KATUTURA


samedi, mai 31, 2008
 


L’Etat et la société civile

Société civile en Suisse

Victoire de la société civile sur les bombes barbares

ÉDITORIAL | 00h03
On ne peut pas se passer de Bonnes Nouvelles
(Hebdo 30.05.08 Andrés Allemand, 24heures, Tribune de Genève). (www.edicom.ch/fr/news/culture/)

« Une centaine de pays sont tombés d’accord pour bannir une arme particulièrement barbare: les bombes à sous-munitions…les grands pays producteurs refusent l’interdiction: Etats-Unis, Chine, Russie, Inde, Pakistan, Israël ».

La société civile : c’est quoi ?

La société civile est avant tout la totalité des citoyens engagés pour le bien commun de la société. Dans la pratique, ceux-ci n'agissent pas individuellement mais dans le cadre associatif. Ces Associations, groupes, Organisations non gouvernementales doivent être la résonance, elles doivent agir selon la volonté des membres (selon Wikipedia).

En Suisse, ces Associations sont nombreuses et la coordination est importante pour qu’elles soient efficaces. J’en nomme quelques unes : « Une Suisse sans armée », « Justice et Paix »
« La Déclaration de Berne » « Stop Renvois » etc.

La Société civile en Afrique du Sud et au Zimbabwe

En Afrique du Sud et au Zimbabwe, la société civile est d’autant plus vibrante qu’elle se trouve en conflit frontal avec le Pouvoir et l’injustice. L’Apartheid serait encore en place sans l’engagement de la société civile représentant les exclus (United Democratic Front ou UDF : une coalition inter raciale et anti-apartheid instituée en 1983, le soutien massif de 700 organisations et de plus de 3,000,000 jusqu’en 1991). (voir Wikipedia). « Exclus, nous sommes unis ! » (Albert Nolan).

Aujourd’hui, notre pays connaît une certaine « struggle fatigue » mais la solidarité avec la base de la société civile au Zimbabwe dans sa détresse actuelle, donne un élan puissant, bien que, plus les vestiges d’un changement approchent, plus vulnérables sont les personnes engagées face à l’armée de Mugabe.

Le rôle des femmes africaines a rendu possible la lutte pour le déracinement de l’apartheid.
“You touch a woman you have touched a rock” c’était le chant populaire des femmes,
le poing levé en signe d’engagement. Combien en ont payé le prix.

L’Amour musclée des femmes au Zimbabwe (tough love).
WOZA : l’incroyable lutte des militantes du WOZA depuis 2003 au Zimbabwe

C’un mouvement civique (http://www.resistingwomen.net/spip.php?article328).

En 2003. Une amie pasteure au Zimbabwe m’envoie une pièce jointe pour m’annoncer sa naissance.
« WOZA est l’acronyme de "Women of Zimbabwe Arise", ou "Des Femmes du Zimbabwe se lèvent".
C’est aussi un mot en langue Ndebele qui signifie "avancer". Woza compte aujourd’hui 35 000 membres femmes et hommes à travers tout le pays pour, entre autres :

· encourager les femmes à se lever pour leurs droits et leurs libertés
· défendre et plaider sur ces enjeux affectant les femmes et leurs familles

La solution WOZA : AMOUR & RESISTANCE (« tough love » ou un amour musclé)

S’appuyant sur les principes de la non-violence stratégique dans nos actions, le WOZA crée un espace où les Zimbabwéens sont invités à articuler ensemble des enjeux dont, par peur ils n’oseraient pas se saisir sinon individuellement.
WOZA a conduit plus de 50 manifestations en trois années d’existence et plus de 2500 femmes ont été mises en garde à vue par la police, nombre d’entre elles plusieurs fois, et souvent pour 48 heures et plus. Ces femmes, impliquées au premier rang des droits humains, sont prêtes à endurer les coups et les conditions intolérables de la prison afin d’exercer leurs droits constitutionnels et leurs libertés fondamentales.

