KATUTURA


dimanche, décembre 30, 2007
 
2008



Une gamine de sept ans environ. C’est le temps de « faire les foins » au Clos-du Doubs, Jura.
Assise sur tas de foins sec et parfumé, ses coudes vissés aux genoux, son visage d’enfant paysanne
entre ses mains, elle contemple l’horizon : le Mont Terri d’où émerge le soleil,
et la sentinelle des Rangiers.
Par dessus et bien au-delà du képi du Fritz aujourd’hui heureusement trépassé, la gamine s’évade
par monts et par vaux, elle fait le tour de la terre en rien de temps. Elle est sûre que tout
y est aussi beau et bon et bien qu’au Jura ! Impossible de s’imaginer autre chose !
Sa réalité est son rêve !

Les années passent sans faire grand bruit et la fillette découvre les aspérités, les contradictions
dans la nature, chez les gens, en elle-même ! Tout n’est pas beau ni toujours bien, ni toujours bon…
Un frère bien-aimé malade, un poulain qui meurt en naissant, le peu d’argent pour huit enfants,
les bruits de guerres au-delà de la frontière toute proche…Les écailles tombent des yeux,
l’adolescente voit les choses autrement et elle demande : pourquoi ? Où est le problème ?

Elle réalise que la création du « Bon Dieu », comme on le nomme dans la famille, a une faille,
quelque chose reste à faire et c’est à nous de mettre nos salopettes, de retrousser nos manches
de chemise et de nous mettre au travail. La lutte pour la survie et la VIE n’est pas une théorie,
c’est la réalité.

Du tas de foins tout sec et parfumé de l’enfance, le besoin de franchir les frontières,
les continents mûrit dans le corps et le cœur de la jeune femme… l’envie, le besoin, l’appel presque,
de partir lutter là où la « faille » crève les yeux : chez celles et ceux qui sont moins heureux que nous
alors que, comme nous, ils sont nés pour le bonheur !

La jeune femme découvre que la « faille » n’est pas tout à fait la faute au Créateur,
mais qu’il nous fait confiance pour parfaire sa création selon le rêve de la petite fille
sur son tas de foins : le bien, le beau, le bon,. C’est l’énergie qui motive, soutient, propulse notre lutte
vers un autre monde « tout à fait possible ! » En 2008 et au-delà.

La gamine de sept ans est octogénaire aujourd’hui. C’est Claire-Marie, elle prie,
elle invite tous les amis du monde entier à scruter l’horizon et, faisant fis de tous les « képis »
du monde, à transformer obstinément « l’impossible rêve » en réalité.

Bon et bel an 2008 !



lundi, décembre 24, 2007
 
Nativité en direct en décembre 2007

En cette nuit, des mamans enfantent. Comme nous, des enfants naissent sans l’avoir demandé! Ils commencent leur traversée ! Vers l’autre rive. Et j’entends Kahlil Gibran dire aux parents :

« Vos enfants ne sont pas vos enfants…
Même s’ils sont avec vous, ils ne vous appartiennent pas,
vous pouvez leur donner votre amour mais pas vos pensées
leurs pensée leur appartiennent… » (ma traduction)



Nativité en direct

une crèche d’aujourd’hui en Irak
une crèche au Darfour
une crèche au Bangladesh
une crèche en Europe
une crèche en Chine

une crèche au désert
une crèche dans la brousse

Lui qui est né sur la paille connaît tout ça, et il a même la chance d’être entouré d’un père et d’une mère, d’un âne et d’un bœuf dit-on…que les bébés du Darfour n’ont pas…

Mais il connaît tout ça, Il l’a dit : « les plus petits, c’est moi en 2007 aussi ! » Pourquoi alors tous ces bébés en plastique dans nos crèches occidentales ?

Pourquoi plastifier Jésus alors qu’Il VIT ???

Sûrement qu’Il n’aime pas trop ça…

Quel mystère ! Oui…

« Il continue de souffrir jusqu’à la fin des temps… ne dormons pas durant ce temps » (Blaise Pascal)

Il meurt avec nous jusqu’à la fin des temps… jusqu’à la victoire « hors espace temps » sur l’autre rive.



dimanche, décembre 23, 2007
 
Et si Jésus n’était pas venu ?



Noël et la question :

2007 ans de chrétienté qu’est-ce que ça change?
Noël qu’on célèbre avec force encens, bougies, messes orchestrées, douce nuit, sainte nuit…
on met le bébé sur la paille…
on le réduit pour l’année suivante dans un carton alors que la « société ne change pas » d’un pouce !
Ou guère…
Ou bien ?

Et s’il n’était jamais venu, Jésus ?

Si Jésus n’était jamais né, je n’ose même pas y penser…Jésus, ce paysan juif, cet homme si parfaitement humain, qu’il est Dieu. (Edward Schillebeecks).
Ce verbe du créateur fait homme.
Je n’ose imaginer la planète sans Jésus, je n’ose imaginer la Palestine en son temps sans lui !
Aujourd’hui sans lui…Moi sans Lui ! Vous sans Lui !

Je n’ose imaginer la terre sans son passage, son travail, son infinie compassion, sans sa présence
aujourd’hui dans notre réalité.

Je n’ose imaginer un monde vide de son exemple, de sa vie, de son souffle, de son feu !
De son amour contagieux ! Pour les enfants, les femmes, les gens de partout et de toujours !
Un monde sans les histoires qu’il a racontées, sans Marie Madeleine, sans les enfants ni les pauvres
ni les riches …

Un monde sans Paul, ni Jean, ni Jacques …sans levain dans la pâte, sans sel dans la soupe… !

La pâte et la soupe, c’est la famille de Dieu en devenir. C’est « l’incarnation » pour employer
ce mot difficile. C’est le rêve de Jésus brisé à longueur d’années !

De son rêve brisé naît un temps nouveau : hors crèche ! Aujourd’hui Jésus et nous avec lui,
sommes en train de naître … c’est la Nativité en directe ! Oui ça vaut la peine de faire la fête !
Oh ! Merci d’être et de rester avec nous, cher Yeshuah !



samedi, décembre 22, 2007
 
Bon anniversaire Jésus (suite)

Qu’en pense Dieu ?

Ecoutez:

"Mes yeux sont fixés sur Yahvé,
car il tire mes pieds du filet…" Ps 25:15

"Notre âme, comme un oiseau,
s'est échappée du filet de l'oiseleur…
le filet s'est rompu et nous avons échappé…" Ps 124:6-7

"Dégage-toi comme du filet la gazelle
ou comme l'oiseau du piège" Pr 6:5

"Lorsque j'aurai assouvi ma colère contre le mur
et contre ceux qui le couvrent de crépi,
je vous dirai: le mur n'est plus…
on peut alors avoir des visions de paix..." Ez 13:15

"Par la force de mon bras j'ai agi…
j'ai balayé les frontières des peuples…" Is 10:13

"C'est pourquoi Jésus lui aussi, pour sanctifier le peuple…
par sa propre vie…a souffert hors de la porte.
Par conséquent pour aller à lui, sortons en dehors du camp
en portant son opprobre." Heb 13:11-14

"Moïse prenait la tente et la plantait pour lui
hors du camp, à bonne distance du camp.
Quiconque avait à consulter Yahvé devait sortir
pour gagner la tente de la réunion dressée hors du camp…" Ex 33:7

"Le tombeau vide…
vous cherchez Jésus…Il n'est pas ici…" Mt 28 :6

"Le tombeau vide…c'est Jésus que vous cherchez…
Il n'est pas ici…" Mc 16:6

"Le tombeau vide…pourquoi cherchez-vous
parmi les morts celui qui est vivant?" Lc 24:5

"Le tombeau vide…au tombeau vide…il crut…
Marie le reconnut…
hors du tombeau dans le jardin…" Jn 20:9 et16

Où trouver Jésus à Noël pour lui dire "happy birthday to you?"
"Bon anniversaire Jésus!"





Où est Bethléem et où est l'étable?



La réponse est si simple qu'on l'ignore totalement
tant elle menace le chiffre d'affaires des supermarchés

On trouve Jésus là où il a dit qu'il est:

Avec Marie de Magdala, amoureuse de Jésus, on le reconnaît hors du tombeau :
dans les jardins du monde, par exemple :

"J'ai faim…j'ai soif…je suis un étranger,
je suis nu, je suis malade, je suis prisonnier…"
et vous êtes avec moi… Matt 25:35-37

Pas les autres seulement
Tour à tour chacun de nous a faim, soif,
chacun est étranger, nu, malade, prisonnier

Alors "Bon anniversaire et Joyeux Noël à nous tous…"


Et puis encore:
"Quiconque accueille un petit enfant…
c'est moi qu'il accueille." Matt 10:42
"Bon anniversaire et Joyeux Noël les petits!"

