KATUTURA


jeudi, janvier 11, 2007
 
Question de Maurice :

Où avez-vous lu dans la parole de Dieu que nous devons avoir foi en nous-même ?

C’est l’article de Matin Dimanche du 24 décembre 2006 (Yves Lassueur) qui pousse Maurice à me poser cette question et je m’efforce, non pas d’y répondre, mais de réfléchir avec lui s’il le veut bien, de réfléchir avec tout un chacun, sur le défi qu'elle pose, cette question: « croire en soi ».

Maria, vous connaissez?

La foi vécue de Maria devint vraiment sa FOI en Dieu lorsque, ayant quitté à contre coeur la protection du couvent pour se lancer dans l’inconnu d’une famille menacée par les Nazis de l’époque, se met à chanter à tue-tête, comme un psaume des montagnes tyroliennes, « I have confidence in me » que je traduis timidement en « je crois en moi » , j’ai confiance en moi…sans aucune prétention, sans orgueil, simplement dans la joie d’aller au service des autres. (Film la Mélodie du Bonheur)



Julie Andrew chante sa foi sur la mélodie de Richard Rogers … Elle incarne magnifiquement cette femme courageuse Maria Augusta von Trapp (née Kutschera, née en janvier 1905 et décédée le 28 mars 1987) et c’est magnifique! Elle rayonne, elle communique sa foi autour d’elle, sa foi en elle-même lui donne la force et l'immense amour de bâtir la famille Trapp qui s’élargit au-delà des frontières.

« …. j’ai confiance en moi !
J’ai confiance au jour qui naît
d’une nuit paisible
tout s’éveille
j’ai confiance en la confiance
’ai confiance en moi »

Quelle différence entre avoir confiance en soi et avoir foi en soi ?

Avoir foi en soi, avoir confiance en soi, n’est-ce pas un « droit de naissance » qui grandit en moi dans un groupe de gens nés, comme moi pour être libres, dans la dynamique joyeuse de la liberté de chacun… ? Nos parents créent la foi en nous-mêmes en nous apprenant à faire nos premiers pas , à culbuter, à se relever, à avancer…
« Avance et tu seras libre » a dit le poète musulman



Chadad 6ème siècle

http://www.calligraphie.over-blog.net/album-165833.html – 20

C’est ce que Dieu dit aux peuples par les paroles de Sages de tous les temps:

« Pour croire à la nature et à Dieu, crois à ton âme; par elle, tu croiras à toi-même. Ton âme! tu l'estimes autant qu'elle t'estime; tu es tout par elle ... »

TERTULLIEN TÉMOIGNAGE DE L'ÂME.[Traduit par E.-A. de Genoude)

www.tertullian.org/french/g2_03_de_testimonio_animae.htm - 29k

Et le Cantique des Cantiques, écoutez:

Lève-toi jusqu’à toi-même (Ct 2,10).

Et Jésus:

« Ta foi t’a sauvé », il l’a répété souvent : à l’aveugle sur le chemin de Jéricho ; à la femme qui touchait les franges de son manteau derrière lui ; à Jaïre dont la petite fille venait de mourir…

" Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé ". Mc 17 :19

Les lépreux: c'est en chemin qu'ils sont guéris.
Alors parmi les 10, il y en a 9 qui sont tellement pressés de retrouver leur place dans la société qu'ils vont vite voir les prêtres pour dire : " voyez on est guéri " ! Et il n'y en a qu'un qui ne va pas d'abord se montrer aux prêtres, car pour lui il y a quelque chose de plus urgent, c'est de reconnaître la tendresse de Dieu. Il repart en arrière et tombe aux pieds de Jésus pour lui dire merci. Celui-là justement c'est un étranger, c'est un samaritain, c'est un hérétique. Jésus lui dit : " relève toi, ta foi t'a sauvé. " (Lc 11-19)

« Ta foi t’a sauvé » : ta confiance t’a rendu libre, elle t’a remis debout. « Va », maintenant regarde et marche par toi-même, poursuis ta route, elle ne fait que commencer. (Mc 10 :49)

Mais Jésus, triste comme nous parfois, leur disait : " Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, dans sa parenté et dans sa maison. " Et il ne pouvait faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains. Et il s'étonna de leur manque de foi, selon moi, foi en eux-mêmes d'abord! Mc 6 :1-6