WOZA a été créé afin de prouver que le pouvoir de l’amour peut gagner sur l’amour du pouvoir. "Amour & Résistance" (tough love ou amour musclé) est notre arme secrète pour nos mobilisations de masse. Cet amour résistant est comme l’amour d’un parent, qui vous apporte par ce biais la discipline. Les femmes le pratiquent afin d’apporter et de reconquérir la dignité chez les Zimbabwéens. Cet amour endurant est un instrument du "pouvoir des gens", utilisable localement et par tout groupe, pour exiger une meilleure gouvernance et la justice sociale, spécialement pour les Zimbabwéens. Les hommes entrent à leur tour…

En août 2006, lors de l’Assemblée nationale du WOZA, il fut décidé de créer le "MOZA" pour les hommes, "Men of Zimbabwe Arise" et cette aile du mouvement a constamment grossi depuis. Des hommes, le plus souvent jeunes, "avancent" à leur tour afin de rejoindre la lutte non-violente pour un Zimbabwe meilleur.

WOZA et la Justice Sociale

Durant l’année 2006, WOZA a organisé des consultations sur la justice sociale à travers le pays. En 284 réunions, près de 10 000 personnes rurales et urbaines nous ont dit ce qu’elles voulaient pour un Zimbabwe nouveau. Nous avons consigné par écrit ce qu’elles ont dit et le résultat est la Charte du Peuple.

Post-Scriptum : la Saint-Valentin du WOZA , OUI ! la Saint Valentin

WOZA organise par ailleurs depuis sa création une marche annuelle le jour de la Saint-Valentin au mois de février, illustrant le "pouvoir de l’amour"... Celle de 2006 était placée sous le signe "Du Pain et des Roses" ("Bread and Roses"), en mémoire de la grève nord-américaine des ouvrières du textile en 1912. Celle de 2007 (la cinquième édition !) a été violemment réprimée. Voir notamment l’article résumant cette histoire sur leur site de WOZA. Voir également Amnesty Internation, section irlandaise à l’adresse :

Les roses sont distribuées face à face au policiers et aux soldats !!! Faces aux fusils et aux machettes !



Ma question aux médias : pourquoi, en parallèle avec toute la violence, la xénophobie en Afrique du Sud et au Zimbabwe étalées dans les pages, nos journaux ne feraient-ils pas connaître aussi le courage héroïque de la société civile, y compris la lutte des femmes zimbabwéennes ? C’est, je crois, l’action de Jésus aujourd’hui dans cette « faille » si lente à guérir.



vendredi, mai 30, 2008
 
Réflexion

Le haut et le bas
La hiérarchie et la base
Le sommet et les racines
Les trônes et les dominations et la plèbe et les dominées

Le Dieu très haut et tout-puissant
Le Dieu très bas et impuissant

Comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, je réalise que le schéma contrastant haut et bas et tout ce qui en découle rend extrêmement difficile le partage d’une réflexion, un témoignage lorsqu’on se trouve dans l’entre-deux. Je veux dire ni en haut, ni en bas, plutôt entre les deux.
La société semble ainsi construite : à la verticale pour ce qui concerne la conduite des affaires de ce monde, et à l’horizontale pour les humains ! Toi, moi. Un ami m’avait dit : « Il y a une faille dans la création ». Les résultats de ceux et celles qui « conduisent les affaires de ce monde » crèvent les yeux de celles et ceux qui se trouvent à la l’horizontale ! Mais quand l’horizontale touche la verticale, la Croix montre l’insondable que seul l’AMOUR peut contempler : le paysan juif, Yechouah, qui tente, douloureusement et sans jamais changer de cap, ni en son temps ni aujourd’hui, de « réparer la faille » avec nous tous. Si on veut bien.

Au Zimbabwe et en Afrique du Sud

La faille : l’Afrique australe mise en exergue ces temps-ci dans les médias. J’ai épluché les dépêches et les journaux qui les présentent selon leur ligne éditorialiste. Le texte de Sabine Cessou (24 Heures jeudi, 29 mai 2008) est excellent selon moi. Le titre : « L’Afrique du Sud vit au bord de l’explosion sociale » est pertinent quoiqu’un peu forcé. C’est vrai que l’hiver tout proche, la violence, les millions de pauvres, les chômeurs, les réfugiés sans nommer les sidéens, la crise de l’électricité loin d’être résolue, l’eau potable loin d’être accessible à tous, créent une atmosphère de frustration voire de colère et d’insécurité croissante dans ce pays où tout est provisoire sauf l’incroyable résilience des « Africains de tous les jours ».