Jésus dit:
"je vous le dis, retournez à l'état des enfants
pour être avec moi…qui se fera et qui se sait
le plus petit, il est le plus grand…" Matt 18:1-4

"Bon anniversaire" à nous tous…
puisque cet homme merveilleux, grand, beau, bronzé…
Jésus, continue sa route avec nous ici même
en ce Noël 2007





mercredi, décembre 19, 2007
 
Bon anniversaire Jésus!

je suis heureuse que tu sois né, heureuse que tu sois parmi nous
depuis 2007 ans bientôt, dit-on,
sur la paille, sur les mers, dans les déserts
aux Golgothas de chez toi et de chez nous

et puis dans un tombeau dont tu t'échappes
pour habiter à tout jamais en liberté
dans nos cœurs, tu es chez toi chez nous, chez moi, yeshuah !
tu as mon âge et tu connais la rage de vivre en liberté.
Je le crois.

Je relève donc à longueur d'années le défi de créer
avec toi un monde de liberté,
une grande famille humaine
où la seule et l'unique raison d'être des hommes
et femmes que nous sommes
est de s'aimer les uns les autres
du mieux que nous pouvons,
comme tu nous a aimés.

Mais tu nous connais, nous luttons obstinément, souvent
dans le brouillard et les orages, et nous défions
notre paresse, notre désir de sécurité
qu'offrent, toujours plus nombreux, les systèmes,
les camps, cages, murs, frontières, portes, temples et tombeaux,
quitte à s'y faire, à s'y complaire,
à les désirer même, ces prisons qui coupent nos ailes,
éteignent nos bougies à peine allumées, vident nos têtes
et dessèchent nos cœurs.

Alors, Jésus, le fait qu'à travers la planète résonne encore en 2007:
"Joyeux Noël et Bon anniversaire!"
renouvelle en nous tous , en moi,
la rage de créer la liberté comme tu l'as rêvée
en fuyant d'Egypte en Egypte, en nous hâtant, nous avec toi,
vers nos Galilées planétaires annoncer
l'urgence de créer une société
hors systèmes,
hors camps, cages, murs, frontières, portes, temples et tombeaux
pour devenir une famille sans murs ni cage ni filet,
une famille où l'on essaye de s'aimer
Est-ce encore une utopie, cette vision hors cage?
Qu'en pense Dieu?
Bon anniversaire Jésus!

Bethlehem au coucher du soleil aujourd’hui




dimanche, décembre 16, 2007
 
Avent 2007



J’ai un problème avec le temps de l’Avent et avec Noël. Pendant l’Avent, la liturgie nous fait dire
« qu’on attend, qu’on attend …», et puis « qu’il vient, qu’il vient, qu’il vient ». Qui vient ? Jésus.
En fait avant qu’il ne « vienne au monde » à Bethléem, on nous dit que les prophètes l’avaient déjà
attendu « durant plus de 4000 ans ».

Et puis, depuis cette première année (après sa naissance donc) et jusqu’à l’âge de 33 ans environ,
il nous montre ce que c’est que d’être un homme : « Fils de l’homme ». Le VERBE (la parole donc)
de Dieu fait homme. En fait, c’est très concret, musclé, charnel : un verbe, ça fait quelque chose !
Cela crée ! C’est une personne !

En fait Jésus n’a écrit ni livres ni encycliques ni sermons pour nous montrer son Abba et le nôtre !
Il était et il est. « Qui m’a vu a vu mon – et votre – Abba ».

Les maîtres des systèmes, politiques, religieux ou autres, n’aiment pas trop que les « sujets, les fidèles » agissent librement, sans demander leur aval ou leur bénédiction. Jésus a eu l’audace de faire juste ça
et de le dire : « On vous a dit et moi je vous dis ! » Il a dit quoi ? Qu’on est là pour être aimés et pour
aimer ! C’est tout. Jésus est aimé des petits et des marginaux. Ces petites gens comprennent facilement
ce langage-là ! Cela leur fait chaud au cœur ! En ces personnes insignifiantes, Jésus est enraciné, il vit.
Il n’est pas un « baby ». Il est le serviteur souffrant et luttant pendant l’Avent… le « menschwerdung » :
le devenir homme de Dieu (on dit aussi : incarnation).

Mais les maîtres des systèmes ont eu peur de « l’Amour fait homme », ils l’ont tué…
On ne tue pas l’Amour, Il continue de germer, de naître et d’agir avec audace dans,
et par les hommes/femmes de partout et de tous les temps.

Et quand les gens agissent comme Jésus qui est leur force, la famille humaine est en voie de construction… elle ne veut que la paix, la justice, et surtout elle ne veut plus tolérer, ni injustice, ni armes, ni guerres,
ni prisons, ni pollution, ni lacs secs, ni forêts calcinées…

Mais j’y pense : mon problème avec l’Avent, avec Noël, ce n’est pas tellement parce qu’on se fait
des petits cadeaux, parce qu’on aime être « cadeaux les uns pour les autres ».

Non, mon problème, c’est plutôt le manque d’un Bilan sérieux de ces 2008 années de chrétienté …
qu’en pense Jésus ? J’essaie bien de faire un espèce de Bilan dans mon coin. Mais les institutions,
du moins celles qui se disent « chrétiennes », est-ce qu’elles font un Bilan de leurs activités pastorales ?
Il ne s’agit ni de statistiques, ni de chiffres, ni de sous… il s’agit plutôt, comme Jésus et ses premiers amis
l’ont fait, de la manière de vivre, de partager, d’aimer tout naturellement… de telle sorte que mêmes
les « maîtres des systèmes » s’étonnent et pensent : « voyez comme ils s’aiment » (Tertullien, IIè s. Apologétique 39)…

Pour moi, l’Avent et Noël restent quand même un problème.
Peut-être un beau mystère !



dimanche, décembre 09, 2007
 



Le 2ème dimanche de l'Avent:

Ce samedi 8 décembre est un jour férié au Canton de Fribourg. L’église y fête la mère de l’homme de Nazareth : Jésus Ben Joseph.
Demain, 2ème dimanche de l’avent, Matthieu (3 :1-12) racontera que Jésus est venu se faire baptiser
au Jourdain par Jean-Baptiste, et le Baptiste n’avait pas la langue dans sa poche. Voyez le texte,
il n’est pas long…

Jean-Baptiste, vêtu de poils de chameau, d’une ceinture de cuir autour des reins et se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage….Il baptisait.
Au Jourdain, les gens de la région confessaient leurs péchés avant de recevoir le baptême alias
l’absolution. Lisez ce que dit le Baptiste à la vue des pharisiens et des sadducéens :« race de vipères…produisez donc des fruits de repentance… » « la cognée est à la racine de l’arbre » et Jésus,
selon Jean : « a son van à la main; il nettoiera son aire… »
Aujourd’hui, « son aire », c’est la société dont nous sommes membres. C’est nous dans nos contextes respectifs.

Je me demande ce que Jean-Baptiste et Jean diraient aujourd’hui à ceux qui, à la messe,
récitent par cœur : « je confesse à Dieu tout-puissant… que j’ai péché en pensées, en paroles, par actions,
par omissions … je demande pardon… » et qui reçoivent un pardon « hop !hop ! » quasi automatique et instantané à travers quelques paroles prononcées plus ou moins rapidement…avant que continue
la messe et qu’on écoute l’évangile et ce que le prêtre en dira… malheureusement, l’art d’édulcorer afin
de ne pas « culpabiliser les ouailles » rendra, c’est possible et fréquent selon moi, neutre et quasi nul
le message du Baptiste et de Jésus…pourtant clair comme l’eau de roche !

Que diraient-ils aujourd’hui dans les pays « aux valeurs occidentales chrétiennes ? »

À ceux qui veulent à tout prix construire les plus beaux stades du monde pour les Coupes mondiales
en Chine (2008), en Afrique du Sud (2010 ) tout en expulsant des milliers de gens redondants,
« surplus people », vers les « déchèteries » périphériques ?

A ceux qui flirtent avec les médias afin d’empoisonner de leur double langage les gens crédules,
ceux qui ne cherchent qu’un peu de vérité ?

A ceux qui acquittent les voleurs riches et condamnent les petits délinquants ?

A ceux qui, au nom de Dieu imposent des fardeaux insupportables sur les épaules des fidèles,
soit au niveau morale, doctrinal, financier tels les impôts paroissiaux à tous les niveaux :
du fédéral au paroissial !?

A moi quand je n’ai pas le courage de mes convictions ?

On peu continuer ainsi … car nous avons tous besoin d’être sur le chemin de la conversion permanente,
pas tellement en se méprisant soi-même, mais plutôt en essayant de respecter les gens comme
on se respecte soi-même…Jésus a dit ça un peu autrement !



dimanche, décembre 02, 2007
 
1er décembre 2007
Journée mondiale du SIDA


Un fait en Afrique du Sud




Le travail de ma consœur Rita consiste à visiter les écoles rurales dans la Province au nord de Johannesburg, une large étendue entre la capitale provinciale, Rustenberg et Sun City, bien connu des joueurs de sous, des organisateurs de concours Miss World, des amateurs d’or, de sexe et de roulettes… ignorants, semble-t-il, des milliers d’orphelins sidéens qui agonisent et meurent dans les villages et townships de la périphérie.

