 200 peut-être, rassemblés par ces paroles bien visibles sur les placards d’un jaune vif :

« S’indigner contre le racisme n’est pas un délit ! »

Demain, ceux qui le peuvent se rendront à Vevey, afin d’y être une présence solidaire de 4 jeunes gens accusés d’avoir mené une émeute le 10 mai 2005 à Bex, en fin de soirée ! Un élu du parti UDC (la droite politique dure en Suisse) s’était promené dans les rue de Bex en affichant délibérément son racisme sur les murs de la ville.



Est-il permis aux gens de peau noire de montrer leur émotion face au racisme quotidien ?
Est-il permis aux Blancs de s’indigner face aux fausses accusations de toutes
sortes ?
Est-il permis aux chômeurs, aux handicapés de « péter les plombs » face au fonctionnariat
des municipalités ?
Est-il permis aux chrétiens de douter des autorités ecclésiastiques lorsque celles-ci tentent, avec force moyens de persuasion, de leur imposer des croyances (nommées « objets de foi ») qui trahissent Jésus ressuscité hier comme aujourd’hui ?
Est-il permis de s’indigner comme s’indignât Jésus sur le parvis du Temple de Jérusalem devenu « un taverne de marchands et de voleurs ? »

A la Place de la Palud, Jacques Neyrinck, des représentants de la communauté africaine, nous ont éclairés, encouragés. On se sentait plus honnête, plus humains. Ce cher Michel d’Olivo a même tendu le micro à une gossel de 4 ou 5 ans qui a crié : « Y sont pas méchants, les Africains, faut pas leur faire des misères ! ».
La vérité sort de la bouche des enfants!



Ce petit rassemblement de personnes engagées, ce soir, c’était comme du levain dans la pâte, du sel dans la soupe….

Nous sommes montés lentement jusqu’à la Place Saint Laurent, ensemble, et avons promis de nous indigner contre le racisme, contre tous les vestiges d’une multitude de racismes qui construisent une apartheid légalisée, sournoise et mortelle pour la dignité des hommes, des Suisses, des Vaudois, de tous enfin !

Il en faudra des luttes et du temps pour déraciner ce type d’apartheid globalisé qui nous étouffe déjà… face à cette lutte-ci, la lutte anti apartheid en Afrique du Sud aura été un jeu d’enfant !

Il est grand temps de s’indigner quand les systèmes nous déshumanisent ! Et d’agir !



"Car la colère gronde, sur la terre comme au cieux,
car la colère gronde, la colère du Bon Dieu…"
chante Aimé Duval SJ