C’est vrai que le gouvernement Mbeki n’est pas à la hauteur de sa tâche. Son espèce d’amitié avec Mugabe – (pas la seule amitié de ce genre, je l’ai déjà écrit) n’a fait qu’encourager le despotisme du ZanuPF chef et, comble d’ironie, de faire fuir vers l’Afrique du Sud des millions de Zimbabwéens pour rejoindre la Nation arc-en-ciel, une jeune démocratie d’à peine âgée de 14 années ! En espérant l’accueil. C’est aussi vrai que l’ANC a suivi l’exemple des architectes de l’apartheid, en érigeant dans ce cas de figure, une barrière électrifiée de 2500 volts sur 200 kilomètres (Sabine Cessou. Idem dans 24 Heures)) séparant l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Zimbabwe ! Entre peuples frères, les frontières restent, envers et contre tout, poreuses et les millions de réfugiés ont tout risqué pour survivre, eux et leurs familles, espérant trouver la solidarité africaine, un peu de travail, du pain. Ils ont fuit à leurs dépens puisque, depuis des années, ces malheureux « surplus people » sont déportés de force, à coups de camions militaires sud africains (je l’ai vu en 1999) vers des « dumping grounds » au-delà ou juste en deçà des frontières… pour y revenir par peur des vétérans ZanuPF de l’armée Mugabe, l’ami de Mbeki.



Du copinage!

En même temps et d’une manière accélérée, au lieu des camions militaires déportant les demandeurs d’asile, la xénophobie tue les gens de trop ! Qui cherchent refuge, avec l’accord de Mbeki & Co cette fois, aux postes de Police et sont « protégés » par… l’armée sud-africaine!!!

Dans cette spirale de confusion, de contradiction, de bricolage dus à l’incompétence politique de ceux juchés au sommet de la hiérarchie, s’élève, du bas vers le haut un appel à la Sagesse : la voix de Nelson Mandela, le très-bas, qui a lutté toute sa vie contre le racisme, il supplie qu’on se souvienne, en Afrique du Sud comme au Zimbabwe de l’horreur vécue pendant les années d’apartheid. « N’oubliez jamais la grandeur d’une nation qui sait dépasser ses divisions. Nous ne devons pas succomber aux sirènes de la division destructrice. »

Le journal le Monde du jeudi, 29 mai 2008 rapporte :

« Winnie Madikizela Mandela accueille des victimes de violences xénophobes.

Winnie Madikizela-Mandela accueille dans sa demeure une famille congolaise en attendant qu’elle trouve un abri, rapportait mercredi le quotidien afrikaans Beeld. L’ancienne femme de l’ex-président et prix Nobel de la paix Nelson Mandela avait rencontré le père de cette famille au cours d’une visite dans un commissariat de Johannesburg où il s’était réfugié avec sa femme et ses enfants en raisons de la vague de violences xénophobes. »

Je tente de rassembler tous les signes d’espérance pour les présenter au Très-bas : notre Jésus bien-aimé qui poursuit sa route à travers « la faille ».

J’espère continuer durant les jours qui viennent.



jeudi, mai 29, 2008
 


Les racines.

Les petites gens. Au Zimbabwe, à certaines périodes de la lutte, nous avons été témoins du courage humble
et héroïque des « grassroot people ». Je l’ai vu. Quand j’ai eu le temps, j’ai écrit une réflexion sur ce que nous étions en train de vivre là (je m’abstiens de nommer des lieux) dans ce pays en guerre.

Je raconte entre autre l’histoire de notre petit moulin à blé à la Mission. Les gens venaient moudre le précieux grain pour en faire du pain. Un jour l’armée (de Smit) vint « charger » sur des camions, sans avis préalable,
les personnes présentes pour récolter les céréales mûres dans les immenses fermes des Blancs de l’époque. Deux semaines plus tard, ces personnes sont ramenées auprès du petit moulin à grain; elles sont exténuées. Le propriétaire donne à chacun un billet de quelques dollars. Qu’est-ce qui se passe alors ? Les ouvriers, d’un commun accord, jettent ces dollars aux pieds du blanc qui les ramasse et s’en va (page 227 de « Histoire inavouée de l’apartheid » chez l’Harmattan).