D’une école à l’autre, Rita rencontre les enfants et leurs parents, quand ils en ont encore, et les enseignants. Elle écoute, observe, essaye de partager son savoir-faire professionnel et son amitié. Enseigner, éduquer, s’affirmer face aux nombreux systèmes – toujours grevés d’injustices - en place sous le nouveau régime comme sous l’ancien.

On est loin de la parole de saint Augustin: «La gloire de Dieu est l’homme debout!»

Rita voit des milliers de petits orphelins sidéens rampant à même le sol, assis dans le sable des chemins,
se traînant dans les huttes, hors des huttes, parmi les chats, les chiens, les chèvres et le fourmillement d’insectes. Ces petits agonisent dans d’atroces douleurs.

Mort, le petit cadavre, enveloppé d’un bout d’étoffe sera enfoui dans la terre où des milliers d’autres
vont le rejoindre au fil des jours.

Rita a vu leur regard d’enfant posé sur la société.

Elle rencontre Nothombe (nom d’emprunt) une enseignante africaine, mère de famille qui, elle aussi a perçu ces regards insupportables des enfants agonisants. Où est la dignité humaine?

Nothombe a décidé de quitter l’enseignement, de renoncer à son salaire, de rassembler dans
sa petite maison une vingtaine d’orphelins sidéens pour s’en occuper, sans faire de différence
avec ses propres enfants non contaminés. L’approche est holistique, il s’agit d’atteindre le corps,
le cœur et l’intelligence des petits orphelins. Chaque jour un peu de toilette, une natte propre,
du porridge si possible sucré et quelques gouttes de lait pour le corps. Pour l’intelligence: des chansons,
un peu de tam-tam, des mélopées africaines, des jeux, des crayons de couleurs et des bouts de papier,
des petites pierres rondes. Pour la sensibilité: la tendresse, les caresses, un sourire pour un cœur d’enfant
en dérive! Condamné à mort…

Rita revient trois semaines plus tard, elle trouve les petits sidéens, certes toujours malades, mais dignes
et heureux, souriant même, en dépit des spasmes d’un corps qui s’effrite. Rita me dit: «Ils ressemblaient
à des fleurs flétries que quelques gouttes de pluie auraient fait revivre!»

On sait que l’accès aux médicaments est quasi nul, on est au courant de la déplorable politique de la santé, d’autant plus que cette région se trouve dans une zone rurale particulièrement délaissée.
La minivie des minisidéens s’éteint comme une petite bougie lumineuse consumée jusqu’au bout.

Nothombe, ses voisins, des amis font des miracles. On partage le peu qu’on a et on prolonge d’un mois,
de six mois peut-être, le droit des enfants à mourir dans la dignité humaine.

Améliorer les méthodes et les campagnes de prévention de la maladie? Oui.

Prendre conscience du rôle des firmes pharmaceutiques d’une part, confronter la quasi-indifférence
du gouvernement actuel face à la tragédie de son peuple d’autre part? Oui.

Créer un réseau de solidarité pour la vie des petits et leur droit à mourir dans la dignité?
Cela se fait au ras des pâquerettes. Les médias n’en parlent guère.





lundi, novembre 26, 2007
 

26 Novembre 2007




Après une lecture de la dernière page de 24 Heures du vendredi 23 novembre.






Un paysage hivernal. Un homme grisonnant en route vers Notre-Dame d’Oujon. Une tasse de thé à la cannelle. L’homme, c’est Antoine Reymond. Il aime la nature, l’air frais, la marche qui le conduit vers une chartreuse que lui et son compagnon devinent à travers des ruines et des tertres, vestiges d’un passé révolu car le monde bouge. Antoine Reymond est soucieux face à l’attitude et à certaines paroles de la hiérarchie catholique (outrageusement médiatisées) qui humilient les communautés des Eglises réformées, et d’autres encore ! Sera-t-il possible de continuer le dialogue et de travailler avec les catholiques, se demande-t-il ?
Je me tourne vers Jésus, seul au désert, il savait que « de Jérusalem il ne restera pas pierre sur pierre »
(Luc 21 :6) à moins que …il se demandait comment s’y prendre pour dénoncer la domination et annoncer la libération qui permet aux gens de vivre ensemble.
Vivre ensemble, c’est pas ça le but du mouvement œcuménique? Vivre ensemble dans une liberté mutuellement respectée ? Ce serait ça le fruit de l’œcuménisme à travers le monde, ce serait peut-être la fin des guerres de religions…

Il me semble qu’Antoine Reymond réfléchit un peu à la manière de Jésus. Il est pessimiste, déçu, fâché, presque désespéré et il se demande ce qu’il faut faire face à « l’affirmation identitaire, à des schémas de pensée sectaire , à des réinterprétations de Vatican II ». Il se demande comment s’y prendre :
« Se battre contre dit-il, car c’est fondamentalement non évangélique ».

Jésus s’est « battu contre ». Il a dénoncé les systèmes de domination en annonçant le royaume : la famille des humains ! Il tenait de sa maman qui, elle, avant même qu’Il fut né, reprenait à pleine voix le Magnificat, qu’Anne, la mère du prophète Samuel chantait en son temps(1er Samuel, 1-2, et Luc 1 : 46-56) !

Pourquoi jubile-t-elle, Marie, cette femme au foyer ? Cette femme du peuple comme moi ? comme vous ? Parce qu’elle sent que la réalité des opprimés et des humiliés ne peut pas durer… il y a du changement dans l’air, la domination des institutions politiques, religieuses ne peut pas durer… Dieu n’a pas fait la planète pour en faire un assemblage de « petites boîtes », des ghettos !

Marie anticipe la Bonne Nouvelle de Jésus en chantant :

Dieu déploie toute la force de son bras ;
Il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ;
Il a jeté les puissants à bas de leur trônes et a élevé les humbles ;
Les affamés, il les a comblés de biens
et les riches, il les a renvoyés les mains vides…
Il se souvient de son Amour !

De tout temps les gens ont dû se battre contre les « trônes, les dominations».
Les replis sur soi, sur des passés révolus sont des signes qui caractérisent notre époque
où la grande peur des autres mènent aux dictatures des pouvoirs institués !

Face à ça on peut, de nos modestes « épiceries de quartier », nous joindre à ceux et à celles
qui vendent des petits pains aux affamés de justice et contribuent ainsi
à la globalisation de la compassion

(World Wide Web !)

L’œcuménisme contribue à la construction de la famille humaine,
du Canton de Vaud au reste de la planète.



jeudi, novembre 22, 2007
 

Ce jeudi, 22 novembre 2007

Chers amis et amies de partout, bonsoir! Je suis tellement heureuse de vous retrouver là où vous êtes!

Le 16 juin 1976 à Soweto : la révolte des écoliers et des étudiants : Hector Petersen, le premier enfant abattu par la Police sud-africaine…plus de 800 furent abattus après lui…ma pensée était avec eux ce samedi 16 juin 2007…

Ce même samedi 16 juin journée des réfugiés en Suisse aussi. J’allais prendre le bus No 2 pour la gare (Lausanne) afin d’arriver à temps pour la rencontre organisée à Berne, avec et pour les réfugiés de chez nous et de partout.

Je suis arrivée, sans le vouloir aux urgences de l’hôpital d’Yverdon les Bains… hôpital, trauma, complications… ce 22 novembre 2007 enfin, je reviens vers vous avec beaucoup d’affection et de bonheur. Tous les jours, j’ai pensé, senti, prié avec ceux et celles de par le monde qui se tendent la main, qui cherchent un regard, un sourire, une caresse, un mot peut-être… justement parce qu’on est que des humains avançant clopin-clopant sur les chemins de notre toute petite planète.

Je vous embrasse avec juste quelques notes de musique :

« Quand on a que l’Amour

Quand on n'a que l'amour
A s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour… »




vendredi, juin 15, 2007
 
PRETORIA in 1960

Je me souviens des années soixante en Afrique du Sud, plus précisément à Pretoria.
Chaque année, les Eglises organisaient un « Theological Winter school », que j’appellerais une semaine entière de réflexions théologiques sur notre situation d’Apartheid. L’invité était une personnalité venant d'un autre continent Il venait soit d’Allemagne, de Grande Bretagne, de l’Amérique du nord ou du sud.
Les sessions, intenses et animées duraient une semaine entière, de 9h00 du matin jusque tard le soir et nous faisions des kilomètres pour retourner dormir dans nos communautés respectives !

Nombreux étaient les participants : laïcs, clergé, religieux/ses de toutes races, tous engagés
dans une grande variété de situations !

Bien qu’une permission pour une rencontre interraciale ait été sollicitée et accordée, nous sentions es tensions des fractures du système, et nous savions que l’œil de la Police de sécurité veillait.