Jésus bouleverse les dogmes d'alors:
« ce n'est pas pour juger le monde que je suis venu, c'est pour le *sauver. » (Jn 12:47)

A l'homme prostré:


" Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. (Mc 2:11)

A la belle Samaritaine, païenne comme pas une! Jésus parle:

"L'heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et c'est pourquoi ceux qui l'adorent doivent adorer en esprit et en vérité.'' (Jn 4:23)
Attention: quand la Samaritaine demande à Jésus s'il faut adorer Dieu dans le Temple, comme les Juifs, ou sur la montagne, comme les Samaritains, la réponse est que l'heure vient où on adorera le Père non dans le Temple ni sur la montagne, mais en esprit et en vérité.
C'est le véritable oecuménisme. Cher Jésus, que dit-il aujourd'hui au sujet de loecuménisme?

Cher Maurice, ce qui me turlupine quand j’entends dans nos églises des sermons très bien construits et très bien articulé avec hauts parleur efficaces, c'est qu'on dirait qu'ils doivent à tout prix « nous faire croire » en Dieu dans un langage sans dérive…tellement étranger à notre réalité!

On dirait qu’il faut à tout prix défendre la Foi et, comme mon ami Albert Nolan (auteur de « Jésus avant le Christianisme » Ed. Ouvrières, Paris 1979 ) nous le disait il y a des décennies de ça, … « notre recherche - de Jésus avec nous – n’est pas une tentative de sauver la foi à tout prix, mais d’essayer de découvrir, chemin faisant la vérité qui nous rend libre » (Jn 8:32), c'est-à-dire qui nous permet de croire en nous-mêmes!

Et Jésus, nous dit-on est la Parole de Dieu, donc, comme je le perçois, le verbe à l’indicatif présent, en nous.
Je ne peux pas croire en Jésus sans croire en moi, ni vice versa. J’en suis consciente. Des années durant nous avons, en Afrique Australe, (pardon d’y revenir si souvent) chercher à prendre conscience de soi, donc à croire en soi, dans une réalité, à respecter sa dignité d’homme tout simplement, dans un système où les églises flirtaient avec les autorités et justifiaient l’apartheid (négation de Dieu) tout en nous exhortant de croire en Dieu ! Dont l'Esprit était muselé dans le système! Quel Dieu pour quel homme ?

Hors des murs institutionnels, nous avons cherché et, partiellement, trouvé l’homme, Jésus, « tellement humain qu’il est Dieu » (Edward Schillebeecks) qui nous propose d’avoir foi en nous-mêmes. Le chemin continue.
Donc, oui, je crois en moi, telle que je suis et, surtout, telle que je deviens jour après jour. Cela me dit de croire en toi aussi. Idem.

Mais j’ai un immense problème :

Comment les millions d’affamés peuvent-ils dire « je crois en moi, je crois en Jésus ? Ils ont un visage, ils sont membres de notre famille humaine ».

Comment les millions de prisonniers peuvent-ils dire « je crois en moi, je crois en Jésus ? Ils ont un visage. Ils font partie de notre famille humaine ».

Comment les millions de sans domiciles fixes peuvent-ils dire « je crois en moi, je crois en Jésus ? Ils ont un visage, ils font partie de notre famille humaine».

Comment les millions d’orphelins sidéens peuvent-ils dire « je crois en moi, je crois en Jésus ? Ils ont un visage. Ils font partie de notre famille humaine ».

Comment les étrangers peuvent-ils dire « je crois en moi, je crois en Jésus ? Ils ont un visage.Ils font partie de notre famille humaine ».

La liste peut être très très longue et, selon la Bible, cher Maurice, Jésus balbutie une réponse parfois difficile à croire… sans aucun intérêt institutionnel pour lui, et c’est :

"J'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !' Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?" (Mt 25 :35-39)

Etrange : « Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? » ceux et celles
qui ont eu foi en Jésus parce qu’ils avaient foi en leur propre compassion, ne le savaient même pas ! »


Voilà, Maurice, ma réflexion, elle n’a rien d’une réponse, elle chemine…en fredonnant le refrain de Maria von Trapp : j’ai confiance …