L’immense courage de la résistance passive ! Incroyable endurance et foi d’un peuple en sa dignité d’homme. Cela passe par le refus - alors que tu as faim – des dollars de l’establishment ! Pour arriver finalement à une indépendance illusoire puisque les structures d’injustice restent verrouillées, et que nos héros se transforment en oppresseurs d’une couleur de peau différente ! (Au fait c’est bien plus complexe que cela et je ne peux y réfléchir en ce moment). Après les élections du 25 mars 2008, un deuxième tour est reporté au 27 juin 2008, et Mugabe par les médias sous son contrôle :
« Promet un repas à ceux qui voteront pour lui ! »

L’assiette et la fillette : elle vient à l’école de la Mission. Au milieu du jour elle reçoit une assiette de nourriture (de survie) comme les autres enfants. Elle ne mange pas. Ma consœur lui demande pourquoi elle ne mange pas. La fillette : « Ma Maman m’a dit de rapporter ça à la maison pour ma petite sœur ». Elle ajoute : « C’est incroyable de voir des petits enfants prendre soins de leurs parents sidéens dans les abris d’à côté… »

Et ma consœur de poursuivre : « Il est totalement surprenant de voir le courage du peuple Zimbabwéen en cette période de crise aiguë. La joie et l’espérance suintent à travers la souffrance et les larmes. C’est héroïque. Les pauvres gardent leur foi en Dieu, une foi invincible qui les sauve du désespoir et, plus étonnant encore, les rend optimistes….Entre temps nous continuons « d’élever la voix là où les droits humains sont méprisés, où la vie des gens est menacée ». Nous trouvons la force de nos actions dans la prière, et nous agissons avec les moyens dont nous disposons » (ma traduction d’une lettre récente du Zimbabwe via l’Afrique du Sud).

Doris Lessing (dans son discours au reçu du prix Nobel de littérature) dit : « Au Zimbabwe – qu’elle visitait il y a quelques années – elle a vu des enfants avides d’un morceau de pain, d’un peu d’eau potable mais aussi elle a senti une faim encore plus aiguë de livres ! Plus rien pour nourrir l’esprit, à quoi bon le corps ? … » (Je cite de mémoire) Le taux d’alphabétisation en 2003 : 90,07% grâce à une approche holistique de l’éducation.




Avec les racines, la base, nous gardons le cap sur la vie qui surgit de l’expérience de mort que nous vivons. C’est Jésus aujourd’hui.



mercredi, mai 28, 2008
 
Zimbabwe – Afrique du Sud en 2008



«Tu ne veux pas t’exprimer au sujet du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud ? » me demande-t-on ces derniers temps. J’hésite.

Dans le Quotidien 24 Heures, aujourd’hui, 27 mai 2008, Claude Monnier écrit : « Tragédies non-stop,
nerfs à vifs », il poursuit : « Nous vivons désormais toutes les tragédies du monde en direct, minute par minute. Elles nous hantent. Impossible d’y échapper. » Cette réflexion est apte pour ce qui concerne l’actualité de l’Afrique australe, me semble-t-il. Comment survivre ?

Bien sûr que l’Afrique du Sud est mon pays et que les gens pris dans la tourmente, mes consœurs, d’innombrables amis de longue date, me concerne directement. Mais, comme je le comprends, la réalité
du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud aujourd’hui, ne peut être simplement rapportée par les médias hors
du contexte historique qui a marqué, pour le meilleur et pour le pire, ces peuples, ces nations émergentes.
Ce serait superficiel et injuste.

Question : est-ce que les années d’exploitation, de domination par les pays envahisseurs justifient les horreurs du présent ? Est-ce qu’elles éclairent un tant soit peu cette cruelle réalité? L’indépendance et la libération, c’est quoi dans les structures verrouillées d’une globalisation dictée par les G8 et le reste ?
Quelles sont les conséquences de la globalisation pour les gens de la base sans formation, sans travail,
sans terre et sans aucun intérêt aux yeux des dirigeants !