A l’époque, le problèmes de la race noire soit disant moins bien instruite, moins bien articulée,
était fortement accentué par la problématique des sexes. Les conférenciers étaient des hommes,
les cadres étaient mâles, les animateurs aussi. Le rôle des femmes noires et/ou blanches était soit de participer à l’accueil, au secrétariat, au service du thé et des biscuits,
bref le rôle des « servantes des seigneurs » comme nous le disions avec une aimable et innocente ironie.

Au Forum, une ou deux fois par jour, les arguments, les débats étaient presque toujours menés par des hommes, pire, par des ecclésiastiques ou des supérieurs trop souvent à la langue de bois
et au jargon qui n'avait rien à voir avec la réalité des gens

Je me souviens du tournant : l’invité était un théologien et historien anglais que je nommerai par ses initiales A.H. (décédé il y a quelques années). Astucieux, un peu à la Mandela (en prison à l’époque)
il laissait faire jusqu’au moment où il invita, comme seul un gentleman peut le faire, les femmes à prendre
la parole ! A s'impliquer dans le débat! Les hommes durent attendre. Nous, kles femmes, étions presque choquées de cette approche, de cette ouverture. Nous avions des choses à dire… sans rhétorique, avec nos mots, nos expériences, la tonalité de nos émotions…mais il y avait une espèce de peur diffuse « l’œil et l’oreille » des supérieurs/es, femelles ou mâles veillaient. "Et nous n'étions que des femmes!"

Je me souviens de mon premier effort : je voulais qu’on parle du racisme dans la liturgie (paroles, symboles, gestes etc etc) qui souvent était totalement déphasée, sinon, offensante des valeurs culturelles et religieuses des Noirs.

Je voulais le dire en public devant deux cent personnes au moins, je devais le dire, « stand up and be counted ». J’étais morte de peur, la sueur coulait le long du dos. Je lève la main comme on se jette à l'eau, et immédiatement le conférencier de dire haut et fort : Yes Sister !

Je n’avais plus le choix. J’ai dit ce que je voulais dire. Ce fut suivit d’un tonnerre d’applaudissement des mains et des pieds, venant de toutes les femmes et de pas mal d’hommes ! D’autres interventions
de femmes noires, métisses, indiennes, blanches suivirent. Ce fut animé comme jamais. Le débat émergeait de la réalité concrète… peu à peu au cours des heures et des jours, les hommes reprirent la parole et, les échanges hommes femmes devinrent féconds et même chaleureux à travers toutes les confrontation…

A.I. est resté notre ami, le mien surtout, jusqu’à sa mort à Leeds, UK. Il avait écrit un petit livre que nous dévorions : « En désobéissance filiale » (In filial disobedience). Il était prêtre et à un moment
ou cela ne se faisait pas, il avait invité tout le monde à communier « sous les deux espèces » comme c’était alors dit. D'où la désobéissance filiale.

J’ai raconté cette petite expérience pour essayer de montrer à quel point les femmes, au temps et dans la région où vivait Jésus, ont dû se sentir valorisées, estimées, aimées, pour elles-mêmes, leur beauté, leur intelligence, par l’approche de Jésus !

Dans cette société juive, les femmes et les enfants n’avaient aucun statut ! Jésus met tout cela sens dessus dessous : il parle avec des femmes, ils les interpelle, il les écoute, il leur demande à boire, il se laisse aimer, parfumer par elle et Oh !, il les défend publiquement quand les autorités morales veulent lapider leurs victimes pour le soit disant péché de prostitution ! Plus : il écrit dans le sable. Oh ! ces paroles écrites
dans le sable. Elles étaient de feu pour ces violeurs et dominateurs qui s’esquivaient dans la honte
de leurs actions, à eux!

Mais quel scandale une telle approche a causé dans l’entourage de Jésus ! Et Il allait de l’avant. Il invitait
des femmes à le suivre en tant que disciples ! Il mangeait avec elles en famille.

Au sujet de la prostitution (toujours selon Albert Nolan : Jesus Today), Jésus était révolté du traitement infligé aux femmes violées qu’on disait, et qu’on dit être aujourd’hui encore des prostituées.
Ce sont ces femmes-là et non les violeurs que les autorités morales religieuses taxaient de pécheurs, pécheresses ! La prostitution et l’adultère exigent au moins deux éléments.

Souvent la demande et l’argent pour le « travail » des femmes vient des hommes ! Pourquoi alors mettre la faute aux femmes ? Aujourd’hui, hélas comme autrefois au temps de Jésus !
Donc le message de Jésus est d’une actualité poignante et claire et magistralement mise en exergue
dans l’histoire que nous raconte. Jean 8 :1-11.




Jésus avait invité six femmes et deux enfants à son souper d’adieu.



jeudi, juin 14, 2007
 
Jésus aujourd’hui

Quand il s’agit de dignité humaine, tous les hommes sont égaux

Questions : la dignité humaine, c’est quoi ?
L’égalité de tous, ça rime à quoi ?

Chaque créature a le droit d’être conscient de sa dignité, de sa valeur.
Ce droit, on le revendique par amour pour soi-même et pour le créateur !
Chaque créature a le droit de s’aimer soi-même, elle a droit à l’amour des autres
comme elle a le droit de les aimer pour eux-mêmes indépendamment des circonstances,
des apparences et des performances !

C’est vite dit : ces beaux mots ! Mais pour devenir conscient, chaque être a besoin, à sa naissance
et par la suite, de nourriture, de lait maternel, de pain et d’eau...

Jésus, Lui, était absolument intransigeant
lorsqu’il était question de dignité, d’égalité et de respect !


Dans sa société, soigneusement structurée, comme la nôtre, en échelons superposés selon le statut,
la race, la religion et tant d’autres choses... Jésus refusent, par exemple, de traiter les enfants
et les femmes en inférieurs, en personnes sans importance !

L’attitude de Jésus envers les femmes et les enfants mettait les us et coutumes
de sa société sens-dessus dessous.

D’une manière bien plus choquante encore lorsqu’il encourage fortement
des « carrières vers le bas et non pas des carrières vers le haut » ! Alors que ses amis,
ses apôtres déjà à l’époque ( !) se querellaient au sujet de qui d’entre eux serait le plus grand,
il les corrige en leur racontant une histoire, une parabole qui montre que la « dernière place » revient
au maître, au directeur, au chef... une réussite !

Il leur montre un petit enfant sans rang ni statut dans la société, et dit à ces hommes, ces adultes,
(ces évêques et ces papes de demain nous a-t-on dit) qu’il doivent s’efforcer de ressembler à cet enfant. (Marc : 9 :33-37)



Sommes-nous tous égaux dans un système à échelons ?



mercredi, juin 13, 2007
 


Cette image est le réel township Katutura qui signifie: "on a pas sur cette terre, une cité qui dure"

Jésus

n'a jamais voulu offenser qui que ce soit en prêchant la Bonne Nouvelle. S'Il a dit "Malheur à vous les riches" ce n'était pas pour offenser les riches, c'était simplement pour les aider à rétablir un certain équilibre dans le système injuste de son temps. Chez nous, aujourd'hui, Il dirait la même chose mais sans aucune intention de heurter la sensibilité des riches. Il demande simplement que nous soyons tous capables d'avoir assez à manger.
Je m'en voudrais si certains messages de ce blog montraient un Jésus qui fait mal aux riches, non. Jésus veut seulement que les pauvres aussi aient droit à la vie.



 
ceci est un essai de communication



lundi, juin 11, 2007
 
Jésus aujourd’hui

"Malheureux les riches, heureux les pauvres..."

Inimaginable, ces paroles de Jésus aujourd’hui ?

Si oui, alors pourquoi se dire « chrétiens » ?

Continuons notre réflexion avec l’aide de « Jesus Today » (je ne m’en lasse jamais !)

Pour se rendre compte de l’effet des paroles de Jésus sur ses contemporains, on peut s’imaginer la scène
ces jours passés, à un dîner des dirigeants du G8, à Heiligendamm près de Rostock.

Jésus n’est pas invité mais il arrive à l’improviste. Simple, debout, d’une voix calme et claire, Il dit :
« Vous êtes bien malheureux, vous les riches, vous n’êtes pas bénis du créateur, en fait vous êtes bien à plaindre… »

On imagine Bush, Blair ouvrir de grands yeux plein d’effroi et se demander ce que font les services de surveillance pour avoir laissé entrer l’intrus avec ces mots qui cause scandale!



Une question fuse pourtant :

Que veut-il dire? pourquoi sommes-nous à plaindre, nous les surdéveloppés de la planète ?

Jésus disparaît, sa parole reste :

« Vous êtes à plaindre parce que le seul moyen de survie de la race humaine est que vous, les riches, soyez prêts à partager concrètement et sans attendre, vos richesses avec le plus grand nombre;
que vous soyez d’accord d'abaisser votre niveau de vie au niveau de celui du plus grand nombre;
que vous vous attaquiez à la construction d’une société égalitaire… »

Les riches diraient : « Impossible, c’est trop difficile, c’est utopique… ce serait le fiasco du monde des affaires» Mais cette voix persiste dans la conscience collective comme la plainte d’un petit enfant :

« Donne-nous notre pain quotidien … on va pas l’accumuler, ce pain, on en veut seulement une tranche
pour aujourd’hui…avec un peu d’eau ! »



De même, Jésus se promène parmi les anti G8 à Rostock. Quasi par effraction : debout, d’une voix calme
Il leur dit : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on
a persécuté les prophètes qui ont été avant vous »
(Matthieu 5:1-12).

Quand les gens, la presse, la télévision claironnent toutes sortes de louanges vous concernant, attention,
dit Jésus…c’est peut-être un piège ! Pour votre EGO dans tous les cas !

D’autre part, lorsque vous vous engagez corps et âme dans la construction d' une société plus juste, soyez prêts à oublier votre « bonne réputation »…on va dire que vous êtes des gauchistes, des communistes !
Tant pis ! Jésus a subi le même sort. En silence. Etre mis à l’écart, être insulté, humilié, est parfois un bien caché qui porte des fruits abondants, tôt ou tard.



dimanche, juin 10, 2007
 
Un petit problème

d'informatique



j'essaie laborieusement d'organiser ce blog afin que nous puissions librement faire des commentaires si nous le souhaitons...

Mais il faut un peu de patience
je porte en mon coeur tous ceux et celles qui passent par Katutura!

Libellés :




vendredi, juin 08, 2007
 
Subversion : les Béatitudes



Fra Angelico 1400 - 1455

(toujours selon ma compréhension de « Jesus Today », Jésus aujourd’hui).

La manière d’être et d’agir de Jésus, ses paroles, surtout celles rassemblées dans le « Béatitudes », étaient subversives ! C’était en contradiction claire et directe des valeurs évidentes de ses contemporains.
Ces valeurs-là, pour eux - tout comme les valeurs du capitalisme sauvage et systématisé pour ce qui nous concerne – étaient évidentes. Elles n’était pas remises en question. Imposées par les puissants, subies et acceptées par les impuissants.

Exemples :

· montrer l’autre joue au lieu de se venger
· aimer ses ennemis au lieu de les haïr
· faire du bien à ceux qui nous haïssent
· bénir ceux qui nous maudissent
· pardonner jusqu’à 77 x 7 fois

(Mt 5 : 38-43 ; Lc 6 : 27-37 ; Mt 18 :22)

Ces seuls exemples, vécus au quotidien, révolutionneraient du tout au tout les relations sociales des paysans juifs entre eux ; encore plus, cela révolutionnerait les relations entre les différents groupes, les classes, entre les religions, entre les nations. Ce serait un monde nouveau...

Mais Jésus va plus loin lorsqu’il s’agit des riches et des pauvres.

Tout le monde pensait (en son temps comme aujourd’hui) que Dieu avait béni les riches en les comblant de toutes sortes de biens.

Debout, face à ça, face à cette manière de penser, Jésus clame le contraire :

« Vous avez de la chance, vous les pauvres » ! (Luc 6 :20)

Non, les chanceux, les bénis ne sont pas les riches, ce sont les pauvres.
Ceci ne signifie nullement que c’est bon d’être dans le besoin, cela n’est pas une promesse faite aux pauvres qu'ils vont, un beau jour, s’enrichir…

Non! Cela signifie d’abord que les pauvres ont une grande chance de ne pas faire partie de la société des riches :

car les riches sont à plaindre :

« Malheur à vous les riches ! » (Luc 6 :24)

Ils sont à plaindre parce que ce sera pour eux très difficile, sinon impossible, de s’adapter au monde à venir (le royaume de Dieu) où tout sera partagé entre tous. Pour les riches, partager est aussi difficile
que pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille.
La chance des pauvres est que, pour survivre, ils ont appris à partager.




jeudi, juin 07, 2007
 
Une révolution



La spiritualité de Jésus

(selon ma compréhension de « Jesus Today » comme mentionnée plus haut)

L’inspiration première de la spiritualité de Jésus venait sans doute des textes des Ecritures hébraïques. Comme nous l’avons déjà vu, Jésus vivait dans une société juive tout imbue des Ecritures. Ceci ne signifie nullement que cette société, dans la pratique, fut guidée par les meilleures valeurs des Ecritures qu'elle lisait à la synagogue!

De même pour notre société post moderne : peut-on dire que les institutions et les groupes sociaux qui se réclament du Christ, incarnent les Béatitudes ?

Comme dit hier, Jésus se trouvait être dans une société fortement influencée par les valeurs émergentes gréco-romaines.

Aujourd’hui, l’Esprit de ce même Jésus, agissant pour annoncer la Bonne Nouvelle, souffle au travers des mentalités fortement influencées par le néo-colonialisme et ceci jusqu’au plus haut niveau des différentes hiérarchies ! De la base au sommet, (pour prendre l’image pyramidale, celle qui convient le mieux semble-t-il à l’église catholique) les valeurs dites « capitalistes », enrichissent scandaleusement les élites en appauvrissant crapuleusement les gens « des sous-sols de l’humanité ». Ce mécanisme est devenu un système que certaines autorités religieuses, certes, n’approuvent pas, bien qu’elles en vivent dans la pratique.

Alors ?

En son temps et chez lui, notre Jésus a mis sens-dessus dessous les valeurs greco-romaines et juives qui déshumanisaient les petits.

Son style de vie, ses paroles, ses actions étaient le contraire de la culture polluée de son époque !
Dans ce sens-là, on peut dire que la spiritualité qui inspirait les actions de Jésus était révolutionnaire.

Jésus n’était pas un réformateur, il se positionne clairement :

« Personne ne coud une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement ; autrement, la pièce neuve tire sur le vieux vêtement et la déchirure s'aggrave.
Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, le vin fera éclater les outres, et le vin est perdu aussi bien que les outres. Mais du vin nouveau dans des outres neuves ! "
(Marc 2 : 21-22

Jésus est étonnement pratique ! Audacieux. Courageux. Il tourne le monde juif et païen, son monde, sens-dessus dessous.
Il vise une transformation radicale des gens, mettant, concrètement, les « valeurs des gens bien » sens-dessus dessous !

Jésus vise une révolution sociale, une conversion spirituelle profonde qui ferait que les relations entre les gens seraient comme celles des membres d’une famille élargie !



Bien sûr ! il espérait que les gens soient bientôt libérés de l’exploitation et de la dominations des pouvoirs, des trônes et des dominations, d’où qu’ils viennent. Mais lui, Jésus, n’allait pas s’engager dans une lutte qui renverserait un gouvernement pour le remplacer par un autre ! Non! Cela viendrait plus tard !

Jésus visait une transformation radicale du cœur des gens … Il avait pris au sérieux les Ecritures justement ! Des cœurs de pierre deviendraient des cœurs de chair, Jésus avait appris cela de Ezéchiel :

"Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre esprit ,je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes." (Ezéchiel 36,26-27)

Comment faire aujourd’hui, dans nos systèmes qui ont leur propre impulsion et qui sont autant de camisoles de force pour chacun et pour tous, comment faire pour « prendre Jésus au sérieux » et arrêter, au moins dans les Eglises, de faire « comme si »… ?




mercredi, juin 06, 2007
 
Le contexte de Jésus

« La société juive au temps de Jésus était caractérisée par une hiérarchie sociale injuste qui déshumanisait la majorité des gens. Sur cet arrière-plan, Jésus proclame un royaume d’égalité, de justice et d’amour, en paroles et en actes. Les valeurs du Royaume qu’il a prêché étaient subversives, comparées à celles de la société dans laquelle il vivait. Jésus était bien le prophète de la contre-culture ».



Lac de Galilée

Le contexte de Jésus aujourd’hui



Le mur de l'apartheid en Palestine en 2007

"Un abîme existe entre le temps de Jésus et notre temps, entre son monde et notre monde aujourd’hui :
Un monde marqué par le postmodernisme
La science et la technologie qui nous font bondir dans l’inconnu proche
L’individualisme exacerbé des civilisations occidentales
La globalisation
La destruction systématique de notre terre et de la nature, donc des terrestres…"

Que ferait, que dirait Jésus dans la Palestine d’aujourd’hui ?
Que ferait, que dirait-Il à Jérusalem aujourd’hui ?
Que ferait-Il et que dirait-il dans la sacro-sainte enceinte du Vatican ?

« Au temps de Jésus, la société jordano-palestinienne subissait l’influence des cités grecques et de l’empire romain. Ces nouvelles valeurs greco-romaines étaient adoptées par les riches, les puissants, les Hérode, les grands prêtres, les anciens, les nobles et les riches propriétaires. La plupart vivait dans le luxe et la décadence. »

Jésus a pris conscience de cette réalité… il a agi jusqu’à son exécution ce vendredi saint-là !