Pour ce qui concerne les deux petits chefs mous et corrompus que sont Mugabe et Mbeki, n’y a-t-il pas autour d’eux, et bien au-delà des nouveaux potentats africains du continent (et tous ne sont pas corrompus, tous ne sont pas des dictateurs) des nouveaux maîtres : chinois, russes, libyens, japonais avec, dans le coulisses peut-être, américains et anglais qui tirent des ficelles invisibles et efficaces ?

Du sommet d’une pyramide, de la cime d’un arbre, marchant sur les tapis rouges, sait-on seulement
que la base existe, que les racines et les dessous des tapis existent ? A long terme, lequel, du haut
ou du bas a une chance de survivre et, finalement de vivre heureux au Zimbabwe et en Afrique du Sud ?

Les dessous du tapis rouge, les racines d’où monte la sève, la base sur laquelle la pyramide repose…
J’y reviendrai demain !



vendredi, mai 23, 2008
 
De Londres avec Doris Lessing au Jura : on garde le Cap !

Fête Dieu : férié ou pas férié…



Quelle audace direz-vous ! D’accord ! Pourtant voilà, la pensée de Lessing me conforte et me réconforte et voilà pourquoi je reviens toujours à sa plume pour me faire plaisir, trouver un soutien, une critique, une espérance, un repère de cette grande dame du Peuple qui ne change pas de Cap.

Aujourd’hui, ce 22 mai 2008, de 9h00 ce matin à 9h00 ce soir, grâce à Brunella mon amie, j’ai fait un pèlerinage au Jura. En voiture alors qu’augmente la benzine au litre !
De la Gruyère en passant à côté de Fribourg la catholique-férié, à Berne la non-catholique-au travail, en traversant Bienne, Moutier, Jura-sud non-catholique-au travail, sans manquer Reconvilier et La Boillat dont nous longeons les murs !!! en traversant la frontière inexistante à Moutier pour entrer dans mon Jura natal nord catholique-férié…là ! Tout ça, d’abord, parce que c’est la Fête Dieu.

La Fête Dieu, la fête du Bon Dieu donc, cela fait partie d’une tradition : le prêtre, quand il est là, promène Dieu sécurisé dans une monstrance dorée - un peu comme le pape dans sa pape-mobile – il le promène dans les rues, il est accompagné de petites filles qui jettent des fleurs, des fanfares qui jouent…à Fribourg, sans oser l’affirmer, je crois bien que les autorités militaires sont de la partie. Au Jura, pas !

Dans les zones protestantes non fériées donc, les gens travaillent et le Bon Dieu se promènent incognito dans les salopettes des ouvriers et les tabliers des caissières de la Migros. Heureusement qu’il est vaste comme l’Univers notre Créateur adoré. Mais le voir fêté d’une manière un petit peu exclusive quand même ne me gêne pas trop. Au contraire, il connaît l’art de souffler où Il veut, de s’évader, Abba.

J’ai humé l’atmosphère de ces régions…Puis en dévalant ces gorges de Moutier vers Delémont, j’ai humé l’âme de mon pays natal. C’est quoi l’âme du Jura ? C’est comme une espèce de sève qui vous monte de la plante des pieds au cœur. Une douce ivresse… un peu d’ironie aussi à certains soubresauts de notre âme paysanne retrouvée, comme Hilaire Belloc le ressentait lors de son Pèlerinage à Rome lorsqu’il passait par Undervelier et avait l’affront de dire que mes grand-grand-grand-papas et mamans parlaient un allemand incompréhensible, leur front courbé sur une bêche, et labouraient un carré de terre dure en oubliant de le saluer…en anglais bien sûr ! “ The Path to Rome (1902) “.

L’âme jurassienne, c’est le cœur qui bat un peu plus fort, c’est cette tendresse rugueuse au fond des yeux des vieux amis que l’on retrouve. Des regards marqués par la vie ! Les naissances, les deuils.



L’âme jurassienne, Oh ! c’est la truite dans votre assiette, une truite au bleu s’il vous plaît et qui vous glisse voluptueusement…dans l’estomac ! Je n’en n’avais plus goûté depuis plus d’une année. L’âme jurassienne, c’est Chantal qui me dit : tu te souviens d’Emilie ? Elle a deux enfants. Elle fait encore de la politique. L’UDC, Oh ! la la !!! Mais on fait encore toujours partie d’Une Suisse sans Armée ! Et toi ? Moi ? Comment donc ! L’âme Jurassienne, elle passe entre les tombes où « l’herbe pousse plus drue sur les champs de bataille ».
Car notre âme jurassienne garde son ardeur je crois, je l’ai ressentie aujourd’hui, elle garde le Cap.
Le Cap vers un monde en construction. Les ouvriers, c’est nous.



mardi, mai 20, 2008
 
Doris Lessing V : celle qui garde le cap



Comment conclure, comment résumer les quelques textes parus sur mon blog au sujet de Doris Lessing.
Elle vit… elle est comme toujours solidaire, pleine de compassion envers celles et ceux qui souffrent de l’injustice structurelle, culturelle, sociale. Elle est implacablement transparente et lucide. Elle garde intact son idéal (pas une idéologie) d’une terre ou chacun est chez soi. Elle ne change pas de cap !

De Kermânchâh à Londres en passant par la Rhodésie (Zimbabwe), l’Afrique du sud d’où est sorti
son premier roman « Vaincue par la brousse », elle chemine en écrivant !
Elle respecte, mais refuse la protection et le style de vie de sa famille, des écoles catholiques pour élites.
Elle travaille pour pouvoir écrire ! Tôt elle réalise que les causes de la pauvreté des masses sont dans l’accumulation du capital par les pouvoirs et les dominations. Elle pense d’abord que le communisme
(Doris est née en 1919) vise « le plus grand bien pour le plus grand nombre ». Elle adhère pour un temps
au Parti pour le quitter quand elle réalise la perversion du système par un nouveau type de domination !
Mais elle reste fidèle à elle-même. Analyser, trouver les causes de l’injustice pour construire
des structures économiques qui permettent à tous de vivre.

« Doris Lessing se sent implicitement solidaire de Lui, Jésus, quand elle dit: « Toute ma vie,
je me suis sentie proche des gens qui avaient eu une enfance difficile, je les ai compris et parfois même
j’ai vécu avec eux » (Dans ma peau, p. 37), Doris raconte pourquoi elle ressent la souffrance des petits,
des pauvres : c’est parce que, dès sa naissance, elle a connu les multiples chemins à parcourir et le pénible cheminement. Elle parle d’elle, mais selon moi, son autobiographie est une autobiographie inclusive
de tous, exclusive de personne. C’est lutter pour la survie. Pour vivre... » (mon blog 10.03.08)

Toute personne paye le prix de son engagement : elle sera surveillée, expulsée, enviée, haïe, soupçonnée.
Son regard s’aiguise. Elle mûrit. Elle réalise que la nature de l’homme est fondamentalement égoïste et que des nations devenues libres et indépendantes se retrouvent sous le joug de chefs pires que ceux qu’ils ont combattus. L’exemple du Zimbabwe est clair. Aujourd’hui.
Doris se méfie des idéologies, des étiquettes, de l’opinion publique si souvent superficielle.
Les échecs ne justifient pas l’abandon de la solidarité ni de la lutte contre les injustices récurrentes.
Elle est fidèle à elle-même, Doris. Elle « s’enfante elle-même » comme elle dit. Et « Nous savons que,
jusqu'à ce jour, la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement. »
(Saint Paul aux Romains : chapitre 8 : 19-27) .
Quoi de plus actuel ? Quoi de plus proche de nous ?

Le temps passe, nous disparaissons en laissant des traces, peut-être, pour celles et ceux qui continuent
leur « long chemin vers la Liberté » (Nelson Mandela). Ils sont nombreux, souvent dans l’ombre,
en prison, en exil, ou en marge de leur groupe humain, voire chrétien.

Lundi passé, lundi de Pentecôte, le 12 mai 2008, dans une interview accordée à la BBC, elle dit : « …aujourd'hui, la source s'est tarie et elle a de plus en plus de mal à écrire: "Ca s'est arrêté,
je n'ai plus aucune énergie", dit-elle. "C'est pourquoi je dis à tous ceux qui sont plus jeunes que moi,
ne vous imaginez que ça durera toujours. Servez-vous en tant que vous l'avez, parce que ça s'en ira,
ça glisse comme de l'eau par un trou d'écoulement » (NOUVELOBS.COM | 12.05.2008 | 12:06).
A 88 ans, elle ne parvient plus à écrire. Pourtant elle continue de « scruter une civilisation divisée,
avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire » (Jurés du prix Nobel 2007).