Aujourd’hui, les « valeurs du néo-libéralisme...sont adoptées par les riches , les puissants, les Hérode, les grands prêtres, les anciens, les nobles et les riches propriétaires… »
Nombreux sont ceux qui vivent dans le luxe sans en être conscients, sans être conscients de la souffrance des multitudes pauvres. Leur pauvreté nourrit les riches. Ainsi fonctionne les système !

Que dirait Jésus aux membres du G8 réunis à Heiligendamm, aujourd’hui, demain et après-demain…
et alors ?



On se dit faire partie du monde occidental « chrétien ».

Que dirait Jésus du terme « chrétien » aujourd’hui ?

Prendre conscience de cette réalité aujourd’hui, pour nous qui voulons être fidèles à Jésus,
nous pousse à quel engagement ? Avec qui ? Comment ?
Peut-on fêter la résurrection en sautant à pieds joint par dessus le vendredi saint des opprimés
d’aujourd’hui ?



lundi, juin 04, 2007
 
Retour à Jésus aujourd’hui

Toujours selon la pensée de A. Nolan dans son dernier ouvrage « Jesus Today ».

La spiritualité et les spiritualités : que d’encre a coulé à ce sujet. Que de conférences, de cours, de livres et d’articles !



Pour Jésus, c’était quoi, ce qu’on nomme aujourd’hui spiritualité ?

« Lui-même n’a jamais beaucoup parlé de spiritualité quoique, en lisant entre les lignes on peut sentir en cet homme une spiritualité d’une profondeur inouïe ! »

Sa spiritualité, comme j’aimerais que ce fut le cas pour moi, pour nous, surgissait de ce qu’Il faisait, de ce qu’Il vivait dans sa realité socio culturelle, politique et religieuse.

« Quel était le secret de cette vie extraordinaire, le secret de sa mort ? Quels étaient ses sentiments les plus forts ? les plus profonds?… et pourquoi Jésus était-il profondément aimé par les uns et haï par les autres ? »



Même si Jésus n’a jamais rien écrit, sinon dans le sable pour prendre la défense de Marie Madeleine, nous pouvons apprendre à connaître Jésus par ce que ses contemporains ont raconté à son sujet ! Ses contemporains, c’est-à-dire, par ceux qui, en son temps et jusqu’à aujourd’hui, l’ont pris au sérieux !
Non pas à travers l’étude d’un dogme ou d’une doctrine, mais à travers ses relations avec les gens, ses actions, ses réflexions !

Les saints, les mystiques, prennent Jésus au sérieux. Et je sais qu’aujourd’hui même, nombreux sont les saints et les mystiques qui s’ignorent… ils ne vont peut-être pas à l'église, ils n'ont aucun titre, aucun prestige ecclésiastique... mais ils ont un coeur pur ...



Je vais essayé de cerner un peu la réalité au temps de Jésus, ainsi que notre réalité aujourd'hui...avec la question lancinante: concrètement que ferait Jésus, que dirait-il...quel serait son destin?



dimanche, juin 03, 2007
 


Ouf, me revoici. Il y a un oeil qui "voit clair" et l'autre qui voit moins clair, c'est donc un peu laborieux juste maintenant ou il y aurait beaucoup de choses, de pensées d'émotions à partager!

Surtout au sujet du portrait de Laurent Flutsch paru dans le Matin Dimanche d'aujourd'hui. Sa prestation, à Pulloff, Lausanne, "Le ravage de l'ennui chez les Oursins" m'intéresse. Il y est question de Dieu selon Matin Dimanche en page 29. Et ça m'interesse et ça m'interpelle. D'abord aller voir et aller écouter ce "One Man show". Et puis, réfléchir, à moins que tout ne soit vraiment clair comme l'eau de roche.



et allez voir ces quelques remarques de la Presse



jeudi, mai 17, 2007
 
Pour mieux voir




Chers amies et amis qui passez par Katutura, pour voir mieux, il faut une petite intervention chirurgicale
à un oeil et... je serai absente de ce cher Katutura jusqu'au 3 juin!

Je reviendrai avec un regard tout neuf sur notre petite planète et ses habitants
je vous porte dans mon coeur...



mardi, mai 15, 2007
 
Visite au Brésil
Gaudium et Spes



C’était en Afrique du Sud, dans les Cape Flats, ou, si vous voulez, les favelas du Cap.
Des enfants faméliques venaient à la Mission Saint François. J’étais responsable de la Catéchèse.
Au programme : enseigner aux enfants la manière de « se confesser avant de communier ».
Confesser quoi ? des péchés. C’est quoi un péché ? C’est voler, mentir, se battre, tuer ?

J’avais eu une discussion laborieuse avec le prêtre « responsable ». Ma question :
« communier, c’est quoi ? Se confesser, c'est quoi quand on a faim et soif? »

Il ne comprenait pas ma question, cet ecclésiastique, ou plutôt il ne comprenait pas qu’on questionne un ordre établi par les autorité ! Il était plutôt malheureux qu'aggressif!

Il dit : « Avant de recevoir le Pain du Ciel , l’âme doit être purifiée par la confession des péchés ! »
Je lui dit : « Qu’est-ce qui est le plus urgent : nourrir un enfant d’abord, et le nettoyer (to clean) ensuite ?
ou le contraire ? »

Le prêtre s’énervait, les enfants m’attendaient. Je suis retourné vers eux. Un à un ils venaient me dire
avec des grands yeux rayonnant de vérité qu’ils avaient volé et qu’ils avaient menti. Ils avaient volé des pommes, des bouts de brioche aux étalages des trottoirs ou ailleurs et ils avaient détallé pour manger
ou cacher leur butin. Tout comme Oliver Twist, vous connaissez?

Questionnés par certains qui les avaient vu voler : ils juraient que Non ! Parfois ils se faisaient battre. Ils regardaient ces bouts de pain qui allaient permettre aux petits frères et sœurs de ne pas mourir de faim…
et moi je pensais : voilà le pain du ciel !

J’ai dit à mes petits amis : vous en faites pas. Si vous avez faim prenez! mais surtout ne vous faites pas prendre !
Dans la Boîte, on va dire qu'on a volé, menti, emmerdé quoi puisque le confesseur attend cela...

Ils sont donc passés par « la boîte à confession » plus tard. Le prêtre a été satisfait du fonctionnement
de la mécanique sacramentelle. J’étais dans un coin à attendre mes gosses et je guettais d’un coin de l’œil
leur sortie de la « boîte ». Ils en sortaient avec un petit sourire de travers et leurs grands yeux ensoleillés
de vérité, ils venaient s’asseoir près de moi, et je disais… on va dire ensemble « notre Père…
notre pain avec Jésus ».

Idem dans les favelas au Brésil. Aux Philippines, ailleurs...! Les enfants ramassent sur les dépotoirs
de Rio des crottes de pain, des crottes de toutes sortes, empoisonnées parfois. Ils mangent, ils meurent,
ils rapportent des restent à la maison…

Des enfants sans père, des paysans sans terre...

et voici qu’un Monsieur arrive de Rome
et sous l’œil protecteur des armées du ciel et de la terre, le souverain pontif clame ce qu’on ne doit pas faire et ce qu’on doit faire ! Pas de politique surtout, pas de confrontations sociales surtout.

« On va en finir avec les théologiens et leur théologie de la libération ! » On va dire aux riches de partager
et de rester riches, forts et généreux et aux affamés « qu’ils sont bienheureux car le royaume des cieux est à eux » qu’ils soient pauvres, soumis, obéissants et. Surtout qu’ils croient de tout leur cœur au « pain du ciel ».

Je suis cynique ? Les pauvres me diront Non et les riches me diront peut-être Oui. Allez savoir.

Mais je me dis que les gens de Rome auraient pu relire la vie de Martin de Porres




et celle de son confrère dominicain: de Bartolomé de Las Casas




Pour se redonner du courage:
quand il est insoutenable de voir une Eglise trahir Jésus par son faste et son pouvoir, il est bon de revenir
à ces quelques paroles de « Joie et Espérance » (Gaudium et Spes), un texte encourageant
et plein de sagesse de Vatican, un texte qui respecte la créature et le Créateur

Dignité de la conscience morale: Gaudium et Spes No 16

« Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela. » Car c'est une loi inscrite par Dieu
au cœur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera (9).

La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul
avec Dieu et où Sa voix se fait entendre (10). C'est d'une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s'accomplit dans l'amour de Dieu et
du prochain (11). Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux
que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale ».





samedi, mai 12, 2007
 
Pour l’abbé Pierre, confronter les autorités et construire des maisons ne font qu’UN



Le très actuel et dernier ouvrage d' Albert Nolan (que j’ai déjà mainte fois nommé dans Katutura) ne cesse de m’éclairer. C’est « Jesus Today ». Plus je le lis et le relis plus je trouve que Yechouah, donc Jésus, est proche de nous. Il est l’un d’entre nous. Bien plus, son esprit nous anime depuis toujours !

Il m’anime parfois sans que je le sache et ce n’est que plus tard que je m’émerveille : vraiment, c’est Lui qui m’a poussée à certaines audaces. Des audaces, des prises de position, des engagements condamnés
par les uns et encouragés par les autres !

Qui sont « les uns et qui sont les autres ? »

Selon ma compréhension de l’auteur de « Jésus aujourd’hui », les « uns et les autres » ont une vision du monde, de Dieu, de notre responsabilité en tant que co-créateurs, totalement différente et souvent opposée !

C’est le système de la séparation :

· la spiritualité séparée de la politique
· la prière séparée de l’engagement pour la justice
· la mystique séparée de l’action prophétique

Il y a des exceptions. Oscar Romero, Helder Camara, Dorothy Soelle, Thomas Merton, Mahatma Gandhi, Beyers Naude, François d’Assise et bien sûr, le plus proche de nous aujourd’hui : Jésus.



Pour ceux que j’ai nommé et pour tant d’autres, la séparation entre la spiritualité et la politique n’existent pas, ni la prière de l’engagement, ni la mystique de l’action prophétique. Tout au contraire :

l’engagement politique et prophétique vérifient l’authenticité de la spiritualité ! En d’autres termes, l’action est « l’expérience du Créateur ». C’est ma prière, ma spiritualité, ma contemplation !
C’est un tout organiquement lié !
Mais le regard que portent trop souvent les autorités sur les personnes engagées pour la justice est un regard qui craint la force des pauvres face aux pourvoir des institutions!

D'où le harcèlement des théologiens de la libération! Aujourd'hui encore et la destrction systématiques des communautés de base! Même aujourd'hui, au Brésil, le l'actuel Pape insiste sur la séparation! Bien qu'il s'adresse aux pouvoir politique!!! Il condamne à mots couverts la lutte pour la libération et pour la justice.

D’autre part il arrive aussi que ceux entièrement pris dans la lutte pour un monde un peu plus juste, viennent à penser que ceux et celles qui ne font « QUE » prier sont indifférents à la misère du monde.
Ce qui n’est pas toujours le cas et nous le reconnaissons. Thomas Merton eut sa période de contemplation avant de réaliser que sa contemplation débouchait sur l'action pour la Justice!

Je crois que ces derniers sont plus ouverts à la compréhension des Institutions et de leurs autorités que le contraire ! Mais combien d’énergie gaspillée lorsque les autorités épient et persécutent ceux qui, comme Jésus, annoncent la Bonne Nouvelle d’un « autre monde possible » ici et maintenant !

Il est plus facile pour les « racines » de regarder vers le haut que pour celui perché au sommet d’être conscient que les « racines » existent dans tous ce qu’elles ont d’autonomie humaine.

Mais, au-delà des quelques réflexions que je viens de partager, la chose la plus importante est la réalisation qu’une parfaite synthèse existe en Jésus entre action et contemplation ! Pas de séparation pour Jésus entre la critique des institutions et de leurs gardiens et sa prière ! Pas de séparation entre l’appel qu’il lance aux opprimés de se mettre debout et de marcher et sa spiritualité !

Il en payé le prix ! Mais c’est aussi le prix de sa victoire pour nous comme pour lui.



Lève-toi, avance et tu seras libre pour libérer tes soeurs et tes frères!



vendredi, mai 11, 2007
 


Chaque année, les Sœurs peuvent faire une semaine de retraite, c’est-à-dire, elles peuvent se rendre dans un endroit paisible si possible et, huit jours durant, prendre le temps de manger tranquillement, de dormir paisiblement, de retrouver des consœurs d’un peu partout pour être ensemble à la chapelle, et dans une grande salle où un conférencier donnera 2 conférences par jour sur un sujet présenté à l’avance.

Le but est, comme je le comprends, de nous aider à chercher et à trouver un sens à la vie de Sœur aujourd’hui.

Pour moi, j’essaie de chercher le sens d’une lutte pour un monde juste et fraternel, dans la réalité d' un réseau de systèmes liés les uns aux autres, des systèmes qui tiennent dans leurs griffes les gens de la rue, ceux et celles des sous-sols de l’humanité, des systèmes qui ont maintenant leur propre impulsion et qui mènent à l’anéantissement ceux qui en profitent et ceux qui en sont les victimes ! L’ABSURDE !

On se demande : est-ce que l’absurde est devenu quelque chose de mondialement normal ?
On élimine ce mot gênant de notre vocabulaire… On met sa tête dans le sable comme les autruches
et on cherche des signes d’espérance.

Mais est-ce que ces signes d’espérance éclairent et provoquent et défient ma tête enfouie dans le sable ?
Et puis, si je sors ma tête de sa cachette sableuse, est-ce que ces signes d’espérance sont liés et reliés aux signes des temps, comme la clé et la serrure?

Example :
Un signe des temps : on tue les journalistes



Comme Jésus, les journalistes scrutent le quotidien des gens de tous les jours. Ils dénoncent, avec les moyens qu’ils ont, radio, télévision, la presse, ils dénoncent l’injustice pour annoncer qu’un autre monde
est non seulement possible, mais que c’est une urgence de survie pour tous !

Comme Jésus. Dans leur cœur, ils pleurent sur les métropoles et leurs égouts…
Ils sont au désert de l'actualité, concentrés au bout de leur plume pour trouver des « mots pour le dire » !

Pour avoir dit la vérité : ils seront kidnappés, tués, laissant les sans-voix, sans voix !

Example:

En Palestine Alan Johnston

Eliminer les journalistes: un signe des temps

La peur de la vérité : un signe des temps

Eliminer Jésus : un signe des temps en son temps en Palestine. Il avait eu l’audace de dire devant son juge :
« je suis la Vérité »

Signe d’espérance : la résurrection de l’esprit de Jésus, qu’on avait « mis au tombeau » une fois pour toutes, qui en sort et se hâte vers les Galilées d’aujourd’hui…

Il est je crois, ce « Jésus aujourd’hui » dans le regard des journalistes et au bout de leur plume, eux qui annoncent la Bonne nouvelle en dénonçant les pires atrocités … au prix de leur vie, trop souvent !



J'ai réfléchis à ça durant ma retraite...



mardi, mai 01, 2007
 
Retraite



Nous sommes des individus, nous sommes seuls, quand bien même nous sommes pris dans une foule d’autres individus, quand bien même nous sommes liés les uns aux autres par le fait que nous sommes des humains…
autant essayer de s’aimer puisqu’on est fait pour ça. C’est plus facile à dire qu’à faire ! C’est pour ça que,
de temps en temps, quand c’est possible, être quelques jours « hors circuit », en « retraite » cela fait beaucoup de bien.

Et je serai « hors circuit » ou « en retraite » dès demain, 2 mai et jusqu’au 9 mai ! J’essaierai d’écouter l’esprit de Jésus…comme on écoute le vent qui souffle où il veut et, souvent, là où ne l’attend pas !

Jésus a eu la sagesse de dire :

"Aime ton prochain comme toi-même !" Quand on sent se poser sur nous le regard aimant du prochain, on se sent meilleur : on s’aime soi-même.
Quand on sent se poser sur nous le regard méfiant du prochain, on se sent humilié : on a tendance à se mépriser soi-même.
Nous vivons dans une société où le regard des passants est très souvent soucieux, agressif, introverti,
absent : il ne se pose plus sur les personnes qu’il croise. Le regard des passants est parfois lourd de soucis,
de frustration, de souffrance… parfois ce regard laisse percer une lueur de joie, d’espérance, d’amitié !
Quel bonheur !



à bientôt !



lundi, avril 30, 2007
 
Les sentiments de Jésus



Qu’est-ce que Jésus ressentait en lui-même, lorsqu’il disait « Abba » ? C’était sûrement en lien avec la tendresse de Joseph et de Marie, ses parents. Mais c’était autre chose encore comme pour nous tous, et c’est « autre chose» qui respire en nous, c’est Dieu qui, Lui, est à l’origine de l’amour de nos parents.

Et Jésus, comme tant de personnes toutes simples savaient que le Créateur de l’Univers, de la terre de Palestine et de ses habitants, était tout simplement ce qui nous fait vibrer. C’est l’Amour qu’on nomme aussi Dieu.
Donc Jésus, en tant qu'enfant et fils de ce père créateur de tous et de tout, réfléchissait, se retirait dans un lieu tranquille, et apprenait à imiter ce Père créateur !

Comme je comprends ce que l'auteur de "Jesus today" dit: Jésus a appris à pardonner inconditionnellement, il a appris ce que veut dire avoir compassion !
« Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6 :36).

Jésus a appris que l’Amour ne connaît pas de frontières. "Le soleil brille pour tous, la pluie tombe pour tous selon le créateur et Jésus a appris à respecter les bons et les méchants"
selon Mathieu 5 :44-45)

Je trouve qu’il est difficile, pour ce qui me concerne, de prendre Jésus au sérieux… parce que je n’ai pas encore fait l’expérience de l’AMOUR, c’est-à-dire, je n’ai pas encore fait cette expérience mystique comme Jésus l’a faite. Mais ça viendra quand je ne m’y attend pas.

Schillebeeckx dit que cette expérience de Dieu a donné à Jésus la sagesse, la lucidité, la confiance et une liberté tellement profonde et vraie que tous s’en étonnaient.

Nous aussi on s'en étonne quand on y pense sérieusement!
Sans cette expérience-là, mais elle est aussi à notre portée si nous la souhaitons, Jésus n’aurait jamais eu la force, ni l’audace de faire ce qu’il a fait : montrer clairement que « un autre monde est possible ». Un monde qui est à l’envers de celui dans lequel nous vivons et que nous devons nous aussi mettre sens dessus dessous si nous voulons que l’espèce humaine survive !




dimanche, avril 29, 2007
 
Yechouah est un mystique



Contempler un homme et une femme unis dans une étreinte amoureuse, c’est toucher du doigt, discrètement, à distance respectueuse, une expérience mystique ! Le temps n’existe pas ni les passants ni la pluie ni le passé ni l’avenir : ce moment d’union mystique est une expérience de vie « hors espace-temps ». Quand on revient à soi, on est conscient que l’expérience mystique à fait surgir en nous, au-delà d’une paix qu’on ne saurait décrire, une énergie pour vivre et faire vivre !

Dieu m’a enrichie d’expériences mystiques, Oh ! pas souvent ! mais leur passage ne passe pas !
C'était en contemplant un regard, une main, une fleur, en écoutant chanter un ruisseau, c'était quand ma main était dans celle d'un ami l'espace de quelques pas...

Yechouah, notre Jésus, était un mystique. Son expérience d’être habité par l’Amour avait une résonance dans ce qu’il faisait, ce qu’il disait.

Il avait l’audace de dire :
« Le Père – Abba en dialecte araméen – et moi sommes un » (Jean 10 :30), la dualité était exclue. Un c’est un, c’est pas deux ni trois !

Il avait l’audace de dire : « J'étais un étranger, et vous m'avez accueilli… » (Mt 25 :35). Encore une fois, la dualité est exclue ! C’est une expérience mystique avec l’étranger, l’affamé, le prisonnier…

Je peux comprendre l’intimité entre Jésus et son Abba, l’intimité entre Jésus et l’étranger, l’affamé, le prisonnier…si j’en ai fait moi-même l’expérience, même marginalement. Jésus, lui, est allé et va jusqu’au bout de son expérience mystique, alors que ma finitude et mes limites sont bien difficiles à dépasser !

Mes expériences mystiques n’arrivent pas à la cheville de celles de Jésus, mais la nature des expériences est
la même : c’est d’être UN AVEC tout en restant bien soi !



(avec mon immense reconnaissance envers l'artiste, Mélanie Quentin)



vendredi, avril 27, 2007
 
Quand on aime quelqu’un, on commence à lui ressembler,

pas du tout parce qu’on l’imite, non, simplement parce que c’est un même amour qui brûle en nous.
De même pour Jésus avec son « Abba », c’est-à-dire, la Source ou l’Amour qui l’habite comme nous, dès l’origine ! Mais Jésus paraît en avoir été bien plus conscient que nous, pour Jésus, c’était presque naturel d'être UN avec l'AMOUR, donc Dieu!

Il n’avait pas besoin de liturgies, de livres de prières toutes faites. Il « priait » comme on se dit bonjour ou comme on se donne un bisou quand on se rencontre ! Tout dépendait des circonstances…

Une fois Jésus a eu l’audace de dire publiquement :
"Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point…
Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges..."
(Mt 5 :21-22)

Il avait dû beaucoup prié avant d'avoir cette audace-là! Et ce courage!

Jésus intriguait les gens, pas les Docteurs de la loi seulement, mais ses compatriotes aussi. Mathieu (13 :53.58) le dit comme ceci :



« Il alla dans son pays, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu'ils étaient frappés d'étonnement et disaient : « D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N'est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d'où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus leur dit : « Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. »

D’où lui vient cette sagesse ? Même les petites gens le comprenaient simplement parce que, ce que Jésus faisait correspondait à ce qu’il disait avec des mots tout simples...

Simple paysan juif, sans études, sans diplômes, sans programme ni projet… Il dénonçait les injustices et annonçait la Bonne Nouvelle aux victimes de l’injustice. Son message était Bon et il était Nouveau.
Il surgissait de l’Action de Dieu dans la réalité des gens !

Jésus priait. Quand on prie, on est supposé avoir une spiritualité. Jésus ne parlait pas beaucoup de spiritualité. La seule prière qu’Il nous a laissée est « Le Notre Père ». Mais ses amies et ses amis rapportent que, souvent, Jésus se retirait quelque part, tout seul, et priait.



Moi je crois que sa prière était la contemplation du monde où il se trouvait, un monde qu’il fallait mettre sens-dessus dessous pour qu’il ressemble à la grande famille des humains dont le Créateur avait rêvé.
Et Jésus était plein de ce rêve !
Quand il priait, il arrivait que son visage rayonne, de bonheur, ou au contraire qu'il soit rempli de tristesse.
Parfois Jésus pleurait...en contemplant Jérusalem par exemple! Ses larmes étaient une prière.

Je crois que la spiritualité de notre Yechouah émergeait jour après jour de la réalité concrète
où il se trouvait ! Yechouah : conscient que sa Mission était de transformer cette société fragmentée en une société d’hommes et de femmes nés pour être « bien dans leur peau » !

La spiritualité de Jésus : c’était peut-être une expérience de vie.
Une expérience du feu qui brûle en son cœur, en son esprit, de la lumière, en Lui, qui ne demande
qu’à luire (Mc 4 :21) .



jeudi, avril 26, 2007
 
Yechouah : un prophète

Mais qui est cet homme ?

Que de fois cette question ne fut-elle pas posée ?

Ce gamin de 12 ans qui cherche les Docteurs de la Loi jusque dans l’enceinte du Temple, à l’insu de ses parents, qui discute avec eux, qui ne s’excuse pas quand ses parents le réprimandent !



Ce Nazaréen, le fils du charpentier Joseph, qui ne fait pas parler de lui pendant de longues années, qui quitte l’humble maison paternel et l’atelier, les jardins et les champs, et s’en va là où il sent qu’il doit aller. Là où l’Esprit le pousse. Il n’organise pas de rencontres ni de conférences, ni de débats...

Chemin faisant: il observe, et quelle lucidité dans son regard! Il prend parti les petites gens, il dénonce les injustices et annonce « un autre monde » au hasard des rencontres, chemin faisant !

Les pauvres, les prisonniers, les méprisés, les lépreux, les femmes surtout, trouvent en ce bel homme, un ami, un allié, un guérisseur, un protecteur ! Sans jamais lui donner de qualificatifs. Il est Yechouah de Nazareth pour eux, c’est tout.
Les pauvres se sentent aimés, valorisés. L’image me vient d’un chien qui a reçu des coups de bâton d’on ne sait d’où, son maître arrive, le caresse, et Oh ! ce regard d’animal reconnaissant ! Le regard des "vaut-rien" de la société religieuse d'Israel, regard levé vers la lumière!

Mais les riches, les autorités, les savants, les prêtres, les rois trouvent en cet homme un agitateur, un trouble fête, quelqu’un qu’il faut surveiller. Oui, quelqu’un qu’il faudra éventuellement éliminer « pour le bien de l’Institution ».

Qui est cet homme ?

Les pauvres et les miséreux ne s’intéressaient pas vraiment de savoir QUI était Yechouah. C’était un des leurs. Ils le connaissaient et le reconnaissaient facilement. Ce qui les intéressait, c’était :
que fait cet homme ?


Riches et pauvres cependant s’accordaient pour dire : « Ce Yechouah est un prophète ! » Et Jésus n’a jamais dit non à cette affirmation! D’aucuns avaient même dit qu’il était un faux prophète !
Mais c’était clair pour tous, pour chacun, Yechouah parlait et agissait comme un prophète !

Pietro Perugino, Umbrian, c. 1450 - 1523

A son baptême, au Jourdain, Jésus prend publiquement parti! Les gens sont nés pour être heureux. Ils ont droit à leur dignité! Jésus veut lutter pour que les humiliés se mettent enfin debout!

Mais d'où lui vient la force?
La spiritualité de Yechouah, cette force spirituelle, était la spiritualité des prophètes d’Israel !
« Le Seigneur (Dieu) a parlé » et Yechouah, comme le petit Samuel, a écouté ! Il doit agir!

J’essaierai, demain, de revenir à notre Yechouah le prophète, et de réfléchirà la lumière de l'évangile, sur ce que cela signifiait pour lui !
Aidez-moi si vous le souhaitez...