« Garder le Cap sur l’homme debout ». C’est tout Doris Lessing ! Merci.



vendredi, mai 16, 2008
 


De retour : Bulle en gruyère, Menzingen canton de Zoug… Bulle… aller-retour

Une semaine à l’écart, au désert
Etre
Respirer

Percevoir que « je suis »
Une goutte d’eau dans l’océan
Un grain de sable dans le désert

Qui suis-je hors de l’océan ? L’océan sans la goutte ?
Qui suis-je hors du désert ? Le désert sans le grain de sable ?
C’est néant

L’océan et la goutte
Le désert et le grain de sable

C’est la VIE

C’est toi : le fleuve humain qui traverse la planète
dès le « big bang » oui !

Et jusque hors espace temps !


ETRE



jeudi, mai 15, 2008
 
L’Esprit de Jésus en direct




Ce week-end de la Pentecôte sera ensoleillé. Tout le monde l’espère. Moi aussi.
Le lundi de Pentecôte sera jour férié comme on dit. On fera la fête autour d’un pique-nique à Ouchy, en Gruyère, sur les bords du Doubs. La brise, le vent, le souffle s’amuseront dans notre chevelure et soulèveront les robes des petites filles pour la rigolade des petits garçons? Dans les églises, il y aura des liturgies élaborées et des confirmations.

Quand j’avais 9 ans, à la collégiale de Saint-Ursanne, j’ai été confirmée. J’avais une belle robe verte et ma marraine s’appelait Manette. L’évêque du diocèse, von Streng (quel nom sévère) s’était fait remplacer par un missionnaire en congé qui venait d’Algérie, un évêque aussi. A la place d’un couvre-chef pyramidal, il avait un bonnet rouge qui ressemblait à un pot de fleurs renversé, comme les Arabes que j’avais vus sur des images. Il avait une longue robe blanche. Ma curiosité questionnait: il vient d’où, il fait quoi? Avec qui?
C’était un Père Blanc, du Cardinal Lavigerie, qui prêchait la Bonne Nouvelle aux païens, comme à nous, en nous donnant l’Esprit saint, avec une onction, une petite gifle, et la main de la marraine sur l’épaule gauche, ou droite.

Je ne sais si c’était l’Esprit saint, mais dès ce jour-là, ou presque, j’ai toujours eu des mauvaises notes de discipline à l’école. Notre cher régent était gêné, mes parents fâchés pour un jour ou deux et moi dépitée? est-ce que la discipline rime avec le vent de l’Esprit saint qui souffle où il veut alors qu’on ne sait même d’où il vient?

Quoi qu’il en soit, j’adore le vent, la tempête, la brise, l’oxygène, le souffle sensuel de la nature, de la brousse, du Doubs, du Léman, oui, de la Gruyère? Tout cela afin que les gens qui naissent sans le demander aient le droit d’être heureux!

Jésus a dit:
"Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. "
(Actes 1/8) «L’Esprit qui vient des quatre vents!» (Ezéchiel 37: 9)

Je ressens l’Esprit de Jésus comme une énergie qui m’attire et me pousse en traversant la planète, en essayant de faire ce qui est bien. Cela peut être si simple, c’est lui qui est là comme un chant dans un roseau! Dans les roseaux!
J’ai demandé conseil à un sage, qui est un ami, au sujet de la «pentecôte».

Il a dit: «J’aime tant Jésus, et c’est réciproque, que ces festivités programmées dans un calendrier sont inutiles pour moi».

Comme mon frère Jean avait répondu quand on lui avait offert une hostie «consacrée»:
«Non merci, c’est pas la peine, Il est là».

Jésus peut disparaître (Ascension dit-on) «s’en aller» puisqu’il est en nous. Il est là. Pas en boîte, ni en dogmes, pas pour être exhibé? Mais pour «porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté?» (Luc 4,18).

C'est vrai que la fête de Pentecôte, selon le calendrier, est passée, mais l'Esprit souffle toujours en